Traumatisée, la gérante de la supérette Utile a bien cru qu’elle allait perdre la vie lorsque l’assaillant l’a menacée à plusieurs reprises. Quelques minutes auparavant, il venait déjà d’avoir une première altercation avec un client de l’enseigne.
Les faits ont eu lieu le 8 octobre à Saint-Hilaire-du-Harcouët, une commune d’environ 4000 habitants située à 25 kilomètres au sud-est d’Avranches.
Vers 18h45, un homme « qui venait de temps en temps » selon la gérante de la supérette Utile dont les propos ont été rapportés par La Manche Libre, franchit le seuil du magasin situé place du Bassin.
D’après les images prises par les caméras de vidéosurveillance de l’établissement, l’individu mime immédiatement un tir de pistolet en direction de la caissière qui tourne le dos à la porte et ne s’aperçoit de rien.
Une première altercation éclate ensuite entre l’homme qui vient d’entrer et un client déjà présent dans le magasin.
« J’ai entendu que le ton montait, alors je me suis interposée en demandant à ces deux hommes de régler leur différend à l’extérieur mais ils ne se connaissaient pas », explique la gérante de la supérette. Elle suggère alors à l’homme de passer en caisse afin de calmer la situation.
« Il avait une bouteille de cidre dans la main mais n’avait pas suffisamment d’argent pour la payer […] Je lui ai proposé d’acheter autre chose et il l’a mal pris. Il m’a dit que je le prenais pour un clochard », poursuit la gérante. Vindicatif, l’individu n’hésite pas à l’injurier et à la menacer de mort.
« Il m’a demandé ce que je pensais des attentats. Je lui ai dit que je n’avais pas à parler de ça ni à lui donner mon avis. Il m’a alors dit plusieurs fois qu’il viendrait me retrouver, qu’il allait me tuer et faire sauter le magasin », raconte la victime.
« J’ai eu peur qu’il soit radicalisé »
Celle-ci parvient malgré tout à garder son sang-froid et demande à l’agresseur de quitter les lieux, affirmant qu’elle est prête à appeler la police.
« Il m’a montré son grand couteau à la ceinture qui au départ était sous un vêtement. Au départ, je ne savais pas qu’il avait un couteau, je croyais qu’il se tenait le ventre. Je sais juste qu’il a toujours eu la main sur son couteau dès les premiers échanges avec notre client dans les rayons », confie la gérante.
Selon son témoignage, le quidam a prononcé des mots en arabe et crié plusieurs fois : « Allahou Akbar ! »
« Il avait comme une crise de démence et j’ai eu peur qu’il soit radicalisé », souligne la responsable de l’enseigne. « Si j’avais dit un mot de travers, il m’aurait plantée », ajoute-t-elle.
La scène durera un bon quart d’heure avant que l’agresseur ne finisse par quitter définitivement les lieux. « Il ressortait, il entrait, c’était très long », explique la gérante.
« Il faut creuser sa personnalité psychologique »
Une vingtaine de minutes après son départ, l’assaillant est interpellé par les gendarmes tandis qu’il se trouve aux abords de l’église de la commune. Les militaires retrouveront trois couteaux sur lui et le placeront immédiatement en garde à vue. Le suspect devait être présenté au parquet ce jeudi.
« La décision n’a pas encore été prise mais on se dirige davantage vers la saisie d’un juge d’instruction », a déclaré le procureur de la République Cyril Lacombe aux journalistes de La Manche Libre.
« Il y a peut-être un versant psychologique ou psychiatrique sur un comportement et une agitation mais on a, là, des infractions pénales de type menaces de mort. On est clairement sur une qualification pénale », ajoute-t-il.
« Il faut creuser sa personnalité psychologique et c’est pour cette raison qu’on saisit un juge d’instruction, afin de pouvoir faire la clarté sur ce dossier », poursuit le magistrat.
Si le domicile de l’agresseur présumé a été perquisitionné, aucun « élément particulier » n’aurait cependant été découvert chez lui. Très affectée parce qui lui est arrivé, la gérante a déposé plainte.
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