Adhésion de l’Ukraine, succession de Jens Stoltenberg et dépenses militaires : les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan vont tenter jeudi à Oslo de trouver des compromis sur ces trois épineux dossiers à l’agenda du sommet de Vilnius en juillet.
Les discussions vont essentiellement porter sur les garanties de sécurité pour accompagner l’Ukraine sur le chemin de l’adhésion et éviter un nouveau conflit avec la Russie. « Nous devons veiller à ce que l’histoire ne se répète pas », a déclaré le secrétaire général de l’alliance, Jens Stoltenberg, à l’ouverture de la réunion d’Oslo. « C’est pourquoi nous devons mettre en place des cadres pour fournir à l’Ukraine des garanties de sécurité après la fin de la guerre », a-t-il souligné.
Des « garanties de sécurité tangibles et crédibles » pour l’Ukraine
Le président français Emmanuel Macron a demandé mercredi des « garanties de sécurité tangibles et crédibles ». La position des États-Unis sera capitale. Washington refuse pour l’heure que l’Otan accorde de telles garanties de sécurité à l’Ukraine, a expliqué à l’AFP un ministre sous couvert de l’anonymat.
De telles garanties, qui consistent à afficher officiellement le soutien à un pays en cas d’agression, ont été récemment offertes par plusieurs pays de l’Alliance à la Suède, dont l’adhésion est bloquée par la Turquie et la Hongrie. Après la réélection du président turc Recep Tayyip Erdogan opposé à l’adhésion suédoise, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a annoncé jeudi qu’il se rendrait prochainement à Ankara pour tenter de lever les derniers obstacles à l’adhésion suédoise.
Mais c’est un élargissement plus vaste à l’est, avec l’intégration de Kiev, qui divise plus profondément les alliés. Pour protéger l’Ukraine, Emmanuel Macron a évoqué la promesse de protection fournie à Israël par les États-Unis. « Nous devons voir ce que nos pays peuvent offrir, pas forcément dans le cadre de l’Otan », a expliqué à Oslo la ministre française Catherine Colonna. « La réflexion est en cours », a-t-elle précisé. « Il est important que l’Ukraine puisse avoir accès aux équipements militaires, aux formations, mais aussi à l’appui financier. Il doit s’agir de garanties concrètes », a insisté son homologue canadienne Melanie Joly.
« Ce serait la guerre entre l’Otan et la Russie »
Les risques sont grands. « L’Otan va avoir 75 ans et jamais un pays en conflit armé n’a adhéré, car il pourrait déclencher l’article 5 le jour de son entrée et dans le cas de l’Ukraine, ce serait la guerre entre l’Otan et la Russie », a fait valoir le ministre luxembourgeois Jean Asselborn. Sans consensus, il n’y aura pas de décision, a rappelé le patron de l’Otan. Or, à un mois de la réunion, aucun point n’est tranché. Les dirigeants lituaniens, hôtes du sommet de Vilnius, s’en inquiètent et disent redouter un échec, ce qui agace.
« Un chemin avec des étapes et des progressions »
Les attentes de Kiev sont énormes. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky souhaite « un message très clair » indiquant que l’Ukraine rejoindra l’Alliance « après la guerre ». « À Vilnius, il n’y a aura sans doute pas de date ni de calendrier pour l’adhésion car beaucoup de choses restent à trancher. Il s’agit d’un chemin avec des étapes et des progressions », a souligné Catherine Colonna.
Jens Stoltenberg refuse, lui, de s’avancer. « Personne n’est en mesure de vous dire exactement quelle sera la décision finale au sommet de Vilnius sur cette question », a-t-il déclaré. Nommé en 2014, le Norvégien, âgé de 64 ans, arrive au terme de son mandat, déjà prolongé trois fois dont à nouveau l’an dernier après l’invasion russe de l’Ukraine. Son successeur devrait être un Européen. Les pays membres de l’Union européenne souhaiteraient la nomination d’une femme issue de leurs rangs.
Le dernier mot pour le président américain
Le président américain Joe Biden, qui aura le dernier mot, doit recevoir le 5 juin la Première ministre danoise Mette Frederiksen, candidate potentielle. « Le choix se fait toujours à la dernière minute et la reconduction de Jens Stoltenberg est toujours sur la table », confient des diplomates de l’alliance.
L’intéressé, lui, répète vouloir se retirer. Les dépenses militaires de son pays sont un critère de sélection pour la ou le futur nouveau patron. Les alliés se sont engagés à leur consacrer 2% de leur PIB en 2024 et le projet est d’en faire un minimum. Or sept pays seulement, dont les États-Unis, ont atteint l’objectif. Le Danemark de Mme Frederiksen, qui à 1,4% actuellement est loin d’avoir rempli sa part de l’effort demandé, a opportunément annoncé cette semaine un triplement de ses dépenses militaires d’ici 2033.
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