EUROPE

L’Union européenne annule sa réunion à Budapest après la « mission de paix » d’Orban à Moscou

La récente visite du Premier ministre hongrois Viktor Orban à Moscou continue de créer des ondes de choc dans les milieux officiels occidentaux
juillet 26, 2024 16:15, Last Updated: juillet 26, 2024 16:15
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Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a annulé la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE prévue à Budapest, et ce, après que le Premier ministre hongrois Viktor Orban s’est rendu en Russie sans mandat de Bruxelles.

« Nous devons envoyer un signal [à Budapest], même s’il s’agit d’un signal symbolique », a déclaré M. Borrell aux journalistes le 22 juillet.

Selon le plus haut diplomate de l’UE, le lieu de la réunion, prévue pour la fin du mois d’août, a été déplacé à Bruxelles, où se trouve le siège de l’UE.

Le 1er juillet, la Hongrie a pris la présidence tournante du Conseil de l’UE pour six mois, ce qui lui permet d’organiser et d’accueillir des événements et des réunions de haut niveau. Toutefois, selon Bruxelles, ce rôle n’autorise pas les responsables hongrois, y compris M. Orban, à s’engager dans la diplomatie au nom de l’Union des 27.

M. Borrell a également rejeté les affirmations de M. Orban selon lesquelles l’UE poursuivait une politique « pro-guerre » vis-à-vis de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Il a affirmé que Budapest devrait qualifier le président russe Vladimir Poutine de « pro-guerre », et non l’UE.

« Si vous voulez parler du parti de la guerre, parlez de Poutine », a-t-il martelé.

Peter Szijjarto, le ministre hongrois des Affaires étrangères, a semblé indifférent par rapport à l’endroit où se tiendrait la réunion des ministres des Affaires étrangères.

« Pour moi, c’était égal au début et c’est égal aujourd’hui », a-t-il annoncé dans un communiqué publié le 23 juillet.

Malgré l’invasion russe, qui en est à sa troisième année, la Hongrie de Viktor Orban est restée en relativement bons termes avec Moscou.

M. Orban est l’un des rares dirigeants européens à contester le soutien inconditionnel de l’Occident à l’Ukraine, que ce soit sur le plan militaire ou autre. Il est également le seul chef d’État de l’UE, outre le Premier ministre slovaque, à appeler à une solution négociée à la guerre en Ukraine.

Les autres dirigeants de l’UE ont accusé M. Orban d’être trop proche de Moscou, sapant ainsi les efforts de l’Union pour isoler la Russie sur la scène internationale.

De son côté, Budapest affirme vouloir mettre fin à cette guerre destructrice le plus vite possible.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban (à g.) rencontre le président russe Vladimir Poutine au Kremlin de Moscou, le 5 juillet 2024. (Valery Sharifulin/AFP via Getty Images)

Une « mission de paix » non approuvée

La décision de changer le lieu de la réunion fait suite à la « mission de paix » autoproclamée de M. Orban qui l’a récemment conduit à Kiev, à Moscou, à Pékin et aux États-Unis.

Le 2 juillet, au lendemain de l’accession de la Hongrie à la présidence du Conseil de l’UE, il s’est rendu à Kiev, où il a discuté des perspectives de paix avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Trois jours plus tard, il s’est rendu à Moscou, où il a eu une discussion similaire avec Poutine.

Dans un message publié le 5 juillet sur les réseaux sociaux, Viktor Orban a défendu sa visite en Russie en déclarant : « On ne peut pas faire la paix depuis un fauteuil confortable à Bruxelles. Même si la présidence tournante de l’UE n’a pas de mandat pour négocier au nom de l’UE, nous ne pouvons pas nous asseoir et attendre que la guerre se termine miraculeusement. »

Néanmoins, sa rencontre avec Poutine a suscité de vives critiques de la part des autres dirigeants européens.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, aurait suggéré que la rencontre de M. Orban avec le dirigeant russe équivalait à une « conciliation ».

« Seules l’unité et la détermination ouvriront la voie à une paix totale, juste et durable en Ukraine », a-t-elle écrit dans un message sur les réseaux sociaux.

Toutefois, le 8 juillet, M. Orban s’est rendu en Chine, qui s’est de plus en plus rapprochée de la Russie depuis que celle-ci a lancé son invasion de l’Ukraine au début de 2022.

À Pékin, il a rencontré le dirigeant chinois Xi Jinping, avec qui il aurait discuté des perspectives de paix entre la Russie et l’Ukraine.

Peu après, Viktor Orban s’est rendu aux États-Unis, où il a rencontré l’ancien président et candidat à la présidence américaine Donald Trump dans la résidence de ce dernier en Floride.

« La discussion a porté sur les possibilités de paix », a déclaré le porte-parole d’Orban après cette rencontre tenue le 11 juillet.

Dans des remarques antérieures, Trump s’est engagé à mettre fin à la guerre en Ukraine par la voie diplomatique s’il remporte un nouveau mandat présidentiel en novembre prochain.

« Aucun rôle » dans la diplomatie

La « mission de paix » non approuvée de Viktor Orban a créé une onde de choc dans les milieux officiels occidentaux.

S’adressant aux journalistes le 11 juillet, le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a qualifié la rencontre Trump-Orban d’« aventurisme » diplomatique.

Plusieurs États membres de l’UE, dont le Danemark, la Finlande, la Suède, la Pologne et les trois États baltes, ont temporairement réduit leur participation aux réunions organisées par la présidence de l’UE.

Les réunions des ministres des Affaires étrangères comptent parmi les événements les plus médiatisés que les États membres peuvent accueillir lorsqu’ils assurent la présidence tournante de l’Union européenne.

La Hongrie assurera la présidence du Conseil de l’UE jusqu’au 31 décembre, date à laquelle la Pologne prendra le relais.

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