Le président français Emmanuel Macron a été rattrapé par les manifestations contre sa réforme des retraites lors d’une visite d’État mardi aux Pays-Bas alors qu’il prenait la parole sur l’avenir de l’Europe devant des étudiants.
« Où est la démocratie française ? », ont hurlé de jeunes protestataires depuis la tribune du théâtre où il entamait son discours à La Haye, déroulant une banderole sur laquelle était écrit en anglais « Président de la violence et de l’hypocrisie ». « Vous avez des millions de manifestants dans les rues », ont-ils lancé, alors que le gouvernement français est confronté depuis le début de l’année à une forte contestation de sa réforme visant à reporter de 62 à 64 ans l’âge de départ à la retraite.
« Macron, on est là pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur ! »
« Ceci est une démocratie et une démocratie est exactement un endroit où l’on peut manifester », a répliqué le chef de l’État lorsqu’il a pu reprendre la parole après une minute d’interruption. Mais « le jour où vous vous dites « quand je suis en désaccord avec la loi qui a été adoptée ou les personnes qui ont été élues, je peux faire ce que je veux, car je décide moi-même de la légitimité de ce que je fais », « vous mettez la démocratie en danger », a-t-il lancé.
Sa décision de recourir à la procédure du « 49.3 », soit une adoption du texte sans vote en engageant la responsabilité de son gouvernement, a enflammé la contestation en France, avec des manifestations émaillées de violences. Le président était aussi attendu à la sortie par une trentaine de jeunes Français qui ont scandé : « Macron, on est là pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur ! »
Emmanuel Macron n’est pas revenu sur ses propos controversés sur la Chine et Taïwan
« Réformer ce n’est pas simple », a relevé le roi Willem-Alexander lors d’un dîner d’État en l’honneur de son hôte. « Pour nous, pour l’Europe et pour le monde entier, il est capital que la France soit forte, prospère et confiante », a-t-il insisté, en saluant la « vision et l’énergie » du président français pour l’avenir de l’UE.
Durant son discours d’une trentaine de minutes, le chef de l’État, tout juste revenu de Pékin, a plaidé pour une plus grande autonomie économique de l’Europe, mais n’est pas revenu sur ses propos controversés sur la Chine et Taïwan. Son appel aux Européens lors d’interviews en Chine, à ne pas être « suivistes » sur Taïwan à l’égard de Pékin ou Washington ainsi qu’à « moins dépendre des Américains » en matière de défense, a déclenché un tollé. Des propos interprétés comme une prise de distance sur Taïwan alors que les États-Unis sont eux-mêmes très engagés en Ukraine, et qui ont suscité de vives réactions chez des parlementaires américains de premier plan.
Les Européens de l’Est, longtemps sous le joug de Moscou, restent aussi très attachés à l’Otan et à la protection américaine, a fortiori depuis la guerre en Ukraine, et regardent avec suspicion la défense européenne prônée par la France. Dans une forme de mise au point, la présidence française a souligné que M. Macron n’avait jamais appelé l’Europe à se tenir à « équidistance » des États-Unis et de la Chine. « Les États-Unis sont nos alliés, nous partageons des valeurs communes », a-t-elle insisté.
Une visite qui marque un rapprochement
Cette visite d’État consacre le rapprochement entre les deux pays depuis le Brexit en 2016. Mercredi, les deux gouvernements signeront un « pacte pour l’innovation » dans les semi-conducteurs et la physique quantique. Le couple présidentiel, accompagné du roi et de la reine, se rendra aussi à l’exposition Vermeer au Rijksmuseum d’Amsterdam dans la soirée avant de rentrer à Paris.
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