Emmanuel Macron a dénoncé jeudi les « comportements irresponsables qui tuent » lors d’un hommage aux trois policiers victimes d’un chauffard et appelé au respect de ceux qui « risquent leur vie » pour les autres alors que le débat monte face aux violences répétées visant agents publics et élus.
« A la vue de vos trois cercueils, il n’existe que la sidération devant l’injustice et l’absurde », a lancé le chef de l’État, accompagné de son épouse Brigitte et du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, dans la cour de l’École nationale de police de Roubaix (Nord), là même où il avait détaillé une série de réformes à l’issue du Beauvau de la sécurité en septembre 2021.
Hommage aux trois policiers tués: les cercueils quittent la place d’armes, portés par des camarades de promotion des victimes pic.twitter.com/0Bh6mHI9Xh
— BFMTV (@BFMTV) May 25, 2023
Les trois policiers, Paul Medeiros, Manon Raux et Steven Greblac, âgés de 24 et 25 ans, ont été tués dimanche dans le Nord dans une collision avec un véhicule roulant à contre-sens conduit par un homme fortement alcoolisé et positif au cannabis, lui-même mort dans l’accident.
« Respect et considération » pour ceux qui servent et protègent
Devant les trois cercueils amenés dans un roulement de tambours funèbre, Emmanuel Macron a demandé « respect et considération » pour ceux qui servent et protègent » et pointé les « comportements irresponsables qui tuent ». Le chef de l’État, qui la veille évoquait une forme de « décivilisation » dans le pays, a ainsi fait le lien avec l’infirmière du CHU de Reims tuée lundi par un homme souffrant de troubles psychiatriques et toutes les violences visant forces de l’ordre, professionnels de santé, pompiers enseignants ou élus.
Légion d’honneur à titre posthume
Emmanuel Macron, qui s’était d’abord entretenu avec les familles, a remis la Légion d’honneur à titre posthume à Paul Medeiros, dont la compagne est enceinte, Steven Greblac, père d’un petit garçon, et Manon Raux qui avait fait des études de kiné avant de choisir la police. Le petit garçon et l’enfant à naître seront désormais pupilles de la Nation.
Les trois policiers transportaient dans leur voiture une jeune fille de 16 ans, victime d’une agression, qui a été grièvement blessée dans l’accident. Dans le public, devant un grand écran dressé à l’extérieur de l’école, collègues et proches de policiers ont rendu hommage aux trois victimes.
« Il avait à peine attaqué sa carrière de policier que ça se termine comme ça, c’est dramatique. Ça aurait pu être évité à cinq secondes, dix secondes près », a déploré Charles, ancien collègue de Paul.
« Il est temps que l’État mette en place de vrais moyens pour la police »
« Ils sont là pour nous protéger mais qui les protège eux ? Il est temps que l’État mette en place de vrais moyens pour la police », s’est interrogée Ludivine Decoopman, épouse d’un policier du commissariat de Roubaix, jugeant que la présence du président Macron avait peu d’importance.
Des propos relayés par Linda Kebbab, représentante syndicale Unité SGP Police-Force ouvrière, qui a dénoncé à l’issue de la cérémonie une « incapacité à lutter contre les criminels de la route » et « une augmentation des violences » visant notamment les forces de l’ordre.
Une « introspection plus profonde sur les maux de la société aujourd’hui »
Emmanuel Macron avait bouleversé son agenda pour se rendre à cet hommage. Au lendemain d’une longue crise sociale et politique sur la question des retraites, il avait déjà appelé mercredi ses ministres à « travailler en profondeur pour contrer ce processus de « décivilisation ».
L’expression, reprise par l’extrême droite, notamment par l’écrivain Renaud Camus, chantre de la théorie du « Grand remplacement », est très décriée.
Mais l’entourage du président évoque « un terme de recherche qui n’est pas préempté par un camp ou un autre » et qui appelle à une « introspection plus profonde sur les maux de la société aujourd’hui ».
« Une société dans laquelle la violence effectivement est exacerbée »
La démission du maire de Saint-Brevin (Loire-Atlantique), Yannick Morez, sous la pression et la menace constantes de l’ultra-droite, les intimidations subies par députés et élus locaux ne peuvent être mises « sur le même plan » que les drames de Reims et de Roubaix, insiste l’entourage du chef de l’État, car « ils n’ont pas la même cause ».
Pour autant, le camp présidentiel dénonce à l’unisson « une société dans laquelle la violence effectivement est exacerbée » et devient de la « violence ordinaire », selon les mots jeudi de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
En parlant de « décivilisation », « Emmanuel Macron vient une nouvelle fois de nous donner raison », s’est réjouie pour sa part Marine Le Pen jeudi, dénonçant par ailleurs des policiers « moralement désarmés ».
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