Près de trois semaines après avoir été victime d’un empoisonnement selon Berlin, l’opposant russe Alexeï Navalny a été sorti du coma artificiel et son état de santé s’améliore, a annoncé lundi l’hôpital berlinois où il est soigné.
La bête noire du Kremlin, âgé de 44 ans, « réagit quand on lui parle » et va « par étapes » cesser d’être sous respirateur artificiel, a indiqué l’établissement de la Charité, l’un des plus réputés en Europe, dans un communiqué.
L’empoisonnement confirmé
Le gouvernement allemand a affirmé après analyse qu’il a été empoisonné avec un neurotoxique de type Novitchok le 20 août en Sibérie.
Mais malgré ces nouvelles encourageantes, ses médecins n’excluent pas qu’il porte des séquelles à long terme de ce « lourd empoisonnement » établi par un laboratoire militaire allemand et pour lequel Berlin et les autres pays occidentaux pointent du doigt les autorités russes.
Ils les ont d’ailleurs exhortées à fournir des explications, l’Allemagne fixant un ultimatum de quelques jours à Moscou pour « clarifier ce qui s’est passé », avant de possibles sanctions.
Demande des explications
Lundi le Kremlin a dénoncé les tentatives « absurdes » d’accuser la Russie. « Toute tentative d’associer la Russie de quelque manière que ce soit à ce qui s’est passé est inacceptable à nos yeux », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Selon le gouvernement allemand, M. Navalny a pourtant « sans équivoque » été empoisonné en Russie lors d’une tournée électorale par un agent neurotoxique de type Novitchok, une substance conçue à l’époque soviétique à des fins militaires.
Le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab a jugé ainsi « très difficile » de penser à une autre explication « plausible » que celle d’une « émanation de l’Etat russe ».
Les appels à sanctionner la Russie
Dans ce contexte, les appels à sanctionner la Russie se multiplient en Occident. Et désormais des conséquences pour le projet de gazoduc Nord Stream 2 ne sont pas exclues si Moscou ne fournit pas les réponses attendues sur l’empoisonnement.
Les Russes assurent de son côté que Nord Stream 2 n’est pas menacé. « Nous voyons un grand potentiel pour le gaz naturel. Ce projet sera réalisé. Il y a certaines difficultés mais néanmoins, il continue », a souligné le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak, cité par les agences russes.
La question du gazoduc Nord Stream 2
Interrogé lundi sur le fait de savoir si Angela Merkel chercherait à épargner le gazoduc Nord Stream 2 en cas de sanctions contre Moscou dans cette affaire, le porte-parole du gouvernement allemand Steffen Seibert a pour sa part répondu: « La chancelière considère qu’il serait erroné de l’exclure dès le départ ».
Le chef de la diplomatie allemande avait déjà lancé une mise en garde semblable la veille.
Censé approvisionner l’Allemagne et l’Europe en gaz russe, ce projet phare entre la Russie et l’Europe a jusqu’ici été très cher à l’Allemagne, eu égard aux intérêts économiques et énergétiques majeurs en jeu: plus d’une centaine d’entreprises européennes, allemandes pour la moitié, y sont associées.
L’enquête réclamée par la Russie
La Russie, qui rejette toute implication, a de son côté reproché à Berlin « de retarder le processus de l’enquête qu’elle réclame » en ne transmettant pas les pièces du dossier aux autorités russes.
Selon M. Peskov, Moscou n’a pas encore reçu ces éléments mais s’attend à ce que l’Allemagne fournisse toutes les informations nécessaires à la Russie « dans les prochains jours ». « Nous les attendons avec impatience », a-t-il ajouté.
Alexeï Navalny, connu pour ses enquêtes anti-corruption visant l’élite politique russe, s’est trouvé mal le 20 août et a été hospitalisé en urgence à Omsk en Sibérie, avant d’être évacué vers Berlin à l’issue d’un bras de fer entre son entourage et les médecins russes.
L’agent neurotoxique Novitchok avait déjà été utilisé contre l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia en 2018 en Angleterre. Selon les autorités britanniques, le GRU, le renseignement militaire russe, était le principal suspect.
Cette affaire avait déjà entraîné des sanctions contre la Russie, qui avait nié toute implication.
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