OPINIONS

Mais où sont les tests de dépistage du Covid-19 en France ?

avril 24, 2020 16:09, Last Updated: avril 24, 2020 16:09
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Avec 0,9 % de sa population testée, la France est très en retard sur l’Allemagne ou l’Italie. Or les tests, outils de responsabilité individuelle, sont clefs pour le dé-confinement et la reprise des activités sociales et économiques.

Lors de son intervention à la télévision, le Président Emmanuel Macron a annoncé : « Le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes. Nous n’allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n’aurait aucun sens. » Outre le fait que cela indique qu’à ce jour nous ne sommes toujours pas capables de tester toutes les personnes symptomatiques, cette démarche ne permet pas de garantir une sortie réussie du confinement.

Les expériences étrangères montrent que la préservation ou la reprises des activités économiques et sociales suppose de pouvoir tester à grande échelle. La montée en puissance de la capacité de test devrait être, en parallèle des soins apportés aux personnes malades, une priorité de nos autorités politiques. C’est à elles que revient la responsabilité fondamentale d’assurer un compromis entre notre survie sanitaire et économique. Les tests sont un moyen incontournable d’assurer tout à la fois la protection de la population et la reprise du travail.

À ce jour, les capacités de test restent trop faibles en France. Pour des raisons légales, bureaucratiques, logistiques, le mois passé en confinement depuis le 17 mars n’a pas permis de rattraper le retard accumulé par rapport à nos voisins.

Ainsi, selon les dernières données disponibles, la France n’a réussi à tester que 0,9 % de sa population, soit un niveau très faible. Proche de la Grande-Bretagne, il est bien loin de ce qu’on observe en Allemagne ou Italie.

Sur 100 habitants, la France est en mesure de tester seulement 0,9 personnes. Or, les tests sont incontournables, comme le rappelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou les experts en maladie infectieuse tels Didier Raoult. Ils le sont sans doute plus encore dans le cas du Covid-19, du fait du fort nombre de cas asymptomatiques. C’est un aspect très particulier de ce virus qui serait, selon de nombreuses études, transmis par des personnes en bonne santé à des personnes fragiles, créant ainsi d’importants besoins en services de santé.

La résurgence du nombre de cas en Chine pourrait illustrer cette problématique. Un article publié le 2 avril 2020 dans le British Medical Journal, précise que « les nouvelles données venant de Chine indiquerait qu’une majorité de cas contaminés par Covid-19 ne présente aucun symptôme. » Cette information confirmerait les observations sur l’Islande et la ville de Vò en Italie.

En effet, à ce jour, l’Islande est sans doute le pays qui a pratiqué le plus de tests en pourcentage de sa population. Au 23 avril, ce tout petit pays de 360 000 habitants avait testé 12 % de sa population. Or ces tests, réalisés pour moitié par l’entreprise biopharmaceutique deCODE genetics, révèlent, selon son fondateur, le Dr. Kári Stefánsson, qu’environ 50 % des personnes contaminées ne présentaient aucun ou de légers symptômes.

Même son de cloche dans la petite ville de Vò en Italie, située dans la province de Padoue à 60 km de Venise, qui a la particularité d’avoir testé et re-testé ses 3 400 habitants. Les résultats indiquent qu’entre la moitié et les 2/3 des personnes testées positives ne présentaient pas de symptômes.

Cet élément rend la sortie du confinement problématique s’il n’y a pas de déploiement massif des tests. En effet, le confinement à l’heure actuelle sert de mesure barrière pour ralentir la propagation silencieuse du virus. Sans confinement, il nous faut des moyens de rendre visible le coronavirus. Il est fondamental de pouvoir tester les personnes présentant des symptômes, mais aussi, et peut-être plus encore, les personnes sans symptômes. Une partie d’entre elles représentent, à leur insu, un danger pour les autres.

Pour pouvoir être responsable vis-à-vis des autres, pour ne pas craindre d’être contaminé, il faut pouvoir être testé. Le test n’est pas seulement un instrument de mesure sanitaire. Il est aussi un instrument de responsabilité individuelle et donc un facteur de confiance collectif.

Grâce au test, on peut se rassurer soi-même et rassurer les autres. On peut agir en conséquence de façon responsable, en allant au travail ou en se confinant. Le test est un instrument économique et social prioritaire.

Il est de nature à permettre aux entreprises d’offrir à leurs salariés des conditions de travail sécurisées. A l’heure actuelle, nombre d’entreprises ne peuvent tout simplement pas envisager de rouvrir leurs portes faute de réunir ces conditions. D’autres comme Amazon, essaient de poursuivre leurs activités commerciales. Mais elles sont rattrapées par les obligations qui pèsent sur elles en matière de protection de ses salariés. Elles sont censées s’assurer qu’elles ne laissent pas leurs salariés se contaminer sur leur lieu de travail, mais n’en ont pas les outils. Pour garantir un bon dé-confinement, rassurer les salariés tentés d’exercer leur droit de retrait, la montée en charge de la capacité de tests devrait être une priorité nationale. Elle permettrait d’aligner les intérêts de toute la société dans son ensemble, en limitant les risques sanitaires sans mettre en péril la société par un déclin économique dû au confinement.

Article de Cécile Philippe avec l’aimable autorisation de Institut économique Molinari

Cécile Philippe est présidente de l’Institut économique Molinari. Elle est auteur d’un grand nombre d’articles publiés dans des journaux aussi bien francophones qu’anglophones, Cécile Philippe intervient régulièrement à la radio et à la télévision sur des questions de politiques publiques. Elle est docteur en économie.

L’Institut économique Molinari (IEM) est un organisme de recherche et d’éducation. Il vise à entreprendre et à stimuler l’approche économique dans l’analyse des politiques publiques. Il a été baptisé du nom de Gustave de Molinari. Économiste et journaliste franco-belge, il a lui-même oeuvré toute sa vie à promouvoir cette approche.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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