Emmanuel Macron et Jean-Noël Barrot fixent le cap de la politique étrangère de la France pour 2025

Par Epoch Times avec AFP
6 janvier 2025 10:08 Mis à jour: 6 janvier 2025 10:11

Le président Emmanuel Macron expose lundi à Paris aux ambassadeurs français ses priorités de politique étrangère en 2025, sur fond de multiples crises dans le monde, de l’Ukraine au Moyen-Orient en passant par Taïwan.

« Les guerres en Ukraine et au Proche-Orient (…) nous concernent directement et menacent notre sécurité, notre unité, notre économie », a affirmé le président lors de ses vœux du Nouvel An aux Français.

« L’Europe ne peut plus déléguer à d’autres puissances sa sécurité et sa défense », a-t-il ajouté, insistant sur l’importance pour la France de « continuer d’investir pour son réarmement militaire, pour garantir notre souveraineté, la protection de nos intérêts et la sécurité de nos compatriotes ».

Alors que les forces ukrainiennes sont en grande difficulté depuis des mois face à l’armée russe, le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski est l’invité d’honneur de cette 30e édition de la conférence des ambassadeurs, qui se tient lundi et mardi.

La Pologne, qui soutient fermement l’Ukraine voisine depuis l’invasion russe en février 2022 et sert d’axe logistique pour l’aide militaire occidentale, a pris la présidence tournante de l’Union européenne le 1er janvier.

Avant l’investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis le 20 janvier, les Européens plaident pour la poursuite de l’aide à Kiev, craignant que le retour au pouvoir de l’Américain remette en cause la contribution du principal soutien à l’Ukraine.

De la situation au Proche-Orient

Dans son discours aux diplomates à l’Élysée, le président français devrait aussi revenir sur la situation au Proche et Moyen-Orient.

Depuis l’attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023, Israël poursuit son offensive militaire dans la bande de Gaza, ravagée par une très grave crise humanitaire et la mort de dizaines de milliers de civils. Le conflit s’est étendu au Liban contre le Hezbollah, allié du Hamas, même si un fragile accord de cessez-le-feu a été conclu fin novembre.

Enfin, le chef de l’État évoquera la Syrie, où s’est rendu le 3 janvier le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot pour rencontrer Ahmad al-Chareh, qui a pris les rênes du pays le 8 décembre après la fuite de l’ex-président syrien Bachar al-Assad.

M. Barrot et son homologue allemande ont plaidé pour une transition « pacifique » et « inclusive », et proposé l’expertise de leurs pays et de l’UE pour aider les Syriens à rédiger une nouvelle Constitution.

Paris a d’ailleurs proposé l’organisation d’une conférence internationale fin janvier, « associant la Syrie et ses partenaires » pour accompagner la transition politique « dans la bonne direction », selon M. Barrot.

Le ministre des Affaires étrangères tiendra de son côté une conférence de presse lundi avec son homologue polonais, qui présentera les priorités de la présidence de l’UE pour les six prochains mois.

Une réforme diplomatique décriée

M. Barrot s’adressera ensuite mardi au corps diplomatique pour lui exposer « sa feuille de route » 2025, selon son ministère.

Ce rendez-vous incontournable de la diplomatie française, qui se tient chaque année fin août-début septembre, n’avait pu se tenir en 2024 en raison des Jeux olympiques en France, suscitant des interrogations et ajoutant au malaise qui touche le ministère.

En 2022, une réforme prévoyant la suppression des deux corps historiques de la diplomatie française et la création d’un nouveau corps de l’État – les hauts fonctionnaires ne seront plus rattachés à une administration spécifique et pourront en changer en cours de carrière – avait suscité un tollé en interne.

Une grève rarissime avait même secoué le Quai d’Orsay, les diplomates redoutant une perte de compétences et de prestige du troisième réseau mondial, derrière ceux des États-Unis et de la Chine.

Malgré les promesses d’Emmanuel Macron de « réarmer » la diplomatie en augmentant moyens et effectifs en contrepartie de cette réforme, le projet de budget 2025, qui n’a toujours pas été adopté en raison de la crise politique en France, prévoit une baisse de 4,3% pour l’action extérieure de l’Etat, pour atteindre 3,3 milliards d’euro.

La part de l’aide au développement, également gérée par le Quai d’Orsay, chute quant à elle de 23%, à 2,4 milliards.

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