POLITIQUE

Emmanuel Macron de retour à la Sorbonne avec un grand discours sur l’Europe

avril 25, 2024 8:00, Last Updated: octobre 21, 2024 8:53
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Emmanuel Macron revient jeudi à la Sorbonne avec un nouveau discours pour une Europe « plus souveraine et plus puissante », surtout perçu comme une entrée en campagne du chef de l’État alors que son camp patine à six semaines des européennes.

Même lieu, même format et sans doute même durée (plus d’une heure) : sept ans après la « Sorbonne 1 », le 26 septembre 2017, le président va de nouveau dérouler à 11h00 une série de mesures pour passer à « l’Europe puissance ».

« On est dans un moment où se conjuguent beaucoup de crises. L’intuition, la volonté du président, c’est de se dire que, dans ces moments-là, il est possible de faire avancer des propositions et de faire des pas importants », résume un conseiller présidentiel.

Avec quel objectif ? « Influer sur l’agenda » de la prochaine Commission européenne à l’issue des élections de juin, assure la présidence, qui réfute toute tactique électoraliste. « C’est un moment institutionnel d’un chef d’État, qui n’engage pas simplement la parole de sa sensibilité politique, mais la parole d’un pays », a-t-on insisté.

Pour ses adversaires, Emmanuel Macron passe surtout à l’offensive à un moment où son camp, emmené par l’eurodéputée Valérie Hayer, peine à se frayer un chemin dans la campagne.

Un discours pour mobiliser les électeurs

La liste RN menée par Jordan Bardella reste largement en tête des intentions de vote (31%), avec une quinzaine de points d’avance sur Valérie Hayer (16%), suivie de près par Raphaël Glucksmann pour le PS et Place publique (13%), selon un sondage Toluna Harris Interactive pour Challenges, M6 et RTL paru mercredi.

« Ce discours n’a rien d’innocent », « c’est un discours électoral », martèle l’eurodéputé sortant RN Thierry Mariani. « Il utilise encore son rôle de président pour faire campagne, une grave atteinte à la démocratie », renchérit la tête de liste de La France insoumise, Manon Aubry.

Comme en écho au chef de l’État, Jordan Bardella tiendra jeudi après-midi une conférence de presse pour présenter son programme et tenter ainsi d’imposer un duel au sommet. Raphaël Glucksmann lui a grillé la politesse dès mercredi soir avec son propre « grand discours » sur l’Europe.

Présenté par certains comme une « arme anti-Bardella » lors de sa nomination en janvier, le Premier ministre Gabriel Attal semble pour l’heure en retrait dans la campagne des européennes.

Du coup, beaucoup de soutiens du chef de l’État comptent sur ce discours pour mobiliser les électeurs. Même s’ils reconnaissent qu’il peut aussi galvaniser ses opposants, en raison de sa forte impopularité. Emmanuel Macron prendra la parole devant les ambassadeurs des 26 autres États-membres de l’UE, la délégation de la Commission européenne en France, des chefs d’entreprise, des étudiants et des chercheurs.

Il a aussi invité les eurodéputés français mais son discours tombera en pleine session plénière du Parlement européen, la dernière avant les européennes (du 6 au 9 juin), où une série de textes importants doivent être adoptés. « Désolée, j’ai voté », a ironisé, parmi d’autres, l’eurodéputée socialiste Nora Mebarak.

Un test de « légitimité » pour le chef de l’État

Un quinquennat et demi plus tard, Emmanuel Macron estime avoir imprimé sa marque sur des sujets clés de l’Union européenne comme la souveraineté, la défense ou l’emprunt européen commun, un tabou pour l’Allemagne brisé lors de la pandémie de Covid – même si la France peine à dupliquer l’expérience.

Il va dresser jeudi un bilan des avancées depuis la Sorbonne 1 et esquisser des propositions face aux nouveaux défis européens, de la guerre en Ukraine à la rivalité sino-américaine.

Le chef de l’État estime avoir conservé toute sa « légitimité », celle des « réformes », pour parler d’Europe même si la France compte parmi les mauvais élèves du continent en matière de finances publiques. « On vient d’annoncer une réforme de l’assurance chômage qui est une des plus ambitieuses d’Europe », se défend un conseiller présidentiel.

Une légitimité qui sera mesurée à l’aune des réactions européennes jeudi. Dès vendredi, le président prendra aussi la température lors d’un échange avec des étudiants à Strasbourg, où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne.

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