Un lycée parisien change le genre et le prénom d’une élève de 15 ans sans en avertir les parents

Par Nathalie Dieul
2 juin 2022 10:26 Mis à jour: 2 juin 2022 10:26

Quelques mois après la rentrée scolaire de septembre 2021, les parents d’une adolescente ont découvert par hasard que son lycée avait changé son genre et son prénom sans les en avertir, ce qu’ils estiment être « une faute professionnelle grave ».

Lucie*, qui était jusqu’à récemment une bonne élève d’un lycée parisien réputé, a 15 ans. En décembre dernier, ses parents ont découvert une carte de lycéen qui indiquait un autre prénom, Louis*, et un autre genre que celui de sa naissance, rapporte Le Figaro. Ils ont aussi appris que la situation durait depuis septembre, tous les enseignants s’adressant à elle au masculin, à l’oral comme à l’écrit.

Malgré les multiples demandes des parents à l’établissement, au proviseur et au rectorat, la situation a perduré jusqu’à ce que l’adolescente soit changée de lycée sur décision de ses parents.

Un simple mot pour changer de genre

Ceux‑ci pensent que le mal‑être de leur fille provient peut‑être du harcèlement qu’elle a vécue à plusieurs reprises pendant ses années de collège. Il n’y avait pourtant « aucun signe avant‑coureur » d’une transition de genre avant juin 2021, lorsque la jeune fille a commencé à s’habiller avec des vêtements plus larges, à se raser la tête et à se teindre les cheveux en bleu. C’était après le confinement, période où l’ado a passé beaucoup de temps sur les réseaux sociaux.

Résultat, juste avant de rentrer en seconde, elle a fait une demande à son lycée, avec un simple mot pour se présenter comme « un garçon transgenre » et savoir « s’il était possible d’inscrire le prénom Louis sur la liste des élèves » ?

Cette demande a été écoutée par le proviseur, qui a par exemple demandé aux professeurs « d’être neutres dans leurs appréciations. D’écrire par exemple ‘des progrès ce trimestre’, plutôt que ‘elle a fait des progrès' », reconnaît le chef d’établissement.

La circulaire Blanquer

Le proviseur explique son attitude par la circulaire Blanquer, publiée le 30 septembre 2021, pourtant bien après la rentrée scolaire. « On peut y lire que ‘si l’élève fait seul la démarche d’aborder la question de son identité de genre auprès d’un personnel de l’établissement, une communication avec les représentants légaux ne doit se faire qu’avec son accord explicite' », résume‑t‑il pour se justifier.

Pourtant, l’avocat des parents, Me Henri de Beauregard, assure de son côté que « la circulaire indique expressément que la communauté éducative ne peut utiliser un autre prénom ou un autre genre sans l’accord des parents ».

Changement de lycée

Au bout de cinq mois à se faire appeler Louis dans son lycée, Lucie a été changée d’établissement par ses parents. Avec « les cheveux un peu plus longs » et le suivi d’un psychiatre qu’elle « adore », son mal‑être semble se dissiper peu à peu. La famille suit aussi une thérapie familiale et les rapports entre l’adolescente et ses parents s’améliorent.

Les parents demandent réparation au rectorat de Paris pour ce qu’ils considèrent comme « une faute professionnelle grave ». En effet, le fait que l’établissement scolaire ait cautionné l’affirmation « transgenre » de Lucie sans en informer les parents a probablement aggravé le mal‑être de celle‑ci, retardé une prise en charge psychologique et contribué à éloigner l’enfant de ses parents.

« Comme tombés dans une secte »

De son côté, Sophie Audugé, déléguée générale de SOS Éducation, s’indigne du fait que l’école puisse être complice de « cette contagion de cas d’enfants qui, d’un seul coup, affirment être nés dans le mauvais corps, semblent sous emprise idéologique, comme tombés dans une secte ».

L’association a reçu plus de 15.000 signatures à sa pétition « Non à l’idéologie du genre qui fait croire aux enfants… qu’ils peuvent changer de sexe d’un coup de baguette magique ».

« La prise en charge d’enfants confrontés à un sentiment profond et durable d’incongruence entre leur sexe biologique et leur sexe psychique, de nature à mettre en péril leur vie, relève de l’expertise de médecins, d’endocrinologues, de pédopsychiatres, mais certainement pas des personnels de l’Éducation nationale », assure la déléguée de SOS Éducation.

* Les prénoms ont été changés.

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