Une ancienne sculpture en bois noir accrochée sur la façade d’un restaurant d’un bourg du Maine-et-Loire suscite la polémique auprès de certains habitants. Ces derniers y voient en effet « un symbole dégradant » en lien avec la traite négrière.
À Saint-Georges-sur-Loire, une commune de 3500 âmes établie à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest d’Angers, la présence d’une sculpture vieille de 300 ans sur la façade d’un restaurant suscite la colère de certains habitants.
Baptisée « La Tête noire », cette sculpture – qui porte le même nom que le restaurant dont elle orne la façade – en bois noir figure un visage arborant une barbe fournie et bouclée.
Dans le cadre d’un entretien accordé aux journalistes de Ouest-France, Yannick Heintschel, le patron du restaurant concerné qui a mis la clef sous la porte au mois de mars, a expliqué que la fameuse tête « servait de proue à un bateau qui participait à la traite des esclaves dans les années 1700 ».
« Les clients ne m’ont jamais fait de remarques sur cette tête alors que j’en ai eu pour les tableaux de chasse qu’il y avait dans la salle », précise M. Heintschel.
Jean-Louis Ducluzeau, un Saint-Georgeois, y voit pour sa part « un symbole dégradant du colonialisme » et estime que la sculpture devrait être retirée de la façade du bâtiment.
« Elle peut être vécue comme une insulte pour beaucoup », affirme M. Ducluzeau dans les colonnes du quotidien régional.
Maine-et-Loire. La Tête noire est-elle un symbole de l’esclavage ? https://t.co/M6S65zpksL
— Ouest-France (@OuestFrance) September 25, 2020
« Nous ne sommes pas responsables de nos ancêtres »
D’après Françoise Capelle, qui fait partie de l’association Histoire des coteaux de Loire et de Maine (HCLM), les informations relatives aux origines de la sculpture en question sont minces.
Si elle confirme que l’objet paraît bel et bien dater du XVIIIe siècle, époque à laquelle « Saint-Georges-sur-Loire avait un lien avec le commerce triangulaire », l’historienne souligne que personne ne sait vraiment ce qu’elle est censée représenter. Selon elle, le fait qu’elle ait pu un jour orner la proue d’un bateau n’a pas non plus été démontré.
À l’époque, Nantes était le premier port négrier de France et plusieurs armateurs qui s’étaient enrichis en faisant commerce d’esclaves ont acquis des châteaux dans la région ligérienne.
C’est notamment le cas d’Antoine Walsh, un armateur fortuné devenu propriétaire du château de Serrant, sur la commune de Saint-Georges-sur-Loire, en 1749.
« Les Walsh tirent toute leur fortune du commerce triangulaire et de la traite négrière. Des négrillons, comme on les appelait, ont travaillé dans le château. On a retrouvé leurs actes de baptême », a expliqué Mme Capelle à la rédaction de Ouest-France.
Un épisode de l’histoire locale qui pourrait expliquer la présence de la sculpture aujourd’hui contestée en plein centre-ville du bourg.
« Nous ne sommes pas responsables de nos ancêtres. Mais il faut reconnaître cette histoire. On ne peut pas nier ce qui a existé », observe l’historienne.
Pour M. Ducluzeau, la Tête noire mériterait désormais d’être décrochée de la façade du restaurant afin d’être exposée « en mairie avec une plaque explicative ».
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