Le président de la République française serait actuellement en train d’élaborer conjointement avec la Chine, qui n’a jamais condamné formellement l’offensive russe en Ukraine, un projet de paix pour amener Moscou et Kiev à la table des négociations. Objectif : mettre un terme au conflit en Ukraine, rapporte le média britannique The Telegraph. « Il ne s’agit pas d’un plan de paix secret, il est beaucoup trop tôt », assure en revanche au journal Le Monde une source diplomatique.
Un plan de paix aux contours flous
Quoi qu’il en soit, pour mener ce projet, Emmanuel Macron aurait chargé Emmanuel Bonne, son conseiller en politique étrangère, de travailler avec Wang Yi, l’ancien chef de la diplomatie devenu directeur du bureau central des affaires étrangères du Parti communiste chinois, afin de « définir les paramètres » qui pourraient servir de base aux futures négociations. Elles pourraient démarrer dès cet été, selon les informations de Bloomberg, qui a obtenu confirmation d’un membre du gouvernement français. En revanche, ce dernier a refusé de donner plus de détails sur le projet en cours, précisant toutefois que les alliés sont tenus informés de toute initiative émanant de Paris.
La tenue de ces négociations reposerait sur plusieurs conditions. L’une d’entre elles : que la contre-offensive de printemps ukrainienne, attendue dans les prochaines semaines, se révèle un succès, ce qui permettrait à Kiev de se placer en position de force durant les pourparlers.
Samedi 15 avril, dans un communiqué, l’Élysée a indiqué que Volodymyr Zelensky et son homologue français ont « évoqué les étapes à venir dans l’organisation d’un sommet pour la paix » lors d’un entretien téléphonique. Néanmoins, à ce jour, il n’existe aucune information permettant de savoir avec certitude si l’exécutif macroniste a reçu un quelconque soutien du gouvernement ukrainien dans sa démarche.
« On peut mettre en avant n’importe quelle initiative de paix, le point principal à la base de tout est le retrait des troupes russes », ont fait savoir les autorités ukrainiennes ces derniers jours, ajoutant : « Si cette disposition est incluse, alors cela peut être regardé comme un plan sérieux. » « On ne peut pas précipiter les événements et tout se fera au rythme des Ukrainiens, assure-t-on à l’Élysée. Notre volonté est de faire en sorte que la guerre s’arrête le plus rapidement possible, et au moment où les Ukrainiens seront en position de force. »
Sans donner plus d’informations, des sources françaises ont confié au Telegraph : « M. Macron a déclaré publiquement lors de son voyage qu’il voulait amener la Chine à s’engager à jouer un rôle constructif. Naturellement, des discussions diplomatiques ont eu lieu et il y a un suivi. »
De son côté, le Kremlin a fait savoir mardi n’avoir reçu aucune notification relative à un projet d’accord de paix présenté par la France. Le dernier appel téléphonique entre le président français et Vladimir Poutine remonte au mois de septembre 2022.
Les positions d’Emmanuel Macron en proie à la défiance
Le chef de l’État s’est par ailleurs entretenu, jeudi 20 avril avec Joe Biden, pour la première fois depuis sa visite controversée à Pékin. À l’issue de leur conversation, l’Élysée a répété que « la Chine avait un rôle à jouer pour contribuer, à moyen terme, à la fin du conflit dans le respect des principes et des buts de la Charte des Nations unies. Les deux chefs d’État sont convenus de l’importance de continuer d’engager les autorités chinoises sur cette base ». Pour sa part, la Maison-Blanche a plutôt mis en avant, à la différence de l’Élysée, que les dirigeants français et américain « ont réaffirmé l’importance de maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan ». Et qu’ils « ont réitéré leur ferme soutien à l’Ukraine face à la brutale agression russe ».
Le voyage diplomatique d’Emmanuel Macron en Chine plus tôt ce mois-ci avait suscité une forte polémique en France et, plus largement, en Occident, à la suite de ses déclarations sur Taïwan, par lesquelles il appelait à ne pas se penser en « suiveurs » des États-Unis, plaidant plutôt pour le concept de « l’autonomie stratégique » européenne. Outre-Atlantique, en réaction, le New York Times n’avait pas hésité à titrer que « la diplomatie française sape les efforts américains pour contenir la Chine » et Paul Haenle, spécialiste de la Chine et ancien représentant de la Maison-Blanche sous les administrations Bush et Obama, avait confié au Financial Times qu’Emmanuel Macron sapait ses efforts visant à faire pression sur Xi Jinping à propos du dossier ukrainien.
En tout état de cause, ce nouveau projet d’Emmanuel Macron semble lui aussi être perçu d’un mauvais œil dans le monde anglo-saxon. Pour l’homme politique britannique Sir George Iain Duncan Smith, les Ukrainiens ne placent pas une grande confiance en Emmanuel Macron, soutient-il au Telegraph : « Ils ne lui font certainement pas confiance depuis qu’il est allé en Chine. Ils disent : Macron n’a qu’un objectif, et c’est de redorer l’image de Macron, et il se fiche de qui il trahit pour y parvenir, tandis qu’il fait face au chaos dans son pays ». Et d’ajouter : « Son comportement est vraiment bizarre et évoque celui d’un serpent dans l’herbe. »
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