Deux parlementaires de l’opposition hongkongaise ont été arrêtés mercredi pour leur participation à une des manifestations de l’été 2019, sur fond de reprise en main musclée de l’ex-colonie britannique par ses autorités alignées sur Pékin.
Lam Cheuk-ting et Ted Hui ont été interpellés au petit matin à leur domicile, selon leur Parti démocrate et des communiqués sur leur compte Facebook.
Manifestations pro-démocratie de juillet 2019
Une source au sein de la police a confirmé leur arrestation, ainsi que celle de 14 autres personnes dans cette opération mercredi matin en lien avec certaines des manifestations pro-démocratie de juillet 2019.
MM. Lam et Hui siègent dans l’opposition au sein du Conseil législatif (LegCo, Parlement local), où ils n’hésitent pas à critiquer frontalement les autorités chinoise et hongkongaise.
« Cela relève de la persécution politique », a dénoncé devant les journalistes l’avocat James To, membre du Parti démocrate.
Une publication sur la page Facebook de M. Lam indique qu’il a été arrêté car « soupçonné d’avoir participé à un émeute le 21 juillet » 2019.
Ce jour-là, l’élu et des dizaines de manifestants avaient été brutalement attaqués dans la ville de Yuen Long par plus d’une centaine de partisans du gouvernement, dont certains sont soupçonnés d’appartenir aux triades.
La police avait tardé à arriver et certains policiers avaient été filmés en train de laisser partir des agresseurs armés. Cela avait contribué à nourrir la méfiance de la population à l’égard des forces de l’ordre, qui fut pendant des mois l’un des ferments de la contestation sans précédent depuis la rétrocession en 1997.
La police a déjà inculpé huit personnes pour ces attaques, dont certaines ayant des liens avec le crime organisé. Elle décrit aujourd’hui cet événement comme un affrontement entre forces rivales.
« Aujourd’hui, nous avons arrêté des personnes que nous soupçonnons d’appartenir à l’autre camp », a déclaré à la presse Chan Tin-chu, un haut responsable policier.
M. Lam avait été blessé à Yuen Long, souffrant notamment de lacérations aux bras et au visage.
Des figures du camp pro-Pékin se sont félicitées de ce coup de filet.
« La justice est peut-être lente mais elle n’est jamais absente », a déclaré aux journalistes le parlementaire Junius Ho, qui avait été vu serrant la main de certains des agresseurs avant l’attaque. Il a toujours nié avoir été averti en amont de ces agressions.
Depuis juin 2019 plus de 9.000 personnes arrêtées
Le bureau de M. Hui a diffusé une vidéo de l’arrestation de ce dernier, au cours de laquelle des policiers indiquent qu’il est poursuivi notamment pour tentative d’obstruction à la justice. Il a été emmené menotté.
Son parti a précisé que son arrestation était également liée à une manifestation le 6 juillet 2019.
Hong Kong a connu de juin à décembre sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des manifestations quasi quotidiennes, qui ont parfois dégénéré en violences, pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences de Pékin.
Fin juin, Pékin a imposé au territoire une loi drastique sur la sécurité nationale qui a contribué à renforcer considérablement l’emprise du pouvoir central chinois sur Hong Kong.
Nombre de militants pour la démocratie dénoncent un texte liberticide qui vient en finir selon eux avec le principe « Un pays, deux systèmes » établi lors de la rétrocession en 1997 et qui garantissait jusqu’en 2047 aux Hongkongais des libertés inconnues dans le reste de la Chine.
Une dizaine de figures du mouvement pro-démocratie se sont vu interdire en juillet de se présenter aux prochaines élections au LegCo.
Plus de 9.000 personnes ont été arrêtées à Hong Kong depuis juin 2019.
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