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La lutte contre les « fausses nouvelles » se généralise

janvier 13, 2017 8:05, Last Updated: mars 29, 2017 20:13
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La hantise des « fausses nouvelles » se propage partout dans le monde et certains pays comme l’Allemagne et l’Indonésie vont jusqu’à mettre en place des programmes de surveillance et de censure des « faux » contenus en ligne.

Dans l’espoir d’endiguer ces fausses nouvelles en vue des prochaines élections, le gouvernement indonésien commencera à contrôler les sites et les comptes des médias sociaux. Parallèlement il promouvra une « éducation aux médias sociaux ».

Les opinions ne se forment plus comme il y a vingt-cinq ans.

L’Allemagne, avant ses prochaines élections législatives, pourrait adopter une loi qui lui permettrait de condamner Facebook à régler jusqu’à 500 000 euros d’amende pour chaque information en ligne étiquetée « fausse ». Le pays accélère aussi la création d’un organe gouvernemental de lutte contre la propagation des fausses nouvelles.

Selon l’International Business Times, Angela Merkel aurait défendu ces initiatives en affirmant : « Le débat politique se déroule dans un environnement médiatique complètement neuf. Les opinions ne se forment plus comme il y a vingt-cinq ans.  Aujourd’hui, nous avons des faux sites, des bots, des trolls, des choses qui se régénèrent ou renforcent les opinions avec des algorithmes et nous devons apprendre à y faire face. »

Les fausses nouvelles existent depuis des années mais ce n’est qu’à la fin des élections présidentielles américaines en 2016 qu’elles sont devenues controversées, lorsque les médias des partisans de gauche ont commencé à s’y attaquer (ainsi qu’à la propagande russe), les accusant d’avoir favorisé la campagne de Donald Trump. Pourtant, avant tout cela, les pressions pour arrêter les fausses nouvelles ou les rumeurs en ligne étaient tenues par la majorité pour de la censure. Ces compagnies et ces médias, qui désormais appellent à une plus grande réglementation du contenu en ligne, cherchaient, à l’époque, à ne surtout pas y toucher.

Aujourd’hui les fausses nouvelles se répandent principalement sous la forme d’ainsi nommés « pièges à clic », ces derniers sont générés par des « fabricants d’informations » dans un but lucratif. Ces fables prennent le dessus lorsqu’elles sont citées par les médias qui encensent leur contenu, car leur titre est généralement insolite et semble justifier le fond.

La polémique ne concerne pas directement l’existence des fausses nouvelles, mais plutôt le fait que tout un arsenal d’informations factices se soit répandu à la fois sur des sites qui leurs étaient dédiés et des sites politiques de droite, ce qui a créé l’amalgame. Selon le Washington Post du 24 novembre, l’organisation PropOrNot a traité plus de deux cents sites Web de « colporteurs endurcis de la propagande russe durant la période électorale » (en incluant Drudge Report, Zero Hedge, et Infowars).

Les sites dédiés aux fausses nouvelles, en particulier en Europe, prennent parfois des positions fortes contre les politiques gouvernementales et balayent tous les sujets possibles, en allant des impôts jusqu’à l’immigration. En conséquence, on s’inquiète de voir les gouvernements se donner les moyens de réprimer des voix opposées simplement en étiquetant « faux » un reportage qui serait valable ou une opinion politique légitime.

Jusqu’aux tentatives récentes de cibler les fausses nouvelles, la censure ne posait pas de problème dans les démocraties occidentales, bien qu’elle soit courante ailleurs. Selon un récent rapport de Freedom House, 67% des internautes du monde vivent dans des pays où « la critique du gouvernement, de l’armée ou de la classe dirigeante est sujette à la censure ». L’ONG ajoute que 27% de tous les internautes « vivent dans des pays où les gens sont arrêtés pour avoir publié, partagé, ou simplement « aimé » un contenu sur Facebook ».

En juillet 2016, un couple allemand a été poursuivi en justice pour avoir affiché dans un groupe Facebook des commentaires qui attaquaient la politique d’immigration en place. « La guerre et les réfugiés économiques inondent notre pays. Ils apportent la terreur, la peur, la souffrance. Ils violent nos femmes et mettent nos enfants en danger. Il faut mettre fin à cela ! » écrivait le mari alors qu’il créait son groupe. Ce dernier s’est vu condamné à neuf mois de prison avec sursis et son épouse a reçu une amende de 1 200 euros. Selon le juge, ce groupe « fonctionnait clairement pour un mouvement de droite en arrière-plan ».

En Europe, les appréhensions concernant les lois qui ciblent les fausses nouvelles grimpent du fait que les partis de droite connaissent un regain de popularité en raison du malaise croissant face à l’afflux soudain de réfugiés musulmans et d’immigrants venus des pays les plus pauvres de l’UE.

Selon Steven Mosher, le président du Population Research Institute, les craintes concernant les fausses nouvelles sont principalement attisées par des médias qui veulent saper l’information alternative.

« Ils n’ont plus le monopole de l’actualité », explique-t-il, admettant que, par le passé, si le New York Times et le Washington Post couvraient un sujet de la même manière, leur point de vue devenait l’opinion dominante.

Mais avec la montée des réseaux d’information indépendants « ils perdent le contrôle des débats, ce qu’ils n’apprécient en aucun cas », ajoute-t-il, « ils perdent des lecteurs, ils perdent des abonnés, et ils essaient donc d’invalider la légitimité des concurrents ».

Une partie de cette tendance se focalise sur les médias sociaux et les forums de discussion en ligne. Facebook est une des cibles principales.

Initialement, le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, s’opposait à cette tendance généralisée des médias à soutenir que les fausses nouvelles avaient contribué à influencer les élections américaines et il aurait déclaré : « L’idée selon laquelle les fausses nouvelles sur Facebook, qui ne forment qu’une part infime de son contenu global, ont influencé l’élection d’une quelconque façon, est, selon moi, complètement farfelue. »

Depuis, Zuckerberg a changé son orientation. Le 15 décembre 2016, Facebook a publié un message annonçant de nouvelles initiatives pour « traiter les canulars et les fausses nouvelles ». Sont alors apparus quatre nouveaux moyens pour traiter les informations :

– les utilisateurs peuvent signaler un contenu comme étant un « canulars » avec facilité;

– des « fact checkers » (vérificateurs de faits) indiquent les nouvelles « contestables »;

– on refoule les récits dont le nombre de suiveurs est en déclin une fois que les internautes les ont lus;

– on analyse les sites consacrés à l’information qui passent par Facebook pour détecter s’il est nécessaire dans leur cas de prendre des mesures plus fortes.

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Il apparaît aussi que Facebook, accusé de censurer les conservateurs, a recours à des fact checkers dont les tendances sont à gauche. Facebook fait notamment appel aux sites Politifact et Snopes. En mai 2016, un ancien « archiviste des informations » de Facebook déclarait pour Gizmodo qu’on « avait systématiquement supprimé les nouvelles qui auraient intéressé le lectorat conservateur de l’influent module Trending du réseau social ».

Certaines nouvelles sont étiquetées « fausses » parce qu’elles sont ouvertement biaisées ou omettent d’importants arguments qui leurs feraient du tort. Mais, selon Steven Mosher, la création d’un système pour forcer les sites à signaler toutes leurs informations ou à les harmoniser équivaut en soi à de la censure.

« La solution serait que les gens sachent trouver d’autres sources d’informations innovantes et qu’ils sachent équilibrer les nouvelles tous seuls. On peut actuellement déjà choisir soi-même ses favoris sur son flux d’actualités », a-t-il ajouté, « l’unique solution est d’accroître la diversité des sources, non de l’affaiblir. »

Article 19, un organisme créé en 1987 pour défendre la liberté d’expression, a déclaré dans la presse que « plusieurs pays dans le monde interdisent la diffusion de fausses informations, même si elles ne sont pas diffamatoires ». Les lois contre les fausses nouvelles sont rares dans les démocraties plus établies et parmi celles-ci, certaines estiment qu’une telle législation est inconstitutionnelle ».

Article 19 souligne que le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a « réitéré l’idée selon laquelle toute intervention sur les fausses nouvelles limitait indûment l’exercice de la liberté d’opinion et d’expression ».

Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a confirmé cette opinion malgré l’apparition de nouvelles susceptibles de provoquer des troubles publics, au motif que « dans tous les cas, l’emprisonnement comme sanction pour l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme ».

Les nouvelles lois de filtrage ne font « rien de mieux que de sanctionner les gens », a déclaré Chris Mattmann, co-créateur de plusieurs moteurs de recherche et de technologies phares d’Internet. Il est maintenant l’un des principaux chercheurs de la NASA et travaille sur le fonctionnement des données Internet pour le Jet Propulsion Laboratory. « C’est comme ce qui se passe en Chine ».

« C’est de la censure… C’est une mentalité de groupe », pense-t-il. « Les gens doivent avoir le droit de publier leurs croyances politiques. Ils doivent avoir le droit d’écrire et de partager ce qu’il pensent dans leur cercle social. »

Les « fausses nouvelles » en Chine

La Chine forme pour les pays occidentaux l’exemple à ne pas suivre, le modèle d’un pays où une censure mal gérée ne sert qu’au profit d’un pouvoir abusif. Le modèle chinois sert d’argument pour ceux qui s’opposent à toute intervention sur les fausses nouvelles.

En Chine, la publication de « rumeurs » et de nouvelles jugées « fausses » peut conduire à des peines de prison.

En 2000, le China Finance Information Network s’est vu condamné à une amende de 1 807 dollars pour avoir rediffusé l’article d’un journal de Hong Kong. Selon cet article le vice gouverneur de la province du Hubei avait accepté des pots-de-vin d’une compagnie locale.

Le Parti communiste chinois a modifié sa législation pour imposer des peines allant jusqu’à sept ans de prison pour « propagation de rumeurs » concernant les cataclysmes.

En Occident, l’État ne peut pas condamner la presse aussi facilement, et toute poursuite se voit invalidée si les journalistes peuvent prouver la véracité de leurs propos.

Mais en Chine, les médias n’ont pas la possibilité de se défendre ainsi et le vice gouverneur du Hubei n’a jamais eu à se justifier devant les tribunaux (à l’inverse de son successeur, poursuivi pour corruption).

En novembre 2015, le Parti communiste chinois a modifié sa législation pour imposer des peines allant jusqu’à sept ans de prison pour « propagation de rumeurs » concernant les cataclysmes. Selon Human Rights Watch, cette initiative pourrait générer des abus.

Selon un rapport paru en 2015 : « De l’épidémie de SRAS en 2003 jusqu’aux explosions chimiques de Tianjin en 2015, sous prétexte de bloquer les rumeurs, le gouvernement chinois n’a cessé d’emprisonner des internautes qui remettaient en question les chiffres officiels ou qui avançaient des informations différentes. »

Selon un rapport de 2012 de l’US Congressional Research Institute, le gouvernement chinois cherche à ce que les internautes s’autocensurent. Le régime chinois, déclare-t-on, « ne peut s’abstenir d’afficher une certaine nervosité face à l’influence d’Internet sur la société et sur la politique du pays. C’est pourquoi il a développé un éventail toujours plus vaste d’instruments de contrôle ».

En mai 2014, témoignant devant une commission en charge de surveiller la sécurité des rapports commerciaux entre la Chine et les États-Unis, David Wertime, le rédacteur en chef du site Foreign Policy, a déclaré que le PCC utilisait toute une panoplie d’outils en matière de censure. C’est pour les internautes qu’il réserverait ses méthodes les plus sévères d’intimidation et d’arrestation afin de « décourager les dissidents potentiels qui voudraient partager publiquement des opinions hétérodoxes aptes à avoir des suiveurs ».

Version originale : ‘Fake News’ Crackdown Spreads Around the World

 

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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