Manifestations massives et violences policières autour d’une dispute ferroviaire

27 mai 2015 15:45 Mis à jour: 2 septembre 2015 21:22

 

Lorsque les habitants du canton de Linshui au sud-ouest de la Chine ont été informés qu’un tronçon de chemin de fer de 200 kilomètres serait construit pour contourner leur communauté, ils ont été des dizaines de milliers à descendre dans les rues du canton pour manifester.

Le 17 mai dernier, les affrontements avec la police locale ont fait quatre morts et plus de 100 blessés parmi les résidents.

17 mai 2015: des dizaines de milliers de manifestants rassemblés dans le canton de Linshui, sud-ouest de la Chine, ont été violemment repoussé par les forces de police anti-émeute. (Sina Weibo)
17 mai 2015: des dizaines de milliers de manifestants rassemblés dans le canton de Linshui, sud-ouest de la Chine, ont été violemment repoussés par les forces de police anti-émeute. (Sina Weibo)

Le désaccord trouve son origine dans deux projets concurrents de construction d’une ligne de chemin de fer reliant la ville de Chongqing (17 millions d’habitants) à la ville de Dazhou dans la province du Sichuan, où se trouve le canton de Linshui. Un de ces projets, nommé «Ligne de l’est», prévoyait la construction du chemin de fer à travers le canton de Linshui, actuellement privé de moyens de transport aérien ou nautique.

Selon la publication officielle Beijing News, la «Ligne de l’est» a également reçu le soutien des autorités locales qui ont estimé que ce projet stimulerait le développement économique du canton.

Cependant, le 7 mai dernier, le Comité du développement urbain de Guang’an, ville natale de Deng Xiaoping, l’ancien dirigeant du Parti communiste chinois, aurait répondu à une requête en ligne qu’un autre projet, appelé «Ligne de l’ouest», serait approuvé à la place.

Les 858.000 habitants de Guang’an sont déjà desservis par deux lignes de chemin de fer, tandis que Linshui n’en a aucune.

Selon une lettre ouverte, «il y a deux chemins de fer traversant Guang’an. Nous sommes le seul canton de la région qui n’ait rien […] Les autorités de Guang’an profitent de leur prérogative [Guang’an étant la ville natale de Deng Xiaoping] pour monopoliser les ressources.»

Le 17 mai dernier, dès 9h du matin, des milliers de personnes ont commencé à se rassembler sur la place de Wanxing au centre du canton de Linshui.

Manifestants dans le canton de Linshui, sud-ouest de la Chine. (Sina Weibo)
Manifestants dans le canton de Linshui, sud-ouest de la Chine. (Sina Weibo)

Les manifestations ont commencé dans une ambiance pacifique par un défilé et la signature d’une pétition. Les gens tenaient des banderoles sur lesquelles il était écrit «Un chemin de fer pour les millions d’habitants de Linshui» et scandaient des slogans en marchant. Selon la Radio Télévision de Hong Kong, quelques 30.000 personnes participaient aux manifestations dans l’après-midi.

Les choses ont commencé à mal tourner quand plus de 2.000 policiers en équipement anti-émeute noir ont attaqué le défilé. La chaîne de télévision hongkongaise Now TV a rapporté qu’au moins quatre manifestants ont été tués et une centaine blessés.

Les habitants ont pris des photos des policiers en formation d’attaque et des manifestants blessés. Ils les ont téléchargées sur les plates-formes de médias sociaux chinois.

«Les policiers ont tabassé les gens à plusieurs reprises, y compris les enfants», a confié un témoin anonyme à Epoch Times.

Ce témoin a expliqué que lorsque les policiers ont essayé de battre en retraite, les habitants de Linshui, en colère, leur ont barré le chemin avec des pierres.

Les informations sur les événements de Linshui et les réactions en ligne ont été fortement et rapidement censurées par les autorités du régime chinois. Les médias d’État ont rapporté l’incident en évitant toute mention de la répression violente.

Ce n’est pas la première fois que les Chinois du sud-ouest du pays s’opposent à l’autoritarisme dans le domaine de l’infrastructure ferroviaire.

17 mai 2015: Les forces de police anti-émeute arrivent pour réprimer les manifestations dans le canton de Linshui, sud-ouest de la Chine (Sina Weibo)
17 mai 2015: Les forces de police anti-émeute arrivent pour réprimer les manifestations dans le canton de Linshui, sud-ouest de la Chine (Sina Weibo)

Il y a plus de 100 ans, en août 1911, différents groupes républicains chinois ont uni leurs actions face au gouvernement impérial qui voulait nationaliser les projets de construction des chemins de fer dans différentes provinces, dont le Sichuan, et vendre les droits de construction à des promoteurs étrangers. Le soulèvement populaire qui avait suivi avait abouti à la création du Mouvement de protection des chemins de fer visant à maintenir un contrôle local sur l’infrastructure.

Les troupes impériales avaient noyé ce mouvement dans un bain de sang, mais il est depuis considéré comme ayant contribué directement au célèbre soulèvement de Wuchang dans la province voisine du Hubei. En octobre 1911, les troupes en garnison s’étaient mutinées, déclenchant la Révolution de Xinhai qui a mis fin à plus de 2.000 ans de règne dynastique et donné naissance à la République de Chine.

Gu Xiaohua a contribué à cet article.

 

Version originale: A Tale of Two Railways and 30,000 Protesters in Southwest China

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