L’OTAN s’en prend à la Chine

Par John Mills
5 août 2024 16:02 Mis à jour: 5 août 2024 16:02

Lors du sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Washington le 10 juillet, les États membres se sont engagés de manière irréversible dans le combat contre l’aventurisme de la Chine dans différentes régions du monde en identifiant Pékin comme le soutien de la Russie dans la guerre que cette dernière mène en Ukraine.

Il s’agit d’une décision extraordinaire de la part de l’OTAN qui, jusqu’à présent, était réservée sur les questions relatives à la Chine. En même temps, l’Alliance atlantique ne s’impliquait généralement pas dans des actions en dehors de la région européenne immédiate, à quelques exceptions près – telles que l’implication en Afghanistan qui s’est faite sous mandat de l’ONU – et ce, sans nécessairement invoquer l’article 5 du traité de l’OTAN qui prévoit une riposte collective à l’agression contre l’un de ses membres.

Dans la section 26 du communiqué du 10 juillet, l’OTAN a clairement exprimé son point de vue sur la Chine : « La République populaire de Chine (RPC) joue désormais un rôle déterminant dans la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine au travers de son partenariat dit ‘sans limites’ et du large soutien qu’elle apporte à la base industrielle de défense russe, ce qui accroît la menace que la Russie représente pour ses voisins et pour la sécurité euro-atlantique. »

L’OTAN a établi une ligne rouge et il n’y a plus guère d’ambiguïté sur le fait que l’Alliance considère la Chine comme l’instigatrice des tensions et des conflits dans le monde.

La Chine est identifiée comme la raison pour laquelle la Russie tient toujours debout

L’OTAN s’en est prise à la Chine et a précisé dans son communiqué :

« Nous appelons la RPC, qui, en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a une responsabilité particulière pour ce qui est de faire respecter les buts et les principes de la Charte des Nations Unies, à cesser de soutenir matériellement et politiquement l’effort de guerre russe, et notamment à cesser de transférer des biens à double usage, tels que des composants d’armes, des équipements et des matières premières, qui sont ensuite utilisés par le secteur de la défense russe. La RPC ne peut rendre possible la poursuite de la plus grande guerre que l’Europe ait connue dans son histoire récente sans que cela nuise à ses intérêts et à sa réputation. »

Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a réagi en qualifiant les déclarations de l’OTAN d’« accusations sans fondement ». Il a mis en garde l’OTAN contre la création de tensions avec Pékin.

En réalité, la Chine est le plus grand fabricant de munitions d’artillerie de 152 et 122 mm, de munitions pour mitrailleuses 7,62×39, de drones, de pièces détachées pour tous les avions russes, de missiles et d’autres matériels de guerre vitaux dont la Russie a besoin pour poursuivre sa guerre en Ukraine. Personne d’autre ne fabrique un bon nombre d’équipements, de composants et de munitions dont la Russie a besoin.

Le soutien apporté par la Chine à la Russie a été immense, a souligné la directrice du renseignement national américain Avril Haines.

L’Iran et la Corée du Nord font partie des fournisseurs de produits industriels de défense et apportent un soutien considérable à Moscou, notamment en permettant à la Chine de feindre la non-implication dans la guerre en Ukraine. Cependant, les machines-outils, les ressources de production et les compétences sont fournies à ces « colonies » chinoises par des conseillers chinois.

Des navires de guerre chinois au large de l’Alaska ; Pékin envoie ses troupes en Europe

La déclaration de l’OTAN était fondée sur la crainte que le régime chinois ne s’implique directement dans les affaires des pays membres de l’OTAN. Pékin n’a pas tardé à renforcer cette perception par deux actions provocatrices.

Presque immédiatement après la publication de la déclaration de l’OTAN sur la Chine, les forces navales de l’Armée populaire de libération (APL) chinoise ont effectué un « passage innocent » à travers la zone économique exclusive des États-Unis – la chaîne des îles Aléoutiennes. Quatre navires de l’APL ont traversé deux points de la chaîne avant de repartir.

Le « passage inoffensif » est défini par l’article 19 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer et est autorisé avec certaines restrictions. L’APL est, bien sûr, bien rusée. Toutefois, son « passage » fait penser à la section 2(d) du même article qui interdit le transit dans le but de propagande visant à nuire à la défense ou à la sécurité de l’État côtier.

À la mi-juillet, dans l’une des premières démonstrations de la puissance militaire chinoise directement en Europe et dans la zone immédiate de la guerre en Ukraine, la Chine a déployé ses troupes en Biélorussie dans le cadre des manœuvres conjointes baptisées « Eagle Assault 2024 ». La Biélorussie a été l’une des principales bases d’étape et d’opérations des forces russes menant la guerre en Ukraine. Elle constitue le point le plus proche de l’enclave de Kaliningrad (ex-Königsberg) sur la mer Baltique, annexée par l’Union soviétique après la seconde guerre et actuellement détenue par la Russie.

On craint que la Russie ne franchisse « l’endroit le plus dangereux de la planète » – le corridor de Suwalki – pour créer un pont terrestre à travers les territoires polonais et lituanien jusqu’à Kaliningrad. Cela déclencherait un vaste conflit dans toute l’Europe. La présence du contingent chinois en Biélorussie portait un message stratégique. Il est possible qu’il ait été déployé pour montrer le soutien à une possible action militaire russe dans cette région.

Quatre pays du Pacifique se rapprochent de l’OTAN

L’un des résultats du sommet de l’OTAN a été l‘élévation de quatre pays au rang de pays partenaires. L’OTAN a annoncé un « dialogue politique et un engagement renforcés » avec l’Australie, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande. Cela ne signifie pas nécessairement que ces pays sont sur la voie de rejoindre l’OTAN en tant que partenaires à part entière, à l’instar de la Suède et de la Finlande. Cependant, le renforcement de leurs relations avec l’OTAN constitue un contre-message stratégique aux intentions du régime chinois. Les quatre pays ont publié un communiqué commun admonestant la Corée du Nord en raison de sa dépendance à l’égard de la Chine pour les machines-outils et les équipements industriels, mais il s’agissait en réalité d’une pique à l’encontre de Pékin.

« La Nouvelle-Zélande, le Japon, la République de Corée [Corée du Sud] et l’Australie condamnent fermement la coopération militaire illicite entre la Fédération de Russie et la République populaire démocratique de Corée [Corée du Nord], qui sape la paix et la stabilité dans la région indo-pacifique et en Europe », peut-on lire dans cette déclaration.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a posé un nouveau jalon contre le régime chinois en déclarant : « Nous devons collaborer encore plus étroitement pour préserver la paix et protéger l’ordre international fondé sur des règles […] Notre sécurité n’est pas régionale. Elle est mondiale. »

La détermination de l’OTAN à répondre à la stratégie mondiale maligne de l’État-parti chinois est désormais établie.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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