OPINIONS

L’Ukraine ne prend plus les gants et frappe en profondeur la Russie

août 14, 2024 15:46, Last Updated: août 14, 2024 15:46
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Le 7 août, les forces ukrainiennes ont lancé un assaut à travers la frontière russe, visant le centre gazier de Soudja – le seul point d’entrée du gaz russe dans l’Union européenne (il approvisionne également l’Ukraine). Cette attaque de diversion a deux objectifs. D’une part, attaquer les infrastructures énergétiques russes et, d’autre part et surtout, attirer des milliers de soldats, d’équipements et d’avions russes afin qu’ils soient détruits au fur et à mesure par les drones et les missiles ukrainiens.

Le président américain Joe Biden, avec l’accord d’autres membres de l’OTAN, a fourni pour des milliards de dollars d’armes de pointe à l’Ukraine, à condition qu’elles ne soient pas utilisées contre des cibles situées sur le territoire russe. Bien entendu, cela exclut le territoire ukrainien occupé par les Russes, notamment la Crimée et les oblasts de Donetsk et de Louhansk.

Jusqu’à présent, Joe Biden a fait preuve de prudence. Comme il l’a déclaré à plusieurs reprises, les armes fournies doivent être utilisées pour défendre l’Ukraine, et non pour attaquer les citoyens russes. La Maison-Blanche semble avoir été prise au dépourvu par l’attaque terrestre du 7 août, mais elle lui a apporté son soutien. Alors que la présidence de Joe Biden s’achève dans quelques mois, abandonnera-t-il cette approche prudente et supprimera-t-il ces limites ?

Après l’assaut lancé le 10 mai par les forces russes sur la grande ville ukrainienne de Kharkiv, située à 30 km de la frontière russe, Joe Biden a déjà légèrement assoupli les restrictions. Il semble que cela ait fonctionné puisque l’assaut russe s’est arrêté.

Plusieurs membres du Congrès américain ont suggéré à Biden d’autoriser les Ukrainiens à utiliser les missiles ATACM américains au-delà de la portée autorisée. Il y a deux mois, Michael McCaul, membre républicain du Congrès, a mis au défi l’administration Biden de lever les restrictions. Les autorités américaines restent hésitantes.

Néanmoins, chaque jour, l’armée ukrainienne s’enfonce un peu plus dans le territoire russe.

Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, l’Ukraine sera capable de fabriquer un million de drones en 2024. Certains de ces drones peuvent parcourir de très longues distances, mais plus ils volent loin, plus leur charge utile est légère.

Le 7 août, l’Ukraine a frappé la base aérienne militaire russe de Lipetsk, située à 350 km de la frontière ukrainienne.

Le 3 août, des drones ukrainiens ont détruit des dépôts de munitions à l’aérodrome militaire de Morozovsk, à 180 km de la frontière ukrainienne.

Le 27 juillet, l’Ukraine a lancé des drones sur l’aérodrome de Mourmansk et a affirmé avoir détruit un bombardier stratégique TU-22M3 et plusieurs hélicoptères. La Russie n’a pas confirmé ses pertes. Ce qui est remarquable, c’est le fait que cet aérodrome se trouve à presque 1800 km de l’Ukraine.

La même nuit, les forces ukrainiennes ont mené une attaque de drones contre un dépôt pétrolier russe à Polevaya, dans l’oblast de Koursk, situé à presque 730 km.

Le 9 juillet, les Ukrainiens ont détruit une base de munitions dans l’oblast de Voronej, à environ 560 km de la frontière ukrainienne. Une fois de plus, ils ont utilisé leurs drones fabriqués localement.

Le 2 avril, un drone ukrainien a frappé Taneco, la troisième plus grande raffinerie de pétrole de Russie, à environ 1300 km de la ligne de front.

Les attaques contre les infrastructures militaires entrent dans une « zone grise » sur le plan éthique. Si les bases et les équipements militaires russes semblent être des cibles légitimes en temps de guerre, qu’en est-il des ponts, des aéroports, des chemins de fer et des centrales électriques qui sont également utilisés à des fins civiles ?

L’Ukraine et ses alliés de l’OTAN semblent avoir accepté que les raffineries de pétrole soient des cibles légitimes. Sur les réseaux sociaux, on entend dire que des techniciens russes cherchent à quitter leur emploi dans ces raffineries.

Au mépris des normes éthiques acceptées, la Russie attaque régulièrement les civils et, le 31 juillet, elle a envoyé 89 drones sur la capitale ukrainienne Kiev.

Les Russes fabriquent leurs propres drones avec la coopération de l’Iran. Toutefois, de sérieux doutes subsistent quant à leur capacité et à leur efficacité par rapport aux drones ukrainiens. L’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) rapporte que les forces russes essaieraient de capturer, de reconvertir et d’utiliser les drones ukrainiens.

Est-ce que les chasseurs F-16 récemment livrés feront la différence ?

Ces chasseurs fournis par les États-Unis et leurs alliés, tels que le Danemark et les Pays-Bas, sont livrés à condition qu’ils n’opèrent qu’à une distance de 40 km de la frontière russe. Bien entendu, il s’agit également d’une restriction pratique, car ils sont vulnérables aux très efficaces systèmes de missiles sol-air russes S300.

Les F-16 seront principalement utilisés pour intercepter les missiles balistiques russes qui détruisent les villes et les infrastructures ukrainiennes. Toutefois, les récentes démonstrations de missiles peu coûteux lancés par des avions lors des exercices militaires américaines RIMPAC devraient inquiéter les Russes. Elles démontrent que les avions F-16 en Ukraine peuvent lancer ces missiles difficiles à détecter directement sur des cibles à l’intérieur de la Russie.

Comment Poutine a-t-il réagi ?

Sa première réaction a été de placer plusieurs systèmes de défense aérienne Pantsir-S1 coûteux (12 millions d’euros) autour de sa spacieuse résidence au nord de Moscou, à environ 1500 km de l’Ukraine.

Deuxièmement, et ce n’est pas la première fois dans cette guerre, il a menacé d’une frappe nucléaire tactique (à courte portée). Le 11 juin, il a déclaré : « Si, à Dieu ne plaise, on en arrive à des frappes [nucléaires], tout le monde doit savoir que la Russie dispose d’un système d’alerte précoce pour les attaques de missiles. Les États-Unis l’ont aussi. L’Europe ne l’a pas. Ils sont plus ou moins sans défense à cet égard. » Il a qualifié de « provocation » l’attaque terrestre ukrainienne du 7  août.

Enfin, Poutine a tenté de se montrer plus conciliant. Il a accepté l’échange récent de prisonniers occidentaux et russes. Il a même accepté des pourparlers sur un cessez-le-feu avec l’Ukraine (à des conditions bien strictes).

Les attaques à l’intérieur de la Russie perturbent la base politique du maître du Kremlin. Cette situation, ainsi que la perte d’une grande partie de la main-d’œuvre à cause de la guerre, qui vient s’ajouter aux problèmes qui pèsent sur l’économie russe, expliquent la circonspection avec laquelle il a réagi jusqu’à présent. Quoi qu’il en soit, il est peu probable que Poutine change son objectif à long terme de subjuguer l’ensemble de l’Ukraine.

De RealClearWire

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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