Mali : plus de 130 Peuls massacrés dans un village

25 mars 2019 12:09 Mis à jour: 25 mars 2019 12:09

Une délégation du gouvernement malien était en route dimanche pour le village peul du centre du Mali où plus de 130 personnes ont été massacrées samedi par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons, a-t-on appris de source administrative.

L’attaque samedi d’un village peul du centre du Mali par des membres présumés de groupes de chasseurs traditionnels dogons a dépassé les 130 morts, selon un nouveau bilan donné par les autorités locales, confirmé par une source de sécurité et une association.

« Le nouveau bilan est de 130 morts », a affirmé à Cheick Harouna Sankaré, le maire de la localité proche de Ouenkoro, expliquant que les corps de personnes portées disparues avaient été retrouvés.

D’après Le Monde, un responsable humanitaire malien a dû enjamber les corps et les soulever pour pouvoir les compter. Des scènes d’une horreur qu’il dit n’avoir encore jamais vue. Des corps sans tête, d’autres jetés au fond d’un puits et des amas de chaires noires, brûlées vives. « Ils n’ont épargné personne. Ils ont tout brûlé avec de l’essence et tué tout ce qui bougeait encore avec des armes militaires ».

L’association de défense des droits des populations pastorales Kisal, qui avait auparavant signalé des « exactions perpétrées contre la communauté peule par des hommes armés habillés en chasseurs dans le cercle de Bankass », a annoncé un bilan d’« au moins 130 Peuls tués à Ogossagou-Peul, dans la zone de Bankass », près de la frontière avec le Burkina Faso.

« Ce sont les chasseurs traditionnels qui sont accusés par les rescapés », a souligné le préfet de Bankass, Boubacar Kané.

« Au moins 134 civils, y compris des femmes et des enfants, auraient été tués et au moins 55 blessés » à la suite de l’attaque, a indiqué le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans un communiqué samedi soir.

L’association de défense des droits des populations pastorales Kisal a annonce un bilan de « 134 morts dont des femmes, enfants, vieillards, adultes et adolescents », dimanche sur sa page Facebook. Un précédent établi par des sources de sécurité et des autorités locales avait fait état samedi d’au moins 105 civils tués.

C’est l’attaque contre des civils la plus meurtrière au Mali depuis 2012, alors que le nord était tombé sous la coupe de groupes islamistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, qui avait été lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, et qui se poursuit.

L’attaque de samedi, survenue à l’aube, est le fait présumé de chasseurs dogons, selon des sources concordantes. Elle a eu lieu en pleine visite d’une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU dans un Sahel en proie à la menace jihadiste.

L’attaque est également survenue six jours après un attentat jihadiste à Dioura, dans la même région mais beaucoup plus au nord, contre un camp de l’armée malienne, qui a perdu 26 hommes, selon un dernier bilan de source militaire.

Dans un communiqué de revendication vendredi, la principale alliance jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda justifie l’opération de Dioura par les « crimes odieux commis par les forces du gouvernement de Bamako et les milices qui le soutiennent contre nos frères peuls ».

Depuis l’apparition il y a quatre ans dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs propres « groupes d’autodéfense ».

Ces violences ont coûté la vie à plus de 500 civils en 2018, selon l’ONU.

Les Peuls dénoncent des exactions de la part de groupes de chasseurs, tolérées voire encouragées selon eux au nom de la lutte contre les jihadistes, par les autorités ou l’armée, ce que dément le gouvernement.

D. S avec AFP

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