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Malaise et réforme dans les rangs socialistes

juin 29, 2015 9:27, Last Updated: juin 29, 2015 9:27
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« Tout le monde lui a dit comprendre ce choix ». Quand il a annoncé sa démission du PS, le député Philippe Noguès a reçu le soutien de ses amis. Premier frondeur à marquer sa défection du parti par un départ pur et simple, le symbole a de quoi embarrasser le gouvernement.

Une unité de surface

Lors du Congrès de Poitiers au début du mois, le mot d’ordre avait été passé dans les troupes : hors de question de siffler. Il fallait éviter le malaise lors du meeting de Bordeaux des Républicains lorsque Alain Juppé avait été hué par une partie de l’assemblée. Alors que la courbe de l’impopularité du président ne donne pas de signe d’inversion, l’unité est importante au parti pour garantir le succès aux prochaines échéances électorales : les régionales en décembre, puis la présidence en 2017.

« Comme on ne pouvait pas exprimer notre opposition, à la demande des chefs, on a préféré sortir et aller à la buvette », confiait un frondeur lors du congrès. L’union de surface n’aura donc pas duré. Le congrès plié, le gouvernement a utilisé pour la deuxième fois le 49-3 pour faire passer une partie de la Loi Macron. « On nous a demandé la clarification au parti socialiste, elle a eu lieu, il faut savoir terminer un congrès », continuait à répéter Jean-Christophe Cambadélis, espérant faire taire les voix contestatrices qui se sont rapidement élevées.

Après la confrontation, la résignation

Y aurait-il une résignation de la part des députés frondistes ? Leur premier objectif, en tant que frondeurs, était d’apporter le changement depuis l’intérieur, d’infléchir la politique du gouvernement trop libérale à leur goût. Or, les deux « passages en force » du 49-3, lors de l’adoption des lois économique d’Emmanuel Macron, ont sérieusement entamé leur moral. Le fait que Manuel Valls engage sa responsabilité personnelle dans le texte a été perçu comme une fermeture supplémentaire au dialogue.

« Dans ces conditions, la fronde n’a plus tellement d’intérêt » – Liêm Hoang-Ngoc, ancien député européen et frondeur.

Un troisième recours au 49-3 devrait conclure la série. D’après un député PS, le président aimerait faire passer le prochain volet économique de la même manière que les précédents, dans les semaines à venir.

« Ce n’est pas Manuel Valls qui s’éloigne de la gauche, ce sont les frondeurs qui s’éloignent du PS », a analysé de son côté le député Hugues Fourage, en reprochant à l’aile gauche du PS de ne pas respecter la majorité du groupe socialiste de l’Assemblée. Et effectivement, les frondistes expriment de plus en plus ouvertement leur désir de quitter le parti à la Rose.

« On ne peut pas continuer à faire comme avant »

Philippe Noguès a été le premier à ouvrir cette voie, le 16 juin. Se voulant constructif, l’élu espère créer un « mouvement commun » pour rassembler et ouvrir une alternative à gauche. « Ce départ, c’est un pas vers une meilleure clarté, tant mieux », commentait Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l’Assemblée, dans Le Parisien.

Liêm Hoang-Ngoc, ancien eurodéputé, juge pour sa part qu’« il n’y aura pas de changement de cap d’ici à 2017. Dans ces conditions, la fronde n’a plus tellement d’intérêt ». Le temps des sifflets, des piques lancées au gouvernement, c’est fini. L’opposition se jouera sur un nouveau tableau.

Le gouvernement se prépare actuellement pour les nouvelles échéances électorales, notamment avec la nomination de Julien Dray, investi de la mission de créer une « alliance populaire » avec les autres partis de Gauche. Rassembler, fédérer, l’objectif du PS ne change pas.

Les frondistes démissionnaires rêvent eux aussi de rassemblement. La première étape sera le projet de loi du budget 2016, qui servira de test et pourrait confirmer ou apaiser le malaise actuel. Ensuite, les régionales de décembre pourraient constituer un « laboratoire » pour les nouvelles idées, notamment sur la création d’un nouveau mouvement.

L’idée d’une structure horizontale séduit déjà quelques députés frondistes, qui rêvent déjà de s’affranchir des structures « pyramidales » existantes, si peu enclines au dialogue. « Certains diront que c’est un suicide politique, mais on ne peut pas continuer à faire comme avant […] » soutient Isabelle Attard, députée du Calvados. Les frondistes, eux, semblent ne pas être intéressés par la direction sociale-démocrate, plus pragmatique, prise depuis 2012 par le PS.

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