La lune de la mi-automne dans la poésie classique chinoise (1ère partie)

9 septembre 2016 12:00 Mis à jour: 14 septembre 2016 09:35

Le 15 septembre sera célébré dans le monde entier le Zhongqiu Jie (中秋節), aussi connu comme le festival de la Mi-Automne. Il se déroule toujours le 15e jour du 8e mois dans le calendrier lunaire chinois.

C’est une date importante où les membres de la famille se retrouvent pour admirer la lune pleine et brillante et manger des gâteaux de lune.

Étant généralement associé avec la légende de Chang E, depuis les temps anciens le festival de la mi-automne est également une source d’inspiration pour les poètes. À travers la versification poétique sur cette lune, ils expriment leurs joies et peines, hauts et bas, mal du pays et espoirs.

Li Bai, Du Fu, Bai Juyi et Su Shi comptent parmi les poètes proéminents de la littérature chinoise à avoir écrit à propos de cette lune mélancolique.

La poésie de Li Bai

Li Bai (701-762) était un poète de la dynastie Tang. Il a été considéré comme le poète « immortel » dans l’histoire de la littérature chinoise.

Lorsqu’il était jeune, Li Bai adorait lire. À L’âge de 10 ans, il avait lu beaucoup de classiques confucéens.

Au milieu de sa vingtaine, Li Bai quitta son foyer. Il a voyagé à travers le pays jusqu’en 742, où il s’est installé pour servir l’empereur Tang Xuanzong1 en lui offrant son expertise savante et sa poésie.

Un jour, alors qu’il faisait une promenade et admirait les fleurs dans le jardin du palais avec sa concubine royale favorite Yang Guifei2, l’empereur eut une saute d’humeur. Il envoya quelqu’un amener Li Bai au palais afin de leur écrire des vers pour ce moment.

Li Bai arriva ivre et avait des difficultés à se tenir debout devant l’empereur. Les courtisans ont dû lui jeter de l’eau à la figure pour le réveiller. Li Bai s’est alors un peu ressaisi, a pris un pinceau et a écrit une composition d’une grâce sans faille.

L’empereur était très satisfait et impressionné par le talent de Li Bai. Par la suite, qu’il boive ou qu’il organise un banquet, l’empereur eut toujours Li Bai pour compagnon.

Une fois alors qu’il était ivre, Li Bai salit ses chaussures. L’empereur ordonna à un eunuque de nettoyer les chaussures de Li Bai. Gao était l’eunuque le plus influent du palais et ne servait que l’empereur. Il fut très offensé qu’on lui demande de faire une tâche aussi basse que de nettoyer les chaussures de quelqu’un. Il exécuta cependant l’ordre de l’empereur.

L’eunuque pris sa revanche en semant la discorde entre Li Bai et Yang Guifei. Il présenta à Yang l’un des poèmes de Li Bai en lui disant qu’il constituait une attaque dissimulée contre elle.

Faisait confiance à l’eunuque, Yang se fâcha avec Li Bai. L’eunuque et la concubine ont convaincu l’empereur qu’il était inapproprié de garder Li Bai dans le palais. Li Bai a finalement été renvoyé loin de la cour impériale en 743.

Après avoir quitté le palais, Li Bai a commencé à vagabonder et a continué d’écrire des poèmes. On dit qu’il est devenu un taoïste. Un jour d’automne de l’année suivant son exil, il rencontra un autre poète de son temps, Du Fu. Admirant leurs talents littéraires respectifs, ils sont tout de suite devenus de bons amis.

Dans ses poèmes, Li Bai exprime sa grande passion pour la nature, son amour du pays et le chagrin dans son cœur. La plupart de ses poèmes présentent l’humanité comme égarée, solitaire et cherchant une connexion avec le Ciel. Ci-dessous sont deux poèmes célèbres qu’il a écrit sur la lune (les poèmes qui suivent sont les interprétations de l’auteur).

“Boire seul avec la lune” est un poème de Li Bai Li Bai qui était considéré en Chine comme le poète "immortel". (Xiao Yun/Epoch Times)
“Boire seul avec la lune” est un poème de Li Bai Li Bai qui était considéré en Chine comme le poète « immortel ». (Xiao Yun/Epoch Times)

Boire seul avec la lune

D’un pot de vin parmi les fleurs,

Je buvais seul sans compagnon.

Levant ma coupe, j’ai demandé à la brillante lune,

Apporte-moi mon ombre et soyons trois.

La lune ne peut comprendre pourquoi je bois,

Mon ombre me suit silencieusement où que j’aille.

La lune accompagne mon ombre un court instant,

Je prends l’opportunité de vivre un moment de joie.

La lune est songeuse lorsque je chante,

L’ombre virevolte quand je danse.

Enchanté d’être amis quand je suis éveillé,

La camaraderie cesse quand j’ai bu.

Essayons d’entretenir une amitié éternelle,

Nous nous rencontrerons à nouveau dans le vaste ciel.

Pensée dans une nuit tranquille

Devant mon lit, la lune jette une clarté très vive ;

Je pense que c’est de la gelée blanche qui brille sur le sol.

Je lève la tête, contemplant la lune brillante,

Je baisse la tête et songe à mon pays.

 

Note

1. L’empereur Xuanzong, aussi appelé l’empereur Minghuang des Tang, était le septième empereur de la dynastie Tang. Son nom est Li Longji et il vécut de 685 à 762. Son règne dura 43 ans (712-756). Ce fut le règne le plus long de la dynastie Tang.  Dans la première partie de son règne, il était un dirigeant impliqué et avisé. Il instaura des règles qui allaient conduire la Chine à l’apogée de sa culture et de sa puissance.

2. Le vrai nom de Guifei Yang est Yuhuan Yang (716-756). Guifei est le titre le plus haut que peut avoir une épouse impériale après celui d’impératrice. Yang devint l’épouse bien-aimée de l’empereur Xuanzong  au cours de ses dernières années. Elle fut connue pour avoir été l’une des Quatre Beautés de la Chine ancienne.

Version anglaise : The Mid-Autumn Moon in Classic Chinese Poetry (Part 1)

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