Face à face à Bruxelles entre les membres souhaitant attendre avant d’ouvrir les portes à la Macédoine du Nord et à l’Albanie, et les dirigeants qui veulent respecter les promesses.
Après le Brexit, les 27 se retrouvent confrontés à un nouveau casse-tête : l’élargissement de l’Union européenne à la Macédoine du Nord et à l’Albanie, auquel s’oppose le président français Emmanuel Macron, sous le feu des critiques de ses partenaires.
La France, les Pays-Bas et le Danemark ont émis des réserves et cela est un motif de « déception », a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.
« Nous avons fait des promesses à ces pays »
Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, s’est montré plus sévère en dénonçant « une lourde erreur historique ». « Pour être crédible, l’Union européenne doit respecter ses engagements », a-t-il souligné.
« Nous avons fait des promesses à ces pays », a renchéri le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, soulignant qu’une « écrasante majorité des États membres était favorable » à l’ouverture des négociations avec les deux candidats, qui requiert l’unanimité des États membres.
I would like to send a message to our Macedonian and Albanian friends: don’t give up! You did your share and we didn’t. But I have absolutely no doubt that you will become full members of the European Union.https://t.co/8G5z2NjHPr pic.twitter.com/xgTjKS0HML
— Donald Tusk (@eucopresident) October 18, 2019
Le Premier ministre tchèque Andrej Babis s’est montré encore plus sévère, pointant « un impact négatif pour toute la région (l’ouest des Balkans) et pour la crédibilité de l’UE ». « Lorsque nous promettons quelque chose et donnons de l’espoir, nous devrions tenir cette promesse. (…) Aucun pays n’a fait autant pour entrer dans l’UE que la Macédoine du Nord – ils ont changé leur nom, leur constitution, organisé un référendum. Je pense que tout ça est très mauvais ».
Emmanuel Macron veut réformer le fonctionnement de l’UE
Le chef de l’État français a justifié son opposition par la nécessité de réformer le fonctionnement de l’UE avant de s’ouvrir à de nouveaux membres.
« Avant tout élargissement, sachons nous réformer », a-t-il dit lors de sa conférence de presse. « Tous les progrès réclamés (aux deux candidats) n’étaient pas là », a-t-il jugé.
Pour Emmanuel Macron, il est également prioritaire de réformer le processus d’élargissement, qui « n’est plus adapté », « trop bureaucratique », et « ne parle plus aux peuples ».
La finalité de l’Europe ne doit pas être de s’élargir à tout prix. Elle ne marche pas déjà bien à 27, ça ne marchera pas mieux à 28, 30 ou 32. Avant d’accueillir de nouveaux États-membres dans l’Union, réformons-la. Faisons les choses dans l’ordre. pic.twitter.com/gePJzhL1NH
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 18, 2019
Les discussions ont duré jusque tard dans la nuit de jeudi à vendredi et plusieurs solutions de compromis ont été rejetées, selon des participants.
« Nous avons vu un duo bien réglé entre Macron et Rutte », le Premier ministre néerlandais, a confié l’un d’eux. « Ce qui servait l’un, servait l’autre ».
L’une des propositions rejetées était de dissocier les deux candidatures afin de permettre d’ouvrir les négociations avec la Macédoine du Nord.
Au sujet de l’immigration ?
Plusieurs diplomates ont estimé que le blocage français s’expliquait par des raisons de politique interne, liées aux questions d’immigration, avec la crainte d’un afflux en cas d’une plus grande ouverture des frontières.
Tout en affirmant que cela n’était pas le cas, Emmanuel Macron s’est interrogé : « Comment voulez-vous que j’explique à mes concitoyens que le deuxième pays qui demande le plus l’asile (politique) en France, ce sont des gens qui viennent de l’Albanie ? »
De son côté, le Premier ministre albanais Edi Rama a semblé vouloir apaiser les tensions, estimant que « ce n’est pas une décision contre l’Albanie ». « Ne soyons pas pessimistes », a-t-il ajouté, soulignant que « les États membres ont reconnu les progrès de l’Albanie, mais tout ceci est le résultat des problèmes internes de l’UE ».
Le dossier sera à nouveau évoqué au printemps 2020 lors du prochain sommet UE-Balkans à Zagreb, a annoncé Donald Tusk. La Croatie, prochaine présidente de l’UE, compte faire de l’élargissement l’une de ses priorités.
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