SANTé ET NUTRITION

Manger des fruits à coque pour prévenir le cancer ?

La consommation régulière de fruits à coque présente de nombreux avantages pour la santé, dont la prévention potentielle de certains types de cancer
mai 12, 2024 2:14, Last Updated: mai 12, 2024 4:37
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Dans leurs nombreuses variantes, les fruits à coque sont des super-aliments réputés pour être de riches sources de minéraux, de vitamines, d’acides aminés, de protéines et d’autres composés bioactifs.

Les châtaignes sont les championnes de la vitamine C, par exemple. Les pistaches sont les plus riches en vitamine A et en potassium. Toutes deux sont riches en acide folique. Les noix de cajou nous enrichissent en magnésium. La teneur en vitamine B3 (niacine) est la plus élevée dans les cacahuètes, et la vitamine E (tocophérol) se trouve dans les amandes.

Les noix sont particulièrement riches en acide alpha-linolénique (ALA), un acide gras oméga-3 neuroprotecteur important pour une croissance et un développement normaux. Il a également été démontré qu’il induit l’apoptose (mort programmée des cellules) dans les cellules cancéreuses du sein.

Notre organisme ne peut pas produire d’ALA, (acide α-linolénique, acide gras à chaîne courte de la famille des oméga-3), d’où la nécessité d’un apport nutritionnel, comme c’est le cas pour de nombreux autres nutriments clés.

La recherche confirme les bienfaits des fruits à coque

Une étude publiée en 2023 dans la revue Foods a mis en évidence des preuves de plus en plus nombreuses qu’une alimentation riche en fruits à coque peut potentiellement prévenir de nombreuses maladies chroniques.

Selon le rapport, « l’ingestion de substances phytochimiques provenant des fruits à coque et leur influence positive sur plusieurs maladies (cancer, maladies cardiaques, accidents vasculaires cérébraux, hypertension, malformations congénitales, cataractes, diabète, diverticulose et obésité) sont établies ».

Outre l’amélioration des maladies cardiovasculaires, de la dépression et des fonctions cognitives, la consommation de fruits à coque est corrélée à une diminution de l’incidence du cancer et de la mortalité par cancer, ainsi qu’à une baisse de la mortalité toutes causes confondues, selon une étude  de 2021.

Le lien entre les fruits à coque et le cancer

L’Organisation mondiale de la santé prévoit une augmentation considérable du nombre de cancers, avec un potentiel de 32,6 millions de cas dans le monde d’ici 2045.

Des stratégies efficaces, telles que l’augmentation des fibres alimentaires, de la consommation de fruits et légumes et de l’activité physique, pourraient potentiellement réduire les facteurs de risque de cancer d’environ 42 %.

La revue Chronic Diseases and Translational Medicine a publié en 2023 une étude sur l’interrelation entre la consommation de fruits à coque et différents types de cancer, notamment les cancers gastro-intestinaux et ceux liés aux femmes.

Les données suggèrent que la consommation de fruits à coque réduit non seulement « le risque et la mortalité liés au cancer », mais prévient également l’apparition de certains types de cancer et leur progression. Les fruits à coque contiennent des composés anticancérigènes actifs tels que « le folate, les phytostérols, les saponines, l’acide phytique, les isoflavones, l’acide ellagique, l’α-tocophérol, la quercétine et le resvératrol », d’après l’étude.

La recherche indique que certains composés phytochimiques et leurs mécanismes peuvent prévenir le cancer.

Ainsi, les noix, les noix de pécan, les amandes et les pignons contiennent des polyphénols qui inhibent la cancérogenèse induite chimiquement. De même, les noisettes et les noix du Brésil possèdent des propriétés utiles, appelées isoflavonoïdes, qui permettent d’équilibrer les mécanismes hormonaux.

La plupart des fruits à coque sont de puissants antioxydants qui s’opposent au stress oxydatif et protègent notre ADN – la liste des bienfaits des fruits à coque pour la santé est longue.

Les fruits à coque

Les noix

Une revue publiée dans le journal Nutrition souligne les propriétés préventives des noix contre le cancer, telles qu’elles ont été étudiées dans le cadre d’études animales sur des souris. Elle résume les points suivants :

Un régime enrichi en noix a empêché l’augmentation des « cancers du sein humains implantés dans des souris nudes d’environ 80 % ».

• Les tumeurs de la glande mammaire ont été réduites d’environ 60 % grâce à un régime contenant des noix dans un modèle de souris.

• Les noix ont ralenti la croissance des cancers de la prostate, du côlon et du rein par des mécanismes antiprolifératifs et antiangiogéniques.

Un autre fait intéressant a été partagé dans la revue. En comparant la consommation de noix entières à un régime également riche en acides gras n-3, la réduction des tumeurs de la glande mammaire était plus importante avec la consommation de noix entières. Cela renforce l’idée que les composants actifs des noix agissent en synergie pour supprimer le cancer.

Les noix ont également prouvé leurs qualités antitumorigènes lors d’une étude animale in vivo sur des souris. Comparé au groupe témoin à base d’huile de maïs, le groupe des noix présentait deux améliorations majeures : le taux de croissance des tumeurs a été ralenti de 27 % et le poids des tumeurs a été réduit de 33 %.

La réduction de l’inflammation dans l’organisme est bénéfique pour de nombreux problèmes de santé, notamment les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le diabète et le cancer. Les noix se sont révélées précieuses dans tous ces cas.

Un essai contrôlé randomisé a testé une consommation quotidienne de 56 grammes de noix (366 calories) chez 46 adultes en surpoids. Un autre essai a analysé la même quantité sur des patients diabétiques. Les deux résultats ont montré que l’augmentation de la consommation de noix améliorait considérablement la fonction endothéliale, qui est essentielle à la santé des vaisseaux sanguins et lymphatiques. À leur tour, les cellules endothéliales sont nécessaires pour protéger contre les dysfonctionnements vasculaires, qui sont la marque de plusieurs types de troubles malins.

Les amandes

Contrairement aux idées reçues, la consommation régulière d’amandes n’entraîne pas de prise de poids, bien que les noix contiennent près de 50 % de matières grasses. Au contraire, les amandes « semblent favoriser la perte de poids », affirme un article de recherche publié dans le Journal of the Science of Food and Agriculture, ce qui est bénéfique pour les maladies liées à l’obésité, telles que les maladies cardiovasculaires et le cancer.

Cependant, les amandes contiennent également un composé bioactif très controversé et très étudié, le glycoside amygdaline. Très controversé parce que son développement pharmaceutique en tant que traitement anticancéreux continue d’être un sujet de discussion dans le monde pharmaceutique.

En tant que médicament commercial, l’amygdaline est distribuée sous le nom de Laetrile, mais il a été démontré qu’elle avait de graves effets secondaires, tels que des dommages aux nerfs et au foie, un manque d’oxygène dans le sang et de la confusion. Le laetrile et l’amygdaline ont une composante structurelle commune, le mandélonitrile, qui contient du cyanure. Le manque d’efficacité du laetrile et le risque d’effets secondaires dus à un empoisonnement au cyanure ont conduit la Food and Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis et la Commission européenne à interdire son utilisation. Cependant, il est possible d’acheter du laetrile ou de l’amygdaline par internet.

En revanche, une revue publiée dans le Journal of Cancer Research and Therapeutics fait l’éloge du peu d’effets secondaires de l’amygdaline, de son faible coût et surtout de ses excellents résultats dans la lutte contre la multirésistance aux médicaments. En outre, ce composé peut être facilement obtenu de manière naturelle car il est présent dans les amandes de nombreux fruits et est un composé des noix.

Une revue complète publiée en 2023 dans l‘International Journal of Molecular Science transmet le même message d’espoir : « L’amygdaline semble être un agent naturel prometteur contre le développement et la progression des maladies cancéreuses. »

Bien que l’amygdaline ait prouvé ses qualités antitumorales, elle n’est pas encore recommandée comme remède complet, car certains obstacles doivent être surmontés.

Son dosage correct dépend fortement du type de bactéries présentes dans l’intestin d’une personne. C’est pourquoi les chercheurs n’ont pas été en mesure de trouver une thérapie universelle. « Malheureusement, il n’existe actuellement aucune méthode infaillible pour déterminer le consortium microbien et fournir un dosage oral sûr pour chaque patient », affirment les chercheurs dans une revue de 2022.

Les scientifiques placent leurs espoirs dans les nanotechnologies modernes alors qu’ils explorent plus avant les qualités de l’amygdaline dans le traitement du cancer. « Plusieurs éléments de preuve soutiennent l’idée que l’amygdaline peut exercer des effets anticancéreux contre les cancers du poumon, du sein, de la prostate, colorectal, cervical et gastro-intestinal. Le composé « a été signalé comme induisant l’apoptose des cellules cancéreuses, inhibant la prolifération des cellules cancéreuses et ralentissant la propagation métastatique des tumeurs », selon la revue de 2023 mentionnée ci-dessus.

Un article de 2019 publié dans Cancer Medicine et consacré à l’amygdaline, que l’on trouve principalement dans les amandes amères, souligne non seulement ses « activités antioxydantes, antibactériennes, anti-inflammatoires et immunorégulatrices », mais étudie également la valeur clinique de l’agent anticancéreux.

Le composé introduit la cytotoxicité et l’apoptose dans le corps et équilibre la fonction immunitaire, ce qui affecte particulièrement les « tumeurs solides » telles que le cancer du poumon ou de la vessie et le carcinome à cellules rénales.

Malgré des facteurs limitatifs, tels que le « stade primaire » de la recherche clinique et expérimentale et le manque de publications de qualité sur le sujet, les chercheurs estiment que ces études sont prometteuses pour le traitement du cancer.

Nombreux sont ceux qui ne sont pas surpris que les noix et les amandes nous apportent ces bienfaits pour la santé. Cependant, le fruit à coque suivant, qui, d’un point de vue botanique, est une légumineuse, a souvent la mauvaise réputation d’être un allergène courant. Néanmoins, la recherche montre ses qualités précieuses dans la thérapie du cancer.

La cacahuète (l’arachide)

L’arachide, dont le fruit s’appelle cacahuète est une plante de la famille des légumineuses.

Une étude publiée dans la revue Gynecologic and Obstetric Investigation a montré qu’« une consommation élevée de cacahuètes, de noix et d’amandes semble être un facteur de protection contre le développement du cancer du sein ».

Le groupe d’étude comprenait 97 patientes souffrant d’un cancer du sein et un groupe témoin de 104 femmes en bonne santé. Les chercheurs ont analysé leur consommation de graines par la méthode du test de Mantel-Haenszel et ont trouvé une corrélation entre la consommation de fruits à coque et le développement du cancer du sein.

Les cacahuètes ont une fois de plus démontré leurs qualités d’aliment fonctionnel dans une étude portant sur les phytostérols (PS), un composé naturel qui réduit le taux de cholestérol et prévient les maladies cardiovasculaires. Cette recherche suggère que leur stérol, le bêta-sitostérol, en particulier, a des effets anticancéreux protecteurs contre « le cancer du côlon, de la prostate et du sein ».

Avec 207 mg de PS pour 100 g, l’huile de cacahuète non raffinée présente la plus forte concentration de bêta-sitostérol précieux, encore plus élevée que l’huile d’olive. Le beurre de cacahuète « contient 144-157 mg de PS/100 g ». Un raffinage plus poussé du produit entraîne des taux plus faibles du composé actif.

Une autre propriété saine des cacahuètes est le resvératrol, un polyphénol phytochimique, qui a fait l’objet d’une étude sur les agents anticancéreux. Outre les cacahuètes, les sources de resvératrol comprennent le raisin, le vin rouge et d’autres baies.

Les chercheurs soulignent que la consommation de ce puissant antioxydant est bénéfique pour l’homme, car il présente « de fortes activités antitumorales en inhibant la prolifération des cellules tumorales, en induisant l’apoptose des cellules, en favorisant la différenciation des cellules tumorales, en empêchant l’invasion des tumeurs et la formation de métastases, et en modérant le système immunitaire de l’hôte pour qu’il tue les cellules tumorales ».

En effet, le surnom de « French Paradox » a été donné à l’impact du resvératrol sur la santé des Français, car il semblerait que ce composé contrecarre le régime alimentaire français, souvent riche en graisses, et protège les consommateurs des maladies cardiovasculaires, entre autres.

Pistaches

Dans la famille des noix de cajou, il est un autre fruit à coque discret qui possède de nombreuses propriétés bénéfiques pour la santé.

Par rapport à d’autres fruits à coque, le profil santé des pistaches est encore plus avantageux. Elles sont pauvres en graisses, constituent une bonne source de protéines végétales, contiennent une quantité remarquable de minéraux (potassium) et de vitamines (C et E) et sont riches en fibres alimentaires.

Des modèles in vitro et in vivo ont indiqué des propriétés régulatrices significatives des pistaches sur le stress oxydatif, selon une revue de 2022. Par conséquent, la consommation de pistaches a également un effet positif sur le risque de maladies chroniques, y compris le cancer.

Une autre revue de 2022 a mis en évidence le resvératrol présent dans les pistaches et son rôle favorable dans le traitement du cancer du sein.

Malheureusement, le coût élevé de ce fruit à coque empêche souvent les gens d’en consommer régulièrement, ce qui serait bénéfique pour leur santé.

Alimentation, inflammation et cancer

On sait depuis longtemps que le mode de vie et l’alimentation ont un impact considérable sur notre santé.

Une étude de 2010 décrit le processus du cancer en plusieurs étapes : « initiation, promotion et progression » et explique que le stress oxydatif joue un rôle dans les trois phases de la tumorigenèse (formation du cancer), tout comme l’inflammation chronique dans l’organisme – des conditions combattues par les fruits à coque.

Une alimentation riche en acides gras oméga-3 est bénéfique pour la survie au cancer, selon une revue publiée dans le Journal of Nutrition qui a examiné plusieurs études animales. En outre, elle peut atténuer les effets secondaires de la chimiothérapie et accroître l’efficacité du traitement. La revue va même jusqu’à affirmer que « la consommation d’acides gras oméga-3 pourrait ralentir ou arrêter la croissance des cellules cancéreuses métastatiques », après un traitement approprié du cancer.

Les noix contiennent la plus grande quantité d’acides gras oméga-3.

Attention à la qualité

Les composés phénoliques des fruits à coque étant très instables, ils peuvent être affectés par diverses techniques de traitement.

Malheureusement, les études sont rares, car certains types de fruits à coque réagissent différemment. Les recherches existantes indiquent que le traitement thermique a un impact négatif sur les fruits à coque, tels que les noisettes, dont la plupart des polyphénols se trouvent dans la peau.

La torréfaction modifie également le profil des nutriments contenus dans les fruits à coque, ce qui peut entraîner une augmentation de l’allergénicité et une modification de la teneur en protéines, par exemple dans le cas des cacahuètes. Cette technique de transformation semble moins affecter les amandes et les pistaches, qui restent stables ou peuvent même bénéficier légèrement du processus. En revanche, le profil antioxydant des noisettes et des noix s’en ressent.

Une étude publiée en 2023 dans la revue Foods indique que les cacahuètes blanchies dans de l’eau à 100 degrés pendant 20 minutes sont moins allergènes. En revanche, « faire bouillir des amandes pendant 10 minutes ou des noix de cajou et des pistaches pendant 60 minutes n’a pas modifié leurs propriétés ».

Les auteurs de l’étude suggèrent aux consommateurs de s’informer sur la variation des composés bioactifs dans les fruits à coque et sur l’impact des méthodes de transformation des aliments, ainsi que de trouver une source d’approvisionnement de qualité.

Apports journaliers recommandés

Une étude narrative réalisée en 2020 met en évidence la très faible consommation de fruits à coque et de graines dans le monde.

Bien que les fruits à coque soient continuellement considérés comme des super-aliments et que la consommation par habitant aux États-Unis ait augmenté pour atteindre 2,5 kg par personne en 2022, la consommation recommandée est rarement respectée.

L’étude Global Burden of Disease a révélé en 2017 que « la consommation mondiale ne représentait que 12 % du niveau recommandé, soit un apport quotidien de 21 g. En 2019, la Commission Eat-Lancet a relevé la consommation quotidienne recommandée à 50 g de fruits à coque et/ou d’arachides. Avec une consommation quotidienne moyenne de 7 g de fruits à coque, nous sommes loin du compte.

En règle générale, une étude réalisée en 2021 conclut que la consommation d’une « poignée de noix » est un moyen pratique d’« atteindre les apports recommandés en fruits à coque ». Les chercheurs ont expliqué qu’en combinant différents types de noix dans une poignée de taille moyenne, on obtient une moyenne d’environ 36,3 g, ce qui « a permis à une forte proportion d’individus de consommer au moins 80 % de l’apport recommandé en noix ».

Ne pas hésiter pas à faire des mélanges, à cuisiner avec des noix et des graines ou à les ajouter aux salades, aux déjeuners et à aux dîners. Mais surtout, se faire plaisir tout en améliorant la santé.

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