En Ukraine, des enfants subiraient un «lavage de cerveau» mené par les occupants russes

Par Epoch Times avec AFP
20 juillet 2023 13:04 Mis à jour: 20 juillet 2023 13:04

Anna-Maria, une Ukrainienne de 6 ans, a vécu un an en zone occupée par la Russie. Là, elle a appris à nommer Vladimir Poutine « Oncle Vova » et cru qu’il était « le président du monde ».

Sa mère, Kateryna Skopina, lieutenant dans une unité médicale, avait dû confier la fillette à ses grands-parents paternels, quand elle et son mari, chauffeur dans un hôpital militaire, ont été capturés en mai 2022 par les forces russes dans la ville de Marioupol (sud-est de l’Ukraine).

Mais les grands-parents ont soutenu les occupants et gardé pendant un an Anna-Maria, dans un village à 60 km de Marioupol, en territoire tenu par les forces de Moscou.

La fillette est allée dans une école maternelle où « il y avait des programmes de lavage de cerveau », dénonce à l’AFP sa mère, installée à Ivano-Frankové (ouest), depuis sa libération en décembre lors d’un échange de prisonniers.

« Lors d’un appel téléphonique, elle m’a demandé qui était l’oncle Vova (abréviation de Vladimir) et pourquoi il était le président du monde entier », relate-t-elle.

1,5 million d’enfants seraient concernés

« Depuis le début de la guerre, depuis 2014, le nombre d’enfants qui sont tombés sous le contrôle de l’occupant est d’environ 1,5 million », dénombre Mykola Kouleba, ex-commissaire aux droits de l’enfant auprès du président ukrainien, qui cherche à ramener ces enfants en Ukraine.

« Il s’agit de ceux qui sont allés en Russie, et de ceux qui se trouvent maintenant dans les territoires occupés », précise l’homme, également fondateur de l’ONG Save Ukraine.

Il affirme que ces mineurs subissent un « lavage de cerveau » et que beaucoup finissent par vouloir rester sous le contrôle de Moscou. Selon lui, nombre d’entre eux « sont déjà des jeunes qui ont la citoyenneté russe » et qui désormais « détestent l’Ukraine ».

La Cour pénale internationale (CPI) a émis en mars un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova, commissaire présidentielle russe aux droits de l’enfant, pour le crime de guerre de « déportation illégale » d’enfants ukrainiens depuis le début de l’invasion russe.

« Détruire l’identité ukrainienne et instiller la haine de l’Ukraine »

Mme Skopina a pu récupérer sa fille en mai, avec l’aide de fonctionnaires ukrainiens négociant avec la Russie.

Dans le jardin de leur maison à Ivano-Frankové, Anna-Maria joue gaiement au football avec son père, libéré en avril. Puis la fillette demande, en russe, à sa mère ce qu’ils vont faire après.

Selon Mme Skopina, leur fille est devenue plus réticente à parler ukrainien et dit parfois : « Je ne veux pas parler ça (l’ukrainien), parlons russe ».

« Le principal objectif de la Russie est de transformer ces enfants en Russes, de détruire l’identité ukrainienne, et pas seulement de la détruire, mais d’instiller la haine de l’Ukraine », s’inquiète M. Kouleba.

Des centaines de milliers d’entre eux « ont déjà accepté la citoyenneté russe et sont d’accord avec l’idée que la Russie est comme un sauveteur qui les a sauvés et qu’il vaut mieux rester là-bas », dit-il.

« Tous les enfants que nous ramenons, qui étaient dans des camps ou dans des écoles russes, disent avant tout que l’Ukraine n’est pas un État, comme les Russes le leur ont appris », relate le responsable.

Ils disent que « ce territoire fera bientôt partie de la Russie, que des terroristes – des nazis – vivent ici et qu’ils sont venus pour les tuer », poursuit-il.

De longues négociations pour récupérer sa fille

Selon la mère d’Anna-Maria, les grands-parents ont contesté la nationalité de la petite fille, qui dispose pourtant d’un certificat de naissance ukrainien. « Ma belle-mère m’a dit (…) que les enfants nés dans les régions de Donetsk et de Lougansk (en partie occupées) depuis 2014 étaient russes », a-t-elle déclaré.

Après de longues négociations dirigées par le commissaire aux droits de l’Homme du Parlement ukrainien, Dmytro Loubinets, Mme Skopina s’est rendue en mai à la frontière entre la Lettonie et la Russie pour récupérer sa fille.

Elle a dû attendre huit heures avant que sa belle-mère fasse sortir Anna-Maria, accompagnée de soldats russes. Là, ces derniers ont dit à Mme Skopina qu’elle pourrait récupérer sa fille seulement si cette dernière la reconnaissait, ce que l’enfant a fait.

Les parents ont entamé une procédure judiciaire pour détention illégale ou enlèvement par les grands-parents paternels.

(Photo YURIY DYACHYSHYN/AFP via Getty Images)

Anna-Maria s’est rapidement réadaptée à la vie dans le territoire contrôlé par Kiev, assure sa mère.

Elle a notamment vite appris les paroles du titre « Stefania » et s’est mis à la chanter au lendemain de son retour chez ses parents, dit-elle, évoquant la chanson du groupe ukrainien Kalush Orchestra, vainqueur de l’Eurovision 2022.

« Nous n’avons pas besoin d’enseigner quoi que ce soit aux enfants. Ils comprennent d’eux-mêmes », se réjouit la mère.

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