La France a déclaré le 4 avril être « gravement préoccupée » par de possibles « exactions » commises au Mali par des soldats maliens « accompagnés de mercenaires » du groupe privé russe Wagner, a indiqué son ministère des Affaires étrangères.
Le 1er avril dernier, l’armée malienne a affirmé dans un communiqué avoir tué « 203 combattants » de « groupes armés terroristes » lors d’une opération menée du 23 au 31 mars « dans la zone de Moura à 17 kilomètres au nord-est de Kouakjourou dans le cercle de Djenné ».
L’état-major invitait dans la foulée « les populations à la retenue contre les spéculations diffamatoires à l’encontre » des forces armées maliennes. Les réactions internationales contestent cette version des faits et aucun bilan n’a pu être vérifié par l’Agence France Presse (AFP) .
Dans un communiqué, le quai d’Orsay indique être « préoccupé par les informations faisant état d’exactions massives dans le village de Moura par des éléments des forces armées maliennes accompagnées de mercenaires russes du groupe Wagner, et qui auraient causé la mort de centaines de civils ».
Ces déclarations interviennent dans un contexte où les forces françaises antidjihadiste Barkhane sont en train de se retirer progressivement du Mali.
« Protéger les populations civiles »
La diplomatie française « appelle à l’ouverture rapide d’enquêtes pour traduire en justice leurs auteurs ». Elle souligne que « la lutte contre les groupes terroristes qui opèrent au Sahel ne saurait en aucun cas justifier des violations des droits de l’Homme ».
« La lumière doit être faite sur les conditions des opérations anti-terroristes ces dernières semaines au Mali », a renchéri le président du Conseil européen Charles Michel, qualifiant de « troublants » les « témoignages sur les décès de centaines de personnes ».
À Bruxelles, le haut-représentant de l’Union européenne Josep Borrell a jugé « essentiel que la Minusma (Mission de l’ONU) puisse avoir accès aux lieux des événements afin d’épauler les autorités de transition dans leur enquête ». « Le comportement exemplaire de l’État et de ses forces de sécurité dont le mandat premier est de protéger les populations civiles ne peut souffrir d’aucune exception », a-t-il conclu.
Des ONG dénoncent les affrontements
Les violences djihadistes ont fait des dizaines de morts civils au cours des dernières semaines dans le centre-est du Mali et la région dite des trois frontières (entre Mali, Niger et Burkina Faso), selon la Minusma.
Cette vaste étendue est le théâtre de violences et d’affrontements entre bon nombre des organisations armées (régulières et irrégulières) présentes sur le terrain, y compris entre groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation terroriste État islamique (EI).
Les djihadistes sont accusés de s’en prendre aux civils qu’ils soupçonnent de collaborer avec leurs ennemis ou de les renseigner. Parallèlement, des ONG et d’ex-rebelles incriminent les forces armées maliennes (FAMa) pour des exactions présumées.
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