Onze jours après l’agression en prison d’Yvan Colonna, une grande manifestation est attendue ce dimanche 13 mars à 15h00, à Bastia, entre colère et appel au calme, avec un mot d’ordre : « vérité et justice » pour le militant indépendantiste, toujours entre la vie et la mort.
Si les deux dernières soirées ont été plutôt calmes dans les rues corses, beaucoup craignent des débordements devant le palais de justice de Bastia. Car la tentation est grande chez certains, notamment les indépendantistes, d’utiliser la force pour tordre le bras du gouvernement.
Les autorités indépendantistes « présentent la violence comme un levier de la victoire »
« On avance plus en sept jours de violence qu’en sept ans de négociations », a noté sur Twitter le parti indépendantiste Core in Fronte. « Il faut constater qu’a priori la violence (…) a permis d’obtenir un certain nombre de choses réclamées depuis des années », pointe Ugo Colombani, conseiller en formation, la trentaine, interrogé par l’AFP.
Une ligne rejetée par les autonomistes
Marc Simeoni, frère de Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse et ancien avocat de Colonna, appelle ainsi à la modération sur Twitter. « Présenter la violence comme levier de la victoire est dangereux pour nos enfants en première ligne, insupportablement dangereux », avertit celui qui a lui-même fait de la prison pour avoir aidé Yvan Colonna durant ses quatre ans de cavale.
Le Premier ministre tente l’apaisement
Vendredi 11 mars, le Premier ministre Jean Castex a tenté l’apaisement en annonçant la levée du statut de « détenu particulièrement surveillé » (DPS) de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, deux autres membres du « commando Erignac » encore détenus sur le continent. C’est ce statut qui bloquait le rapprochement des trois hommes dans une prison corse.
Mais ce geste, après la levée du statut de DPS d’Yvan Colonna dès mardi – unanimement reçue comme une provocation en Corse, l’homme étant désormais dans le coma -, n’a pas fait baisser la tension dans l’île de Beauté.
« L’État français assassin, oui nous le clamons haut et fort », maintient l’association de défense des prisonniers Sulidarità, selon qui « la société corse, révoltée par des années d’humiliation et de mépris, retrouve le sens de ce qui fait un peuple : l’acte de marcher ensemble ».
La préfecture interdit toute utilisation de produits chimiques
Pour tenter d’éviter des débordements dimanche après-midi, la Préfecture de Haute-Corse a interdit par arrêté le transport de « pétards, fumigènes, mortiers et feux d’artifices », ainsi que l’utilisation sur la voie publique de « récipients contenant des produits chimiques, inflammables ou explosifs ».
Une référence notamment à ces bombes agricoles et autres cocktails molotov lancés sur les forces de l’ordre et les bâtiments publics de l’île par certains militants.
Les élus souhaitent « que la vie reprenne son cours normal »
Du côté des élus, nombreux ont appelé à l’apaisement.
Près de 60 maires et élus de Haute-Corse ont rappelé, dans une motion remise au préfet de Corse, que « si l’émotion est légitime, elle ne peut et ne doit conduire à la violence ».
« C’est le vœu de beaucoup de gens, que la vie reprenne son cours normal, que les choses s’apaisent (…). Surtout pour nos enfants et nos petits-enfants », insiste Patricia Massei, la soixantaine, auxiliaire puéricultrice à Ajaccio.
Dans le même objectif, les cloches de toutes les églises de Corse se feront entendre, à midi, a annoncé l’évêque d’Ajaccio, Mgr François Bustillo : « comme un appel à la paix, l’unité et à la réconciliation ».
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