L’OMS poursuit ses efforts pour contrôler les politiques nationales de santé

Par Ella Kietlinska et Joshua Philipp
19 juin 2022 20:38 Mis à jour: 19 juin 2022 20:38

Bien que l’administration Biden n’ait pas réussi à donner à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le pouvoir d’imposer une urgence sanitaire à n’importe quel pays sans son consentement, les efforts visant à asseoir l’OMS via une réglementation excessive se poursuivent, constate Alex Newman, journaliste international, dans l’émission Crossroads d’EpochTV.

En janvier 2022, l’administration Biden a proposé 13 amendements au Règlement sanitaire international visant à donner au directeur général de l’OMS (Tedros Adhanom Ghebreyesus) le pouvoir unilatéral de déclarer une urgence de santé publique dans n’importe quel pays en se fondant sur les preuves de son choix.

Ces amendements conséquents sont examinés en ce moment même par l’Assemblée mondiale de la santé, l’organe décisionnel de l’OMS. Les délégations de tous les États membres se sont réunies fin mai pour en discuter. Mais leur adoption a été bloquée par l’opposition de certains gouvernements africains et sud-américains, notamment le gouvernement brésilien, précise M. Newman.

Selon les experts interrogés par M. Newman, ces amendements devraient être intégrés dans le traité international sur les pandémies que l’OMS et les États membres élaborent en ce moment même. Mais si cet effort n’aboutit pas, des amendements similaires seront à nouveau soumis en septembre, lorsque la prochaine série de modifications aux règlements de l’OMS devra être présentée.

Une première ébauche du traité sur les pandémies doit être finalisée d’ici le mois d’août, poursuit le journaliste.

Pour M. Newman, le point critique des amendements, s’ils sont adoptés, est que le directeur de l’OMS « n’aurait plus besoin du consentement des nations, ou des gouvernements visés, pour déclarer une pandémie ou une urgence sanitaire de portée internationale ».

« Il s’agit très clairement d’une attaque contre la souveraineté nationale des pays et la capacité des peuples à se gouverner eux-mêmes. »

Pour l’heure, selon le département d’État américain et l’OMS, les modifications approuvées par l’Assemblée mondiale de la santé sont : une réduction du délai entre de possibles amendements au règlement de deux à un an ; l’approbation de la création d’un nouveau groupe de travail chargé de rédiger et d’examiner les nouveaux amendements.

Ces deux changements seront donc examinés en priorité en novembre, lors de la prochaine assemblée de l’OMS, explique M. Newman. « Les médias [grand public] présentent cela comme une sorte d’étape préliminaire vers la réalisation de l’objectif final de l’administration Biden. »

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d’une conférence de presse au siège de l’OMS à Genève, le 3 juillet 2020. (Fabrice Coffrini/AFP via Getty Images)

Selon M. Newman, l’OMS est « extrêmement opaque ».

« Il est très, très difficile de savoir exactement ce qui s’est passé [pendant la dernière rencontre] », déplore-t-il. Pour obtenir des informations sur les conclusions de la dernière assemblée générale de l’OMS, il a dû contacter directement le département d’État américain et l’OMS.

« Le Dr Tedros et d’autres ont été très clairs quant à leur désir de voir l’Organisation mondiale de la santé disposer de nouveaux pouvoirs étendus. Ils veulent [que l’OMS] devienne le dispositif central en charge de coordonner toutes les questions de santé internationales. »

Ils sollicitent également « le droit de sanctionner les nations qui ne coopèrent pas avec le programme de l’OMS ».

Dans son discours d’ouverture au Conseil exécutif de l’OMS lors de la réunion du 24 janvier 2022, le Dr Tedros a exposé les cinq priorités de l’organisation pour les cinq prochaines années à venir.

« La cinquième priorité consiste à faire que l’OMS devienne de toute urgence l’autorité qui dirige et gère la santé mondiale, qui est au centre de toute l’architecture sanitaire mondiale. »

L’OMS a mandaté des experts indépendants pour créer un groupe de discussion appelé « Panel indépendant pour la préparation et la réponse aux pandémies ».

Le Panel indépendant est coprésidé par Helen Clark, ancien Première ministre de Nouvelle-Zélande, et Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia.

Le Panel sollicite de nouveaux pouvoirs étendus pour l’OMS.

« Ils veulent que l’OMS devienne indépendante politiquement et financièrement. C’est une autre façon de dire qu’ils ne veulent plus des gouvernements nationaux, ils ne veulent plus que les gouvernements puissent interférer dans leurs manœuvres. »

L’idée est de faire de l’OMS un ministère de la Santé planétaire, poursuit M. Newman.

D’autre part, le terme « crise de santé publique » a été élargi pour couvrir le racisme, le changement climatique et la violence armée.

« Si tout est une crise de santé publique et que l’OMS est le dispositif en charge de les traiter, alors à peu près tout relève de sa compétence. »

Traiter ces autres questions comme une crise de santé publique, c’est « ouvrir la porte à des contrôles draconiens sur essentiellement tous les domaines de la vie ».

L’opposition à la surenchère de l’OMS s’intensifie

Les médias évitent généralement de couvrir les réunions de l’OMS, donc très peu de personnes y prêtent l’attention qu’elles méritent. Cependant cette fois, note M. Newman, les amendements proposés ont rencontré une forte opposition en Amérique, au niveau des États et au niveau fédéral.

« De nombreux parlementaires et experts juridiques l’ont souligné : tout cela est inconstitutionnel. Ce n’est pas le rôle du gouvernement fédéral de gérer nos soins de santé ni de déterminer le type de politiques à mettre en œuvre sur la question. »

La Constitution énumère tous les pouvoirs législatifs qui sont réservés au Congrès, et les politiques de soins de santé n’en font pas partie, rappelle M. Newman. Le gouvernement fédéral ne dispose pas de ces pouvoirs, il n’a donc aucun droit de les déléguer à qui que ce soit, l’OMS ou autre.

Le Sénat du Kansas a récemment adopté une résolution qui « désapprouve fermement » les amendements aux règlements de l’OMS, indique M. Newman.

D’autre part, les parlementaires de l’État de Floride lui ont signalé vouloir promulguer une loi pour empêcher l’État et les gouvernements locaux d’appliquer les décrets ou les recommandations de l’OMS.

« Les amendements au Règlement sanitaire international de l’OMS proposés par l’administration Biden […] finiront par transmettre la souveraineté nationale et l’autorité des États-Unis à l’OMS et placeront notre nation démocratique sous le contrôle d’une organisation internationale non élue qui n’a absolument aucun compte à rendre à la population de ce pays », indique la résolution.

Le représentant Scott Perry (Parti républicain-Pennsylvanie), accompagné de membres du House Freedom Caucus, lors d’une conférence de presse sur le projet de loi sur les infrastructures devant le Capitole à Washington, le 23 août 2021. (Kevin Dietsch/Getty Images)

Au niveau fédéral, le House Freedom Caucus a envoyé une lettre au président Joe Biden pour l’exhorter à ne plus étendre les pouvoirs de l’OMS, et pour qu’il retire les États-Unis de l’organisation comme l’avait fait Donald Trump.

La lettre exige également qu’il fasse preuve de « transparence totale » vis-à-vis du peuple américain concernant les négociations autour du traité international sur les pandémies. Elle rappelle que, selon la Constitution, les traités internationaux doivent être approuvés au préalable par les deux tiers du Sénat.

Les sénateurs républicains Steve Daines du Montana et Tom Cotton de l’Arkansas lui ont envoyé une lettre similaire.

Le sénateur Rick Scott (Parti républicain-Floride) lors d’une conférence de presse au Capitole, à Washington, le 26 mai 2021. (Drew Angerer/Getty Images)

D’autre part, les républicains de la Chambre des représentants ont présenté un projet de loi parrainé par 58 représentants visant à stopper le financement de l’OMS et le sénateur Rick Scott (Parti républicain-Floride) a proposé une législation pour empêcher l’OMS de contrôler la politique de santé des États-Unis.

La mesure introduite par Rick Scott s’oppose également à toute modification de la charte de l’OMS à moins qu’elle ne soit adoptée par une résolution conjointe des deux chambres du Congrès.

« Le ‘traité sur les pandémies’ très ambitieux de l’OMS est un dangereux excès mondialiste », a déclaré M. Scott dans un communiqué. « Nous devons rapidement adopter ce projet de loi pour garantir que les questions de santé publique dans le pays restent entre les mains des Américains. » Il a également déclaré que l’OMS est contrôlée par le Parti communiste chinois.

Selon M. Newman, les partisans de l’octroi à l’OMS de pouvoirs supranationaux sur les politiques de santé essayent « d’avancer rapidement avec ce programme avant que l’opposition ne devienne massive ».

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