Emmanuel Macron et François Bayrou vont définir leur drôle de cohabitation

Par Epoch Times avec AFP
2 janvier 2025 15:53 Mis à jour: 2 janvier 2025 20:43

Quand Emmanuel Macron et François Bayrou se retrouveront vendredi à l’Élysée, les tensions nées de la nomination du Premier ministre seront-elles dissipées ? Le président, qui semble vouloir retrouver un peu de lumière, et son allié historique, jaloux de son indépendance, doivent définir leur relation.

Le premier Conseil des ministres de l’année sera aussi le premier du gouvernement du dirigeant centriste, qui a accédé mi-décembre à Matignon à l’issue d’un bras de fer houleux avec le chef de l’État.

Selon les récits qui ont émergé, le patron du MoDem a menacé Emmanuel Macron d’une rupture éclatante, et donc d’une nouvelle crise dans la crise, s’il nommait un autre chef de gouvernement que lui, persuadé d’être l’homme de la situation dans les « circonstances extrêmes » créées par la dissolution ratée de l’Assemblée nationale.

Une scène qui a « totalement brisé » leur relation, redoutait alors un interlocuteur des deux. « Ça va laisser des traces indélébiles », renchérissait un autre proche d’Emmanuel Macron, redoutant qu’il savonne en retour la planche de son Premier ministre.

« Ils se connaissent »

Trois semaines plus tard, de part et d’autre de la Seine, on s’efforce de relativiser. Rive gauche, où se trouve Matignon, on décrit des relations « aujourd’hui très bonnes », après cette franche « explication ». Dès avant Noël, François Bayrou avait assuré qu’il ne se laisserait pas entraîner dans « le petit jeu de l’affrontement ».

Rive droite, où trône l’Élysée, on évacue aussi les tensions. « Ils se connaissent, leur relation est faite de moments comme ça, mais ils se sont toujours dit les choses et ont toujours réussi à avancer », veut croire un proche du président.

Les deux hommes ont longuement déjeuné ensemble jeudi pour entamer l’année. Le chef de l’État cherche visiblement sur quel pied danser en 2025. Depuis la dissolution, il s’était imposé une forme de réserve, en se repliant sur son traditionnel « domaine réservé » – l’Europe, la diplomatie et la défense.

Son camp ayant perdu les législatives de l’été, il avait nommé un opposant de droite comme Premier ministre, Michel Barnier. La macronie étant restée la principale composante de ce gouvernement, il avait néanmoins refusé d’y voir une vraie cohabitation, préférant forger la formule « coexistence exigeante ».

Mais très vite, selon plusieurs de ses proches, il avait mal vécu cette relégation, et de voir sa politique économique pro-entreprises écornée, fût-ce à la marge. « Il n’a jamais renoncé à être au centre du jeu », glissait un familier du palais à l’automne, prédisant son retour en première ligne. Et quand Michel Barnier a été censuré par les députés, son premier choix de remplaçant s’est porté sur un fidèle, le ministre des Armées Sébastien Lecornu, pour « reprendre la main », comme l’ont rapporté plusieurs de ses proches.

 « Co-responsabilité »

François Bayrou a finalement réussi à se faire nommer, dans la douleur. Or, le centriste n’est pas un opposant : c’est même le premier allié d’Emmanuel Macron, celui qui, par son soutien avant sa victoire de 2017, lui a apporté sa légitimité de triple candidat à la présidentielle. De ce fait, le Béarnais considère qu’il a fait élire le président et qu’il ne lui doit rien.

Leur relation ? « Co-responsabilité », a esquissé le maire de Pau, quand le président s’est pour l’heure abstenu de la nommer. Mais c’est paradoxalement une drôle de cohabitation qui semble s’installer. « Bayrou est perçu par les gens comme au moins autant indépendant du président que Barnier », estime-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron. « Personne ne se dit qu’il sera l’obligé de Macron », ajoute-t-on.

Comme si, à l’Élysée, on avait choisi de faire contre mauvaise fortune bon cœur, mettant en scène une certaine distance pour mieux protéger le chef de l’État, visé par des appels plus ou moins explicites à la démission de La France insoumise et du Rassemblement national.

Les stratèges présidentiels assuraient d’ailleurs que les vœux aux Français de leur chef, le 31 décembre, étaient ceux d’un « garant » ou d’un « arbitre » plus que d’un gouvernant. Voire. Ou alors d’un « arbitre » qui a les fourmis dans les jambes pour retrouver le terrain de jeu.

Après avoir fait son mea culpa sur la dissolution, Emmanuel Macron ne s’est ainsi pas privé de dicter au gouvernement la politique à mener, dans la droite ligne de celle qui met en œuvre depuis bientôt huit ans : il faut que la France « continue d’être attractive », « travaille et innove plus », « continue de créer des emplois » et « assure sa croissance en tenant ses finances », a-t-il martelé. « J’y veillerai », a-t-il ajouté, dans une mise en garde à peine voilée à son allié.

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