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Loiret : suspectés ou atteints de coronavirus, des soignants seraient obligés de retourner travailler

mars 31, 2020 18:58, Last Updated: mars 31, 2020 18:58
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L’Agence Régionale de la Santé (ARS) se dit ferme dans son discours de lutte contre le coronavirus. Elle stipule que si une personne est testée positive au virus, elle doit obligatoirement rester chez elle. Le ministère des solidarités et de la santé va dans le même sens que l’ARS. Pourtant, de nombreux soignants racontent une toute autre version. C’est notamment le cas de plusieurs établissements du Loiret, ainsi que le relate France 3 Val de Loire.

Une infirmière ayant effectué une vacation au Centre hospitalier régional d’Orléans (CHRO) pour renforcer l’équipe de soignants raconte : « J’ai appris que j’étais positive ce matin, c’est le labo du CHRO qui m’a appelée et qui m’a annoncé ça. » Malgré cela, cette infirmière précise qu’elle a dû retourner au travail car son médecin lui aurait dit : « Si vous n’avez pas de symptômes, vous pouvez continuer à travailler. C’est une consigne de l’ARS. »

Cette infirmière est donc retournée travailler, malgré tout. D’après elle, certaines de ses collègues – au moins cinq – seraient dans le même cas, porteurs du virus. Elle précise au journal : « Les premiers à avoir bossé du côté des résidents isolés ont été positifs très rapidement. Ils l’ont su via des tests qu’ils ont faits de manière individuelle. »

À l’Hôpital de Sully-sur-Loire, une aide-soignante, qui avait signalé à l’infirmière hygiéniste qu’elle avait les symptômes du Covid-19, a dû elle aussi continuer son travail durant trois jours supplémentaires, infectant peut-être d’autres personnes. Comme son état de santé s’est par la suite dégradé, elle a été testée positive au coronavirus et a ainsi obtenu un arrêt de travail.

COUVERTURE SPÉCIALE VIRUS DU PCC

Mais des cas comme ceux-ci sont-ils exceptionnels ?

L’ARS a reçu plusieurs signalements de ce type, selon les syndicats.

Sylvie Berthuit, secrétaire départementale CGT santé-action sociale du Loiret, confirme que « les gens qui sont testés positifs au COVID-19 dans les hôpitaux de la région, s’ils ne présentent pas de troubles ou de signes plus graves que d’être ‘un peu patraques’, on leur donne des masques et on leur demande d’aller bosser dans les services ». Elle précise par ailleurs être submergée d’alertes au coronavirus en provenance de différents hôpitaux, foyers ou EHPAD.

Christophe Lugnot, directeur de cabinet de l’ARS du Centre-Val de Loire s’insurge : « L’ARS n’a pas passé de consigne pour dire allez bosser ! Si des médecins disent que la consigne provient de l’ARS, ce n’est pas vrai. Que vous soyez testé positif ou pas par un médecin ou cliniquement, si vous avez des symptômes, vous n’allez pas travailler. »

Le ministère des Solidarités et de la Santé rappelle que « les recommandations de prise en charge sont identiques à la population générale : isolement, arrêt de travail et levée de l’isolement après critères de guérison ».

La directive de l’ARS est également explicite : « Conformément à la doctrine du national, quand une personne, et à fortiori un membre du personnel soignant, a des symptômes du COVID, elle ne va pas travailler parce que le risque c’est de contaminer d’autres personnes. »

Sylvie Berthuit estime donc que la responsabilité de ces « entorses » aux mesures sanitaires en vigueur est à mettre sur le compte des directeurs d’établissements. « Pour eux, tant qu’il n’y a pas un arrêt stricto-sensu d’un médecin, ils ne croient pas leur personnel, ils ne font pas les démarches de dépistage et ils continuent à obliger les gens à travailler. C’est un gros problème de santé publique tant pour la population que pour nos soignants. C’est une incurie sanitaire qui met la vie de nous tous en danger », se révolte-t-elle.

Face à cette problématique, elle souhaite réunir un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail extraordinaire et veut informer le Préfet de région afin de lui demander de « prendre la mesure de ce qu’il se passe dans les établissements, parce que c’est de sa responsabilité de faire respecter le droit du travail et le droit à s’arrêter pour les personnes malades ».

Patricia Sylvestre, secrétaire départementale de Sud santé-sociaux Loiret, considère que ce sont les médecines du travail qui n’ont pas de solutions idéales, alors « elles renvoient au travail parce qu’elles estiment que si demain, tout le monde rentre chez soi, qui va assurer les services ? »

Une problématique inextricable…

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