La malbouffe américaine : un mauvais exemple pour le monde

15 mai 2016 21:33 Mis à jour: 2 mai 2017 20:52

Une personne sur deux dans le monde souffre soit de surpoids, soit de dénutrition, voire de faim. Le déséquilibre alimentaire a donc atteint des proportions records.

En l’espace de 40 ans, nous sommes passés d’un monde avec deux fois plus de gens souffrant de la faim que de gens souffrant d’obésité à un monde où l’obésité prédomine. Six pays – les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, l’Irlande et la Nouvelle-Zélande – sont à l’origine de ce changement, selon une vaste étude publiée par la revue scientifique médicale  Lancet en avril dernier.

Malgré sa répartition inégale, la production alimentaire mondiale est plus que suffisante pour nourrir toute l’humanité. En théorie, si nous pouvions tout simplement trouver comment adopter un régime équilibré – de manière à ce que les personnes en surpoids maigrissent et que ceux qui ont faim aient plus à manger – alors chacun serait nourri de manière optimale.

Une nouvelle étude du World Resources Institute s’est intéressée à la manière dont un tel but louable pourrait être atteint. Non seulement nous pourrions améliorer notre santé mais, plus important, nous pourrions permettre à toute l’humanité d’avoir suffisamment à manger pas seulement aujourd’hui, mais également dans le futur.

Tout a commencé aux États-Unis

L’étude s’est intéressée à ce qui pourrait se passer si nous changions nos habitudes alimentaires, principalement à ce qui concerne la surconsommation dans ce déséquilibre.

Un supermarché de Monterey Park (Californie) le 18 juin 2004, au rayon des sodas et autres boissons sucrées. (FREDERIC J. BROWN/AFP/Getty Images)
Une femme fait son épicerie au rayon des boissons gazeuses et autres boissons sucrées dans un supermarché de Monterey Park, Californie, le 18 juin 2014. (FREDERIC J. BROWN/AFP/Getty Images)

Trois scénarios ont été étudiés. Le premier consiste à réduire la surconsommation de calories, le second à réduire l’apport de protéines d’origine animale et le troisième à réduire la consommation de bœuf, dont les protéines sont de loin les plus inefficaces sur la planète.

Toutes ces modifications alimentaires ont apporté des bienfaits sur la santé et l’environnement, mais le scénario qui serait le plus efficace est le second, celui qui encouragerait la réduction générale de la consommation de protéines d’origine animale.

L’étude a révélé que le régime alimentaire moyen des Américains contenait 500 calories de plus que la moyenne des régimes dans le monde. Plus alarmant encore, les ressources et le mauvais impact sur l’environnement associés à la production de la nourriture quotidienne des Américains atteignent presque deux fois la moyenne mondiale.

Les faits montrent que les Américains surconsomment : le taux d’obésité y est le plus élevé au monde, touchant plus d’un tiers des adultes et environ 9 millions d’enfants, selon les données gouvernementales des États-Unis.

Les Américains s’empiffrent également de viande : les États-Unis sont le quatrième pays qui consomme le plus de viande par habitant dans le monde, après l’Argentine, l’Uruguay et le Brésil, selon l’OCDE. En outre, l’étude révèle que l’apport quotidien en protéines d’origine animale des Américains est plus important que celui de n’importe quel autre pays.

Les habitants des pays en voie de développement idéalisent ce mode alimentaire, perçu comme un avant-goût du rêve américain.

En fait, l’étude a estimé que 90 % de la terre agricole utilisée aux États-Unis servait à la production des protéines animales du régime alimentaire de la population locale.

Les américains absorbent plus de protéines animales que dans n'importe quel pays du monde. (Cco Public Domain)
Les Américains absorbent plus de protéines animales que dans n’importe quel pays du monde. (Cco Public Domain)

Le régime alimentaire américain a déjà influencé beaucoup de pays en voie de développement, où la consommation de la viande et des aliments transformés est en augmentation.

En même temps que leur richesse par habitant augmente, les habitants des pays en voie de développement recherchent de plus en plus un avant-goût du rêve américain.

D’après le World Resources Institute, les habitudes alimentaires dans le monde convergent vers un régime de type occidental, avec un grand apport en glucides raffinés, en sucres ajoutés et en graisses (connus collectivement comme des aliments hautement transformés), et des protéines animales en grande quantité.

Si on demandait aux Américains s’ils préfèrent avoir un poids normal ou être en surpoids, peu d’entre eux choisiraient le surpoids.

L’étude cite le pouvoir d’achat grandissant, l’urbanisation, l’accès à la restauration rapide et les plats cuisinés comme autant de facteurs qui font évoluer les autres régimes alimentaires vers le mode alimentaire américain.

Une obésité endémique

C'est aux États-Unis que l'obésité est la plus répandue, avec plus d'un tiers des adultes et environ neuf millions d'enfants. (ROBYN BECK, RONALDO SCHEMIDT, PAUL ELLIS/AFP/Getty Images)
C’est aux États-Unis que le taux d’obésité est le plus élevé au monde, avec plus d’un tiers des adultes et environ 9 millions d’enfants qui souffrent de cette maladie. (ROBYN BECK, RONALDO SCHEMIDT, PAUL ELLIS/AFP/Getty Images)

La nourriture industrielle pourrait apporter bien des avantages aux gens, mais on a déjà eu la preuve que ce changement de régime alimentaire a des conséquences fâcheuses dans des pays émergents, tels que la Chine, l’Inde, le Brésil et le Mexique.

En Chine, par exemple, le taux d’obésité a triplé entre 1991 et 2006, selon le World Resources Institute. Environ 25 % des Chinois adultes sont aujourd’hui en surpoids ou obèses.

En Inde, le nombre de personnes atteintes du diabète – conséquence d’une surconsommation de sucre – a triplé entre 1995 et 2014, atteignant 66,8 millions d’individus, selon la chaîne de télévision nationale indienne NDTV, qui a publié sur internet un article au titre révélateur Diabetes: The Epidemic That Indians Created (Le diabète, l’épidémie créée par les Indiens).

Ce que NDTV relève c’est que cette pathologie peut être évitée, puisqu’elle est directement liée à ce que nous mangeons.

Alors que faire ?

Si on demandait aux Américains s’ils préfèrent avoir un poids normal ou être en surpoids, peu d’entre eux choisiraient le surpoids. Nous voulons tous avoir un régime alimentaire qui nous apporte la santé.

L’idée d’un régime alimentaire équilibré est hors de portée pour de nombreux Américains.

De nos jours, il est même difficile de savoir ce que cela signifie. L’idée d’un régime alimentaire équilibré est hors de portée pour de nombreux Américains. Leur compréhension de ce qu’ils devraient manger a été manipulée par des politiques gouvernementales, des messages commerciaux, les derniers régimes à la mode et même des études scientifiques prêtant à confusion.

Ce qui porte le plus à confusion est le peu de connaissances que les gens ont sur le fait que ce qui peut être sain pour un individu peut ne pas l’être pour un autre. Certaines personnes supportent mieux les graisses, d’autres les toxines. On pourrait l’appliquer au lait (lactose), au pain (gluten), aux noix (allergies), à la nourriture crue, à la nourriture épicée, à la viande et au sucre. C’est probablement à chacun de décider pour lui-même quel régime alimentaire lui convient.

Un point est cependant pertinent à cette discussion et reçoit beaucoup d’attention aujourd’hui, c’est ce qui est perçu comme une grosse erreur que le gouvernement américain a faite en recommandant aux Américains de suivre un régime faible en graisse.

Le lien entre un régime gras et les maladies vasculaires se base sur les recommandations scientifiques qui ont largement été discréditées.

Des recherches sur la santé permettent de penser aujourd’hui que le surpoids de la plupart des Américains est le résultat de cette erreur. La politique gouvernementale a soutenu pendant des décennies des pratiques irresponsables des industries de la nourriture.

Les premiers défenseurs de régimes faibles en graisses n’avaient certainement pas anticipé que l’industrie allait remplacer les graisses par des sucres ajoutés, et que ces sucres allaient provoquer un si grand problème alimentaire.

Les chercheurs ont noté que la consommation de sucres ajoutés est 30 fois plus élevée depuis 1776.

Le sucre, et en particulier le sirop de maïs hautement concentré en fructose, comme celui qu’on peut trouver dans la plupart des boissons gazeuses, est désormais fortement reconnu comme ayant un lien avec l’obésité et le diabète de type 2. Le sucre raffiné, connu sous le nom de saccharose et fabriqué à 50 % de fructose, est également concerné.

De grandes quantités de sucres ajoutés sont contenus dans ces cupcakes avec glaçages. (Creative Commons Cco)
Les petits gâteaux avec glaçage contiennent de grandes quantités de sucre ajouté. (Creative Commons Cco)

Une étude publiée en mars 2015 dans Mayo Clinic Proceedings, une revue médicale supervisée par des pairs, a trouvé que la consommation en grande quantité de sucres ajoutés, par exemple, menait à l’endémie de diabète et d’obésité aux États-Unis.

L’étude a permis aux chercheurs de comprendre les différents types de calories et leurs différents effets sur le métabolisme du corps humain.

Le fructose, trouvé dans de nombreux aliments transformés, est métabolisé très rapidement, menant à une accumulation des graisses particulièrement nuisible, en aggravant les niveaux d’insuline, l’inflammation et la tension artérielle. Les chercheurs ont noté que la consommation de sucres ajoutés est 30 fois plus élevée depuis 1776.

Le sucre sous la forme consommée aujourd’hui était extrêmement rare. Il y a 200 ans, une personne moyenne en consommait seulement 2 kilos par an, contre 60 kilos en 1994. Cela représente l’absorption de plus de 150 grammes de sucres ajoutés par jour !

Le corps transforme la nourriture en énergie, et la principale source d’énergie est un sucre appelé glucose. Alors que le glucose est présent dans les protéines et les graisses, la plus grande partie est fournie par les fibres telles que le pain, le riz, les légumes et les fruits.

Certains fruits et légumes contiennent du fructose. Toutefois, James J. DiNicolantonio, chercheur spécialiste du système cardio-vasculaire au Saint Luke’s Mid America Heart Institute, qui a conduit la recherche Mayo, a affirmé dans une vidéo associée à cette recherche que le fructose présent dans les aliments entiers était sain.

« Nous ne condamnons pas la consommation de fruits ou légumes contenant du fructose », a-t-il affirmé.

Jusqu’à ce qu’il soit modifié en 2015, l’influent guide alimentaire américain (U.S. Dietary Guidelines) autorisait jusqu’à 19 % de calories par jour, issues des sucres ajoutés. Après la modification, il a réduit ce taux à 10%.

C’est un bon début, mais la route est longue.

L’Organisation mondiale de la santé recommandait de limiter la consommation de sucres ajoutés à 10 % par jour depuis 1989. En 2015, elle a même émis une recommandation conditionnelle pour que les pays considèrent réduire ce taux à 5 %.

Cette recommandation va probablement apporter des bienfaits sur la santé, mentionne l’OMS dans un communiqué de presse, mais c’est conditionnel parce que peu d’études ont été produites dans des pays où la population consomme peu de sucre. De telles populations sont probablement extrêmement difficiles à trouver.

Version originale : How the American Diet Sets a Bad Example for the World

 

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