Une ancienne fleuriste a demandé, mercredi devant la cour d’appel de Rennes, la reconnaissance du préjudice subi par sa fille, morte à l’âge de onze ans d’un cancer lié à son exposition aux pesticides durant la grossesse.
Emmy Marivain, 11 ans, est morte d’une leucémie le 12 mars 2022. Le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) a reconnu « le lien de causalité entre la pathologie » d’Emmy et « l’exposition au pesticides durant la période prénatale », a-t-il indiqué à l’AFP.
Mais, en indemnisant ses parents, le FIVP n’a tenu compte « à aucun moment du préjudice subi par Emmy », a dénoncé l’avocat des parents Me François Lafforgue.
Elle nettoyait les taches de pesticides sur les fleurs
La mère d’Emmy, Laure Marivain, a été exposée dès ses 20 ans à de nombreux herbicides dans le cadre de sa profession, notamment en nettoyant « les taches bleues et jaunes » sur les végétaux recouverts de pesticides qu’elle réceptionnait en grande quantité. « Une contamination qui, malheureusement, passe la voie placentaire au moment de la grossesse et qui entraîne la contamination des fœtus », a expliqué Me Lafforgue.
« J’ai empoisonné ma fille », a lâché Laure Marivain devant la cour d’appel, ajoutant : « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là ».
« Quand Emmy est née, elle ne pleurait pas. Elle était toute violette. L’anesthésiste nous a dit qu’il y avait un problème avec le placenta, qu’il était carbonisé, tout noir. Et puis ses bilans n’étaient pas bons. Une sage-femme m’a même demandé si je m’étais droguée pendant ma grossesse », rapporte-t-elle à Radio France.
43 pesticides sur un bouquet de fleurs
Le diagnostic tombe, lorsque sa fille a quatre ans. Au service d’oncologie pédiatrique, elle a été avertie qu’il s’agissait « d’un gros cancer ». « Ma première réaction ça a été de demander aux médecins : ‘‘comment c’est possible d’avoir un cancer à quatre ans ?’’ On nous a juste dit : ‘‘c’est comme ça, c’est la faute à pas de chance’’. Mais aujourd’hui je sais que ça n’a rien à voir avec la malchance », affirme-t-elle.
La mère d’Emmy entame ses propres recherches. « J’ai commencé à chercher des informations sur les fleurs, sur leur provenance, la manière dont elles avaient été traitées (…). Je me suis rendue compte que sur un bouquet, il pouvait y avoir 43 pesticides différents. J’ai compris que les fleurs étaient des tueuses invisibles ».
Le FIVP a proposé 25.000 euros d’indemnité à chacun des parents, qui réclament aussi une indemnité pour les souffrances subies par Emmy durant sa maladie, pour sa sœur, son frère et sa grand-mère, tous affectés par ses multiples séjours à l’hôpital et par son décès.
Elle m’a fait tenir cette promesse
Consciente de la situation, Emmy avait fait promettre à sa mère de se battre. « Maman tu dois te battre, parce qu’on n’a pas le droit de faire ça à des enfants. On n’a pas le droit de les empoisonner ». « Alors je lui ai promis que je ferais tout ce que je peux pour prouver le lien entre sa maladie et mon métier de fleuriste ».
« J’ai tenu la promesse que je lui ai faite de me battre jusqu’au bout », a déclaré Mme Marivain, affirmant vouloir « tout faire pour que la culpabilité change de camp ».
L’avocate du FIVP, Me Géraldine Brasier Porterie, a souligné que le fonds était « lié par les textes » qui empêchaient l’indemnisation demandée, face à une salle remplie de sympathisants de la famille.
« Ça nous paraît vraiment important que le grand public, les pouvoirs publics, les élus puissent prendre conscience de la situation des fleuristes et des familles concernées », a déclaré Claire Bourasseau, responsable du service victimes au sein de l’association Phyto-victimes.
La décision a été mise en délibéré au 4 décembre.
Emmy n’est pas la seule enfant malade suite à une exposition aux pesticides durant la grossesse. Pour quatre autres enfants malades, le FIVP a ainsi reconnu le lien de causalité entre leur pathologie et l’exposition aux pesticides durant la période prénatale, selon son rapport annuel.
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