Le peso et la bourse plongeaient lundi en Argentine, au lendemain du revers du président libéral sortant Mauricio Macri aux élections primaires considérées comme une répétition générale de la présidentielle d’octobre, où il briguera un nouveau mandat à la tête d’un pays englué dans la récession.
A l’ouverture des marchés de la troisième économie d’Amérique latine, la Bourse avait dégringolé de plus de 10%, avant de s’effondrer de 30% à 16H00 GMT.
Vendredi soir pourtant, l’indice Merval était en progression de 8%, dans une ambiance d’optimisme avant les résultats électoraux de dimanche.
De son côté, la monnaie locale s’échangeait lundi matin à 53 pesos pour un dollar, soit 14% de plus que vendredi à la fermeture, où le billet vert valait 46,55 pesos. Certains bureaux de change préféraient même arrêter d’échanger des dollars.
« Une rupture dans les décisions politiques (du prochain gouvernement argentin) est désormais le scénario le plus probable », résumait lundi une note de la banque JP Morgan pour expliquer l’inquiétude des marchés.
Le président Macri s’est entretenu lundi matin avec le président de la Banque centrale, Guido Sandleris, et a préféré décaler le conseil des ministres à lundi après-midi pour suivre l’évolution des marchés.
« Le président devrait être en train de délivrer un message d’apaisement. Les marchés mettent en garde contre le fait que le gouvernement se trouve dans une situation où il ne peut pas apporter de réponse » à la crise économique, a déclaré à Radio 10 le candidat de centre-gauche Alberto Fernandez, grand vainqueur des primaires de dimanche soir.
M. Fernandez et sa colistière Cristina Kirchner, l’ancienne présidente du pays inculpée dans plusieurs affaires de corruption, ont obtenu 47% des suffrages, contre 32% pour le tandem composé de Mauricio Macri et du dirigeant péroniste Miguel Angel Pichetto.
« Nous avons subi une mauvaise élection et cela nous oblige, à partir de demain, à redoubler d’efforts. Nous regrettons de ne pas avoir eu tout le soutien que nous espérions », a rapidement reconnu dimanche soir le chef de l’Etat.
Si un tel résultat se reproduisait lors de la présidentielle du 27 octobre, M. Fernandez, 60 ans, serait proclamé vainqueur dès le premier tour: selon la loi électorale, pour être élu, il faut obtenir au moins 45% des suffrages, ou bien 40% et une avance de 10 points sur le candidat arrivé deuxième.
Il est clair « que le gouvernement a perdu le soutien de secteurs clés de la société », a estimé l’analyste politique Carlos Fara.
« Pour ceux qui attendaient un changement en Argentine, le contrat symbolique est rompu », a-t-il ajouté. « Le vote a montré une insatisfaction profonde vis-à-vis de la situation économique, une angoisse au sein de la société qui sent que le gouvernement est déconnecté de la réalité et n’est pas à la hauteur pour affronter les problèmes ».
Dans ce pays en récession depuis l’an dernier, l’inflation reste très élevée sur les 12 derniers mois, à 40%, ainsi que le chômage, à 10,1%.
Submergée par deux crises monétaires en 2018 ayant fait perdre 50% de sa valeur à sa monnaie, l’Argentine a appelé le Fonds monétaire international (FMI) à la rescousse pour obtenir un prêt de plus de 57 milliards de dollars.
Dans ses dernières prévisions de croissance mondiale publiées au printemps, le FMI avait indiqué tabler sur une contraction du PIB argentin de 1,2% en 2019, tout en attendant une reprise au second semestre. Pour 2020, il prévoit une croissance de 2,2%.
« Contenir les marchés, c’est la grande inconnue du jour. S’il n’y a pas un accord entre Fernandez et Macri, il va être très difficile de construire la confiance », a jugé un autre analyste, Rosendo Fraga.
Créé en 2009, le système de primaires générales pour tous les partis politiques, le même jour et lors d’un scrutin national, est une particularité argentine.
Dans ce pays de 34 millions d’électeurs où le vote est obligatoire – le taux de participation s’est élevé à 75% -, il s’agissait plutôt d’un sondage grandeur nature avant les élections générales d’octobre, les partis politiques ayant choisi cette année, pour des raisons de stratégie électorale, d’investir à l’avance leurs candidats comme la loi le leur permet
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