Emmanuel Macron s’est estimé conforté par la résistance de son parti battu par le RN aux Européennes, au point de faire savoir dès dimanche soir qu’il compte « intensifier l’acte II » de son quinquennat.
« Les orientations annoncées après le grand débat vont se poursuivre, l’objectif est que les Français puissent ressentir le changement », a indiqué l’Élysée dès 20 heures.
LREM obtiendrait entre 22,4 et 22,6% des voix, contre 23,4 à 23,7% pour le RN, selon les dernières estimations disponibles.
Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, le ton était rassuré, certainement soulagé après de premiers sondages bien plus favorables au parti de Marine le Pen.
« On n’a jamais vu un parti au pouvoir avoir un score aux européennes aussi haut par rapport à l’élection présidentielle », s’est félicité la présidence, soulignant que les européennes sont traditionnellement défavorables au parti au pouvoir.
Pas de changement de Premier ministre en vue non plus, malgré les appels de l’opposition, même si des mouvements au gouvernement ne semblent pas exclus. « Le président garde toute sa confiance au Premier ministre », a répondu l’Élysée, interrogé sur l’éventualité d’un remaniement.
Pourtant, en installant ces élections comme un match entre Marine Le Pen et lui-même, en promettant de mettre « toute son énergie » à empêcher le RN d’arriver en tête et en laissant entendre qu’une place de deuxième serait pour son camp une défaite grave, le chef de l’État avait pris le risque de dramatiser une défaite.
Fidèle à lui-même, il a adopté la même attitude volontariste qu’après la crise des gilets jaunes et le grand débat, dont il a conclu qu’il fallait justement accélérer les réformes – mais avec une nouvelle méthode comportant « plus d’humain ».
« Cela rend les choses difficiles pour ses réformes futures », a pourtant averti Jérôme Fourquet directeur du département opinion de l’institut Ifop, alors que le gouvernement planche sur des réformes explosives – retraites, assurance chômage, fonction publique.
« Jusqu’ici, dans les rangs, personne ne bronchait, mais si l’exécutif dit qu’il faut accélérer et aller plus loin, certains pourraient demander d’autres solutions et lancer des mises en garde, comme François Bayrou », ajoute cet expert.
« Avec un autre président, on aurait prédit un coup d’arrêt des réformes. Mais ce président garde un côté joueur de poker qui prend des risques », a commenté l’analyste Philippe Moreau-Chevrolet, pour qui Emmanuel Macron jouait aussi sa place de rempart contre Marine Le Pen pour la présidentielle de 2022.
« Il peut faire valoir qu’il n’a pas perdu sa base, montrer la faiblesse du reste de l’offre politique, prendre un coup et rester debout », commente l’analyste.
« C’est un scénario de défaite idéal pour LREM dont la stratégie de regroupement – via le grand débat – et de polarisation a fonctionné. Macron a torpillé la droite. Il peut clamer aujourd’hui, avec crédibilité, que le nouveau clivage est celui des nationalistes contre les progressistes. C’était l’un de ses gros enjeux sur cette élection », ajoute Philippe Moreau-Chevrolet.
L’Élysée concède seulement « une déception » face à la deuxième place de la liste Loiseau, tout en relevant qu’il n’a pas subi de « vote sanction ».
Reste la place de la France en Europe et le poids du dirigeant français chez les 27, qui scruteront son score de près. Là encore, l’Élysée assure que le président français en sortira renforcé, grâce à la constitution d’un parti centriste au parlement.
« Au niveau européen, le président de la République reste à la manœuvre pour constituer une grande alliance progressiste en Europe, une force qui sera essentielle dans le nouveau Parlement européen », ajoute l’Élysée.
Emmanuel Macron comptait d’ailleurs parler dimanche soir à la chancelière allemande Angela Merkel ainsi qu’à plusieurs de ses homologues européens, en amont du sommet prévu à Bruxelles mardi soir, afin de « construire cet arc progressiste » et pour que « la France garde son influence dans les institutions européennes ».
D. S avec AFP
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