L’Ukraine a dit vendredi que les forces russes étaient en train de détruire la ville de Vovtchansk et qu’elles continuaient d’avancer dans la région du nord-est de Kharkiv, où Moscou a lancé un nouvel assaut d’ampleur le 10 mai.
Le président russe Vladimir Poutine a justifié vendredi cette offensive en affirmant répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et vouloir créer une zone tampon.
Mais l’Ukraine a encore lancé, selon Moscou, une centaine de drones d’attaques contre plusieurs régions russes et la péninsule ukrainienne occupée de Crimée, faisant deux morts et entraînant des coupures de courant et des incendies d’infrastructures.
Oleg Synegoubov, le gouverneur de la région de Kharkiv – la deuxième ville du pays – a indiqué lors d’un briefing que les forces ukrainiennes n’étaient pas parvenues jusqu’ici à arrêter l’adversaire. « L’ennemi a commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie. Ce n’est pas juste dangereux d’être là-bas, c’est pratiquement impossible », a-t-il dit.
« Une avancée de l’ennemi »
Quelque 200 civils restent sur place, d’après la même source, alors que la ville, située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale régionale Kharkiv (nord-est), comptait quelque 18 000 habitants avant-guerre. L’armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, à l’instar de Bakhmout l’an passé ou Avdiïvka en février.
Un peu plus l’ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d’assaut dans la région. Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, autre localité sur la route de Kharkiv. « Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l’ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir », a dit le gouverneur de la région de Kharkiv.
De son côté, l’armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de douze localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser. Au total, quelque 9300 civils ont été évacués dans la région de Kharkiv. Kiev accuse cependant Moscou d’utiliser des civils comme « boucliers humains » à Vovtchansk et d’avoir commis, au moins, une exécution sommaire.
La Russie a lancé le 10 mai une offensive surprise par le nord de l’Ukraine, étendant le front au moment même où l’Ukraine était sur la défensive dans l’Est et le Sud, sur fond de pénurie d’hommes et de munitions.
Kiev accélère la mobilisation militaire
Face à ses carences, Kiev a récemment voté une législation pour accélérer la mobilisation militaire. Vendredi, le président Volodymyr Zelensky a également signé une loi qui permet de recruter des détenus en échange d’une libération conditionnelle.
Mais avec des lignes défensives de plus en plus étendues, et des attaques russes au nord, à l’est et au sud, le risque d’une percée russe grandit. Moscou a donc engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l’AFP à partir de données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW).
Zone tampon
Le président Poutine a justifié vendredi l’attaque par la nécessité de créer une zone tampon pour empêcher les forces ukrainiennes de frapper la région voisine russe de Belgorod, alors même que Kiev bombarde le territoire russe en réponse aux attaques qui endeuillent l’Ukraine depuis plus de deux ans. Il a démenti viser « à l’heure actuelle » Kharkiv, deuxième ville du pays que l’armée russe avait échoué à conquérir en 2022. Vendredi après-midi, cette cité, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins un mort et quatre blessés, selon le maire.
Attaques de drones ukrainiens
Pour sa part, l’armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l’Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi. Le gouverneur de la région de Belgorod a fait état de la mort d’une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d’Oktiabrski.
Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des « infrastructures civiles » ont été touchées et pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.
En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une sous-station électrique a été endommagée, selon les autorités locales. Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.
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