Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, déjà emprisonné et régulièrement puni dans sa colonie pénitentiaire, encourt une peine de plusieurs décennies de réclusion supplémentaires à l’issue d’un procès pour « extrémisme », attendue vendredi, en pleine répression en Russie.
Au 18e mois de l’offensive en Ukraine, la quasi totalité des opposants russes d’envergure ont été jetés en prison ou poussés à l’exil. Des milliers de Russes ordinaires ont aussi été poursuivis, notamment pour avoir dénoncé le conflit.
Dans cette nouvelle affaire, le Parquet a requis 20 ans d’emprisonnement pour cet opposant de longue date à Vladimir Poutine et infatigable militant anticorruption. Les audiences se déroulent à huis clos dans la colonie pénitentiaire IK-6 à Melekhovo, 250 kilomètres à l’est de Moscou, où le charismatique militant de 47 ans est détenu depuis janvier 2021 après avoir écopé de neuf ans de prison pour « fraude », autre affaire qu’il dénonce comme étant une vengeance politique.
« La guerre la plus stupide et la plus insensée du XXIe siècle »
M. Navalny, qui s’est notamment fait connaître par ses enquêtes sur la corruption au sein du système de Vladimir Poutine et en organisant des manifestations d’ampleur, est désormais accusé d’avoir créé une « organisation extrémiste ». Son organisation, le Fonds anti-corruption (FBK), a déjà été fermé en 2021 pour « extrémisme ».
Dans ses dernières déclarations en juillet, l’opposant avait une nouvelle fois dénoncé l’offensive russe en Ukraine, évoquant les « dizaines de milliers de morts dans la guerre la plus stupide et la plus insensée du XXIe siècle », selon des propos retransmis sur son compte Telegram par ses collaborateurs. « Tôt ou tard (la Russie) se relèvera. Et il dépend de nous de savoir sur quoi elle s’appuiera à l’avenir », ajoutait-il.
17 fois en cellule disciplinaire
M. Navalny, qui a survécu de peu en 2020 à un empoisonnement dont il accuse les services de sécurité russes sur ordre de M. Poutine, a été envoyé 17 fois en cellule disciplinaire, ses soutiens dénonçant un harcèlement carcéral. C’est d’ailleurs dans une telle cellule qu’il attend son verdict, ayant été une nouvelle fois puni pour s’être « mal présenté » à ses gardiens, a expliqué son avocat Vadim Kobzev sur X (ex-Twitter).
Les conditions de détention d’Alexeï Navalny pourraient encore s’aggraver : l’accusation a demandé que M. Navalny soit envoyé dans une « colonie à régime spécial », les prisons à la plus sinistre réputation en Russie, réservées d’ordinaire aux criminels les plus dangereux et les condamnés à la perpétuité.
Il risque la prison à vie
M. Navalny se dit également visé par une affaire de « terrorisme » dans une procédure séparée, pour laquelle il risque la prison à vie, mais peu de détails sont connus à ce stade. Depuis son emprisonnement, l’opposant continue périodiquement de publier des messages sur les réseaux sociaux par le biais de ses avocats et collaborateurs, manifestant un esprit combatif malgré les difficultés.
En juillet, il ironisait encore sur les nouvelles accusations portées contre lui, en publiant la copie d’un document présumé de l’accusation qui cite, entre autres, un message anti-Poutine dans l’adresse d’un portefeuille Bitcoin utilisé pour un don à son organisation en 2021. « Notre incroyable procès, rempli de preuves convaincantes de ma culpabilité (…) touche à sa fin », plaisantait l’opposant, qui a passé déjà trois anniversaires en prison.
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