OPINION

Lutte contre l’inflation : laissons faire les acteurs au lieu de légiférer sans cesse

mars 7, 2023 15:35, Last Updated: mars 7, 2023 15:35
By MATTHIEU CRESON

Début janvier 2023, le gouvernement annonçait la mise en place du « panier anti-inflation », dont le but était d’alléger la facture pour les ménages compte tenu des taux d’inflation (5,2% en moyenne sur l’année 2022 en France, +13% dans le cas des produits alimentaires et +12% attendus en 2023). Le dispositif n’ayant convaincu ni la grande distribution ni la FNSEA (premier syndicat agricole de France), il a finalement été abandonné. Ce sont désormais les distributeurs qui vont proposer leurs propres sélections d’articles à bas prix. Carrefour a déjà annoncé que 200 produits (100 produits du « quotidien » et 100 produits « sains ») allaient être vendus à 2 euros l’unité en moyenne, et Intermarché a choisi 500 « produits anti-inflation » (470 produits relevant de ses marques de distributeurs et 30 produits frais traditionnels).

Les enseignes de la grande distribution ont donc mis en place, sous la pression du gouvernement, des paniers de produits à prix réduits, ce qui est aussi leur intérêt pour pallier la baisse des ventes qu’elles ont pu constater (-4,6% l’an dernier). L’ennui est que leurs initiatives pourraient être contrecarrées par l’adoption d’une proposition de loi prévoyant d’encadrer davantage les relations entre fournisseurs de l’agroalimentaire et distributeurs.

En janvier 2023, l’IREF avait critiqué la concomitance ubuesque du projet gouvernemental de « panier anti-inflation » et de ladite proposition de loi, susceptible de provoquer une hausse des prix en renforçant le pouvoir de négociation des fournisseurs au détriment de celui des distributeurs. Dans le Journal du dimanche du 5 mars 2023 Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique d’E. Leclerc, revient sur cette absurdité. Le texte, tel qu’il est sorti dernièrement du Sénat, est à ses yeux notamment critiquable sur trois points :

–     l’interdiction de grosses promotions sur l’alimentaire prolongée et étendue aux produits d’hygiène et d’entretien ;

–     la possibilité pour un médiateur (nommé par le gouvernement) d’intervenir sur les « prix de marché » ;

–     la prolongation sur plusieurs années de l’obligation faite aux distributeurs de réaliser une marge d’au moins 10% sur l’ensemble des produits alimentaires.

Ce projet de loi constitue donc un énième exemple de l’aspect nuisible et contreproductif de la tendance bien française avant constamment légiférer pour mieux « encadrer » l’économie. Mieux vaudrait laisser faire les acteurs en première ligne, qui sont le plus à même de savoir quoi faire dans un contexte comme celui que nous vivons actuellement.

Article écrit par Matthieu Creson. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.

L’IREF est un « think tank » libéral et européen fondé en 2002 par des membres de la société civile issus de milieux académiques et professionnels dans le but de développer la recherche indépendante sur des sujets économiques et fiscaux. L’institut est indépendant de tout parti ou organisation politique. Il refuse le financement public.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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