La secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, Sonia Backès, a annoncé vendredi 10 mars plusieurs mesures pour renforcer la lutte contre les dérives sectaires. Un plan d’action gouvernemental est annoncé avant l’été face à la multiplication des manipulations mentales, dont les différentes formes sont maintenant si nombreuses que le commun des mortels s’y perd.
« La crise sanitaire a créé dans notre société un climat anxiogène sur la question de la maladie et de la mort. Avec le Covid‑19, beaucoup de gens se sont retrouvés en situation de grande détresse » explique le président de la Miviludes, Christian Gravel dans Le Point. « Nous avons constaté une augmentation du nombre de théories complotistes visant à décrédibiliser tout le champ académique et scientifique sur la question des traitements médicamenteux, des vaccins ou du contrôle supposé des gouvernements à travers des puces 5G. » Une tendance de fond qui fait maintenant élargir la notion de secte aux mouvements complotistes, voire plus : la Miviludes a ainsi reçu des dizaines d’alertes sur les pratiques de yoga, sur le « mankind project » qui organise des stages de « masculinité » ; même chose du côté des femmes avec les dérives du mouvement du « féminin sacré ».
La mise en examen la semaine dernière du « gourou » du crudivorisme Thierry Casasnovas a ouvert un autre champ. Il s’agit probablement du premier cas dont l’enseignement ait constitué à vendre des extracteurs de jus de fruit et à exagérer les bienfaits du jus de carotte et des stages de jeûne.
Nous avons grandi avec une image des mouvements sectaires traduite par un sketch des Inconnus : « Skippy », moine tibétain à l’accent marseillais, réunissait une communauté en robe blanche dont les membres abandonnaient toutes leurs ressources financières pour atteindre « une totale liberté de pensée cosmique vers un nouvel âge réminiscent ». Les sectes étaient alors simples à détecter, avec leurs robes blanches et leurs airs exaltés. En 2023, les coachs professionnels, les psychothérapeutes, les vendeurs de jus de fruit, les professeurs de yoga, les éco‑villages, les formations aux crypto‑monnaies font tous partie de cette obscure galaxie, parce qu’ils peuvent abuser de la crédulité de personnes à qui ils soutirent de grosses sommes d’argent. Indépendamment de toute spiritualité, les sectaires sont donc aujourd’hui ceux qui construisent des escroqueries financières en plaçant leurs membres, détenteurs autoproclamés de la vérité, dans une vision en tunnel.
Le gouvernement veut d’ailleurs mobiliser, pour lutter contre ces dérives multiformes, le réseau social chinois TikTok, alors même que plusieurs pays – y compris européens – souhaitent l’interdire du fait de ses liens étroits avec le régime chinois. Penser recourir à TikTok comme un outil de libération est presque ironique quand on sait à quel point ce réseau entraine ses utilisateurs dans une spirale d’abêtissement très utile pour les objectifs du Parti communiste chinois. Celui‑ci, d’ailleurs, entrerait bien dans la définition d’un mouvement sectaire : il interdit toute pensée non conforme à la doctrine communiste, réprime dans le sang la discipline bouddhiste du Falun Gong (pratiquée par plusieurs membres d’Epoch Times) en l’accusant d’être une secte, s’infiltre dans les gouvernements, anesthésie les sens critiques, etc. Certains médias reprennent encore aujourd’hui la propagande chinoise pour accuser le Falun Gong de « racisme » – alors qu’il suffit d’une recherche d’images pour voir apparaître des visages de toutes les couleurs et toutes les cultures, des peaux blanches aux noires en passant par les variations du doré, des différentes teintes du brun, avec des vêtements allant du jean au hijab en passant par le sari.
Il faudrait donc peut‑être, en même temps qu’on poursuit et punit les escrocs divers, déguisés en coachs, en psychanalystes, en vendeurs de formations, ne pas oublier de s’interroger sur le sectarisme latent manifesté par l’attaque irréfléchie de ce qu’on ne connait pas. Les tensions croissantes palpables partout dans la société, la radicalisation des logiques de groupes – amplifiée par les algorithmes des réseaux sociaux – montrent qu’il serait bon pour chacun de chasser aussi la secte en soi – et de réapprendre à aimer la diversité de pensées et de points de vue.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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