« Le problème de la police, c’est la justice ! » : la magistrature a été la cible des syndicats, mercredi 19 mai, lors d’un rassemblement de milliers de policiers devant l’Assemblée nationale, deux semaines après le meurtre du brigadier Eric Masson et à l’approche d’importantes échéances électorales.
Plus de 35 000 personnes ont répondu à l’appel des syndicats de policiers, ont assuré les organisateurs et plusieurs milliers de policiers étaient présents. La préfecture de police n’a pas souhaité communiquer le chiffre de la participation.
Les manifestants sont surtout inquiets de l’augmentation ou de la banalisation de la violence qu’ils assurent constater sur le terrain. « Un contrôle routier, un différend familial, un contrôle dans une cité… chaque intervention de police peut très mal se terminer, on le ressent de plus en plus », a témoigné Gaëtan, 47 ans, brigadier-chef dans un commissariat du nord de la France.
« Il faut nous aider ! »
Très critiquée par l’opposition, la venue de Gérald Darmanin, qui s’est frayé difficilement un chemin dans une foule compacte, s’est déroulée sans heurts, aux sons des klaxons et des sifflets, accessoires habituels des policiers en manifestation.
« Il faut nous aider ! », l’ont cependant interpellé plusieurs manifestants. « Tous les soirs, quand je me couche, je pense à vous », a répondu le ministre de l’Intérieur à un policier qui lui disait ne pas savoir, quand il part au travail, « comment » il « va rentrer ». Le ministre a quitté le rassemblement avant les prises de parole syndicales.
Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, absent du rassemblement, a été pris pour cible par les syndicats, qui réclament une réponse pénale plus forte, et notamment que des « peines minimales » (aussi appelées peines planchers) soient infligées aux agresseurs de policiers.
À la tribune, sur laquelle était tendue une banderole noire « Payés pour servir, pas pour mourir », le secrétaire général du syndicat Alliance, Fabien Vanhemelryck, a fait siffler « ce ministre qui déclare je suis le ministre des prisonniers (et de l’administration pénitentiaire, ndlr »).
« Le problème de la police, c’est la justice! », a tonné le syndicaliste, sous les applaudissements. « Les peines minimales pour les agresseurs, voilà le message fort et clair que nous attendons », a déclaré Grégory Joron d’Unité SGP Police-FO.
Des élus présents
Alors que la sécurité s’est imposée comme l’un des principaux thèmes de campagne des régionales et de la présidentielle, des élus de tous bords s’étaient joints à la manifestation, du Rassemblement national au Parti communiste. Seule la France insoumise a boycotté le rassemblement, qualifié de « manifestation à caractère ostensiblement factieux » par son chef et candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon.
Malgré des « différences » sur « les revendications », « j’ai considéré que ma place était aux côtés des policières, des policiers qui souffrent », a déclaré l’écologiste Yannick Jadot.
« Je suis venu engager un dialogue avec eux sur les meilleures réponses à apporter aux problèmes qu’ils posent », a aussi dit Olivier Faure, chef du Parti socialiste.
À droite, les parlementaires Les Républicains étaient également venus en nombre. « On paie des années dans lesquelles on a parlé violences policières alors que ce sont les policiers qui sont attaqués », a estimé le président LR d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez.
En déplacement en Gironde, la présidente du Rassemblement National Marine Le Pen a demandé « qu’on ne puisse plus toucher à un policier sans que les conséquences pénales soient extrêmement dures ».
La police marquée par de récents assassinats
Les syndicats des policiers ont décidé d’organiser ce rassemblement deux semaines jour pour jour après le meurtre du brigadier Eric Masson, tué sur un point de deal à Avignon. Un drame qui a ébranlé la police, déjà marquée par l’assassinat le 23 avril de l’agente administrative Stéphanie Monfermé, au commissariat de Rambouillet (Yvelines).
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