Dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin, le centre-ville de Montargis (Loiret) a été le théâtre d’une violence inouïe. Benoît Digeon, le maire LR de cette cité de 15.000 habitants d’ordinaire tranquille, est abasourdi. L’élu pointe un manque cruel d’effectifs du côté des forces de l’ordre.
Les émeutiers encagoulés qui ont attaqué la ville de Montargis dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, s’en sont donné à cœur joie. Face aux pillages de boutiques, incendies de voitures et de commerces, les forces de l’ordre ont fini par laisser faire les auteurs, jusqu’à ce qu’ils aient terminé leurs méfaits, rapporte Le Point. La raison : des agents en nombre insuffisant.
« Notre ville a été abandonnée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin »
C’est la première fois que les habitants de la « Venise du Gâtinais » sont face à une telle violence. « Environ 300 émeutiers ont saccagé le quartier et mis le feu à une quinzaine de véhicules », explique à nos confrères Viviane Malet, la présidente de l’Union des commerçants de Montargis, qui a été prévenue vers 23 heures ce 29 juin.
Parmi les quatre boutiques de vêtements et de lingerie qu’elle et son mari gèrent, trois ont été vandalisées. Cette nuit-là, lorsque le couple est arrivé rue Dorée, le mal était fait. Le propriétaire de la pharmacie Mirabeau, qui est située à l’angle de la rue du général Leclerc et de la rue Dorée, a quant à lui « tout perdu », déplore Benoît Digeon. Et pour couronner le tout, dix bâtiments menacent de s’effondrer, précise-t-il.
« Environ 300 émeutiers ont saccagé le centre-ville »
Jamais #Montargis n’avait connu pareille violence. Après les incendies et pillages, les habitants pansent leurs plaies.
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Les 35 policiers et gendarmes mobilisés n’ont pas pu maîtriser les émeutiers. Par conséquent, ils ont dû les laisser commettre leurs exactions avant d’intervenir. C’est seulement une fois partis, c’est-à-dire aux environs de 3 heures du matin, qu’ils ont pu le faire. Le maire considère que sa ville « a été abandonnée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ». « Notre commissariat doit compter 120 agents, mais ça fait trois ans qu’on en a seulement 90. Quant aux officiers de police judiciaire, ils ne sont pas remplacés par d’autres officiers quand ils partent à la retraite, si bien que les jeunes qui sont arrêtés avec de la drogue sur eux ne sont jamais amenés devant un juge », explique-t-il encore à nos confrères, soulignant que le commissariat le plus proche est à Nevers.
Le maire pointe « la dimension ludique » de ces violences
Benoît Digeon, qui a analysé ces événements dans les colonnes du Pèlerin, pointe des « bandes très mobiles, insaisissables », qui « disparaissaient puis réapparaissaient ». En comparaison, les débordements commis en 2005 n’ont « jamais atteint une telle extrémité », la principale différence résidant dans « la dimension ludique » des récentes violences.
« Dorénavant, il s’agit de s’amuser, le chaos devient une aire de jeux. Nous sommes face à une jeunesse très perturbée, qui se met en scène pour les réseaux sociaux, prend des poses devant ses méfaits avec une attitude chevaleresque. La société change. On retrouve des gamins de 12 ou 13 ans dehors en pleine nuit, on se demande ce que font les parents », s’est-il interrogé. Ces jeunes délinquants « reproduisent ce qu’ils voient en permanence sur leur téléphone : des flammes, des accidents, du vandalisme, qui deviennent la norme », a-t-il ajouté.
Réagissant à l’attaque du domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses, l’élu a déclaré au Pèlerin avoir lui aussi « subi des menaces il y a un mois », mais il estime qu’il ne faut pas se « laisser impressionner ». « On ne peut rien faire contre les fous, mais entre eux et mes administrés, j’ai choisi », a-t-il décrété, avant de conclure que « la seule solution passe par le retour de l’autorité », une « autorité naturelle », c’est-à-dire « le respect de l’autre et de la société ».
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