Une sexagénaire et son fils de 33 ans ont été sauvagement pris à partie par une meute d’agresseurs vraisemblablement engagés dans une expédition punitive.
Les faits se sont déroulés dans la soirée du samedi 8 août à Châteaubriant, une commune d’environ 12 000 habitants située à près de 70 kilomètres au nord de Nantes.
Entre 22 et 23 h, Nadine Rémy et son fils Gildas, qui résident dans un pavillon du quartier de la Borderie, ont été violemment pris à partie par plusieurs individus qui ont fait irruption dans leur maison.
Les agresseurs – « une soixantaine d’individus de tous âges » selon les victimes – ont bousculé Mme Rémy, âgée de 62 ans, et ont roué de coups son fils, âgé de 33 ans. Leur habitation a également été saccagée.
« On m’a aussi volé mon portefeuille et mon téléphone portable », affirme Gildas Rémy dans les colonnes de L’Éclaireur de Châteaubriant.
Le trentenaire et sa mère se sont vu délivrer « 7 jours d’ITT ». D’après le jeune homme, l’agression aurait eu lieu à la suite d’une première altercation avec un groupe de jeunes survenue un peu plus tôt dans la soirée.
Après avoir dîné avec Mme Rémy, Gildas et un de ses collègues routier sont partis se promener du côté des étangs de Choiseul, proches du domicile de la sexagénaire.
« On s’était assis sur un banc et tout à coup, un petit groupe de 7 ou 8 jeunes est passé devant nous. Ils avaient l’air ivres et ils faisaient beaucoup de bruit », raconte Gildas Rémy.
« Je leur ai demandé poliment de baisser d’un ton en leur expliquant que c’était un quartier calme. Ils se sont tout de suite mis à nous insulter et à nous menacer. Ils disaient : ‘On est de la Ville aux roses, c’est nous qui faisons la loi !’ L’un d’eux m’a dit : ‘J’ai un 9 mm. Je vais prévenir mes parents et ils vont venir te casser la gueule !’ » poursuit le trentenaire.
Un véritable déchaînement de violence
Afin d’éviter que les choses tournent au vinaigre, le jeune homme décide de rebrousser chemin. Son collègue en revanche prend le parti de rester et de faire face aux racailles.
« […] Je sais que des coups ont été échangés. Il est ensuite rentré chez nous avec le visage en sang », confie Gildas Rémy.
Craignant des représailles, le jeune homme prévient sa mère et ils décident alors tous les deux de sortir « fermer la voiture et les portes » par précaution.
« Mais tout à coup, ils nous sont tombés dessus ! Il y en avait de partout et de tous les âges : des jeunes, mais aussi des adultes de 40 ou 50 ans au moins ! » précise M. Rémy.
Son collègue se précipite à l’intérieur de la maison et ferme la porte à clef, alors que Gildas Rémy et sa mère se trouvent toujours dehors, aux prises avec leurs agresseurs.
Coincé près de son véhicule, le trentenaire essuie une pluie de coups de la part du groupe de malfrats : « Ça a duré environ 10 minutes. Ils m’ont cassé des dents et le nez. Il reste même du sang encore sur la portière de ma voiture et ailleurs. »
Le pavillon des victimes ravagé
Déchaînée, la horde sauvage pénètre par effraction dans le pavillon des victimes, forçant les portes d’entrée. « Il y en a même qui sont entrés par la fenêtre de l’étage ! » indique Nadine Rémy.
Une fois à l’intérieur, les vandales détruisent tout ce qu’ils peuvent. Les voisins des Rémy finissent par prévenir les secours.
« Les pompiers sont arrivés les premiers mais se sont garés à l’autre bout de la rue, pour éviter de se faire caillasser », précise Gildas Rémy. Les gendarmes interviennent dans la foulée et leur présence permet de disperser la meute.
Mais le calvaire des deux Castelbriantais ne s’arrête pourtant pas là. Alors que Gildas Rémy vient d’être transporté à l’hôpital de la commune, plusieurs de ses agresseurs décident de se regrouper devant l’établissement.
« Leur chef est rentré dans la salle d’attente – sans masque – et a ouvert plusieurs portes pour essayer de trouver mon fils. Les gens de l’hôpital nous ont finalement fait sortir par les sous-sols, pour éviter qu’on tombe sur ceux qui attendaient à l’extérieur », raconte Nadine Rémy.
Joint par la rédaction de L’Éclaireur de Châteaubriant, l’hôpital n’a pas souhaité s’exprimer sur cette affaire.
Le maire promet une réponse ferme
Extrêmement choqués par le déferlement de violence dont ils ont fait l’objet, Mme Rémy et son fils ont déposé plainte et alerté les services de la mairie ce lundi. Ils espèrent désormais que les autorités ne laisseront pas leurs agresseurs « s’en tirer comme ça ».
« On n’est vraiment pas habitués à ça. Les gendarmes nous ont demandé si on connaissait les agresseurs, en pensant à un règlement de comptes. Mais on ne connaît personne, ici : on n’est arrivé dans cette maison qu’en novembre dernier. Avant, on a habité quelque temps à Erbray et avant cela, on venait de Pénestin. Je commençais enfin à me poser, après la mort de mon mari et un cancer, dont je suis en rémission… J’étais bien ici, dans un quartier calme, avec des voisins charmants. Mais maintenant, je ne me sens plus en sécurité », soupire Nadine Rémy.
Dans l’après-midi du lundi 10 août Alain Hunault, le maire de Châteaubriant, s’est rendu au domicile des Rémy afin de recueillir leur version des faits.
« Je ne voudrais pas être à la place des auteurs des faits. Le sous-préfet est d’accord avec moi pour dire que cela ne doit pas se renouveler et que les victimes doivent obtenir réparation », a expliqué l’édile aux journalistes de L’Éclaireur de Châteaubriant.
D’après le premier magistrat de la ville, qui insiste sur le sentiment d’impunité dont se prévalent désormais bon nombre de malfrats, certains des agresseurs de la sexagénaire et de son fils seraient sur le point d’être identifiés par les forces de l’ordre. « On ne va pas rester sans réagir », conclut M. Hunault.
Les gendarmes castelbriantais restent mesurés
Interrogée par l’hebdomadaire local, la gendarmerie de Châteaubriant a donné quelques éléments à propos des faits survenus dans la soirée du 8 août.
« Ce serait le collègue du Castelbriantais qui aurait agressé les jeunes et ceux-ci seraient ensuite revenus avec leurs ‘grands frères’ C’est leur façon de procéder », a déclaré Bruno Perochaud, qui commande la compagnie de gendarmerie de Châteaubriant.
Selon le gradé, la horde ayant déferlé sur le pavillon des Rémy ne serait sans doute pas aussi nombreuse que ce que les victimes ont avancé. « Peut-être plus une vingtaine qu’une soixantaine » d’individus, observe B. Perochaud.
Quant au rassemblement des malfrats devant l’hôpital de Châteaubriant, le responsable de la compagnie de gendarmerie a également tenu à nuancer les déclarations de Mme Rémy.
« Ils se regroupent souvent ainsi près de l’hôpital quand l’un des leurs y est amené. Or, il semble qu’au moins l’un des jeunes du début, ayant subi des coups, était encore à l’intérieur à ce moment-là », conclut Bruno Perochaud.
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