La police de Hong Kong a tiré dimanche du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc sur des manifestants pro-démocratie, sortis par dizaines de milliers dans les rues au cœur de la mégapole malgré l’interdiction des autorités.
La contestation contre le gouvernement local pro-Pékin, qui entre dans sa huitième semaine, est marquée pour le deuxième jour consécutif par des incidents après des violences samedi lors d’une manifestation, également interdite, à Yuen Long près de la frontière chinoise.
Les heurts de dimanche se sont produits en fin d’après-midi près du Bureau de liaison du gouvernement chinois à Kong Kong, symbole de la présence chinoise et déjà cible une semaine auparavant de jets d’œufs et de graffitis. Pékin avait dénoncé des actes « absolument intolérables » et appelé à « punir les coupables ».
La tension avait grimpé tout au long de l’après-midi alors qu’une foule de plusieurs dizaines de milliers de manifestants arpentait les rues, bravant l’interdiction de la police qui n’avait autorisé qu’un rassemblement statique dans un parc.
Un groupe d’environ 200 manifestants parvenu jusqu’au Bureau de liaison s’est retrouvé face à face avec la police anti-émeutes qui gardait en force le bâtiment. La police a appelé les manifestants par haut-parleurs à mettre fin à leur « rassemblement illégal » avant de tirer du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc.
Les manifestants ont riposté avec des briques et des pierres puis ont été repoussés par une charge des policiers munis de matraques.
De nombreuses arrestations
Des journalistes de l’AFP ont vu des policiers procéder à de multiples arrestations. Deux journalistes étaient soignés après avoir été blessés et un manifestant avait le visage ensanglanté.
Parallèlement, une foule plus nombreuse de manifestants s’était rendue dans le quartier commerçant de Causeway Bay où la présence policière semblait plus restreinte. Les manifestants ont érigé des barricades et bloqué une artère principale tandis que les magasins et centres commerciaux baissaient le rideau.
La veille, de violents incidents avaient éclaté à Yuen Long dans les Nouveaux territoires, à l’issue d’une manifestation interdite rassemblant des dizaines de milliers de personnes. Selon des sources hospitalières, 24 personnes ont été blessées dont deux grièvement.
Les manifestants à Yuen Long protestaient pacifiquement contre l’agression de militants pro-démocratie le dimanche précédent, attribuée à des triades, des gangs violents, et qui avait fait 45 blessés. Mais en soirée des heurts ont opposé des groupes de manifestants à la police anti-émeutes. La police a fait état de 13 arrestations dont un jeune militant, Max Chung, qui avait déposé une demande pour la manifestation.
Après le saccage début juillet du Parlement hongkongais, l’attaque du Bureau de liaison du gouvernement chinois le 21 juillet avait constitué un nouveau défi à l’autorité de Pékin.
Un déséquilibre majeur
Hong Kong est dorénavant pris dans « un cercle vicieux », a déclaré dimanche à l’AFP la députée pro-démocratie Claudia Mo. « L’usage de la force s’intensifie des deux côtés mais il existe un déséquilibre majeur puisque la police possède des armes létales ».
Hong Kong, haut lieu de la finance internationale, est plongé depuis le 9 juin dans la pire crise de son histoire récente avec des manifestations pacifiques gigantesques parallèlement à des affrontements sporadiques entre contestataires radicaux et policiers. La colère s’est intensifiée depuis une semaine après l’agression de manifestants à Yuen Long par des membres présumés de triades.
Le mouvement est parti du rejet d’un projet de loi, désormais suspendu, qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine. Puis il s’est élargi à des revendications de réformes démocratiques, sur fond d’inquiétude générée par l’ingérence jugée grandissante de Pékin dans les affaires intérieures de l’ancienne colonie britannique, rétrocédée à Pékin en 1997.
Pékin a condamné les violences « absolument intolérables », sur un ton de plus en plus sévère depuis deux semaines, mais a laissé les autorités locales régler seules la crise.
A Pékin, le Bureau des affaires de Hong Kong et de Macao a indiqué qu’il donnerait lundi après-midi une conférence de presse.
Hormis la suspension du projet controversé sur les extraditions, la cheffe du gouvernement local de Hong Kong Carrie Lam n’a donné aucun signe de recul. Depuis le début de la crise, ses apparitions en public se sont limitées à des visites aux policiers blessés ou à quelques conférences de presse.
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