L’Ethiopien Tamirat Tola s’est montré implacable pour remporter le marathon des Jeux de Paris samedi sur un parcours atypique et vallonné que n’a pas terminé la légende de la course, le Kényan Eliud Kipchoge, dont les espoirs de troisième titre olympique se sont rapidement envolés.
Kipchoge n’aura pas atteint le décor prestigieux de l’Esplanade des Invalides, théâtre doré de la ligne d’arrivée du marathon olympique, un aller-retour entre Paris et Versailles rendu piège par un inhabituel enchaînement de montées et de descentes en plein coeur du parcours.
Distancé après à peine plus d’un tiers de course, le Kényan de 39 ans a ensuite sombré et abandonné après le 30e kilomètre. A ce point de passage, il accusait près de 8 min 30 sec de retard sur la tête de course.
Abandon du Kényan Eliud Kipchoge
Acclamé par le public parisien au moment de son abandon, le double champion olympique 2016 et 2021 et ex-recordman du monde leur a donné son dossard, ses chaussures et ses chaussettes, avant de monter dans la voiture balai, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Je l’ai dépassé au 21e kilomètre, j’étais assez étonné de le voir déjà » en difficultés, témoigne le Français Félix Bour, finalement 50e, à plus de sept minutes de Tola (2h13:46.).
« C’est dur de le voir dans la difficulté, on n’a pas l’habitude. Ca fait bizarre de le doubler, on n’ose presque pas, on ne sait pas s’il faut l’encourager, c’est presque déstabilisant, renchérit Nicolas Navarro, le Tricolore le mieux classé du jour, 16e en 2h 09 min 56 sec. Malheureusement, une carrière, ce n’est pas interminable. »
Tola s’est imposé en 2h 06 min 26 sec, nouveau record olympique
Dôme doré des Invalides dans le dos, Tola, qui fête ses 33 ans dimanche, s’est lui imposé en 2h 06 min 26 sec, nouveau record olympique, un exploit sur un parcours si exigeant, devant le Belge Bashir Abdi, à 21 sec, et le Kényan Benson Kipruto, à 34 sec.
Hyper solide d’un bout à l’autre de la course, Tola en a pris la tête autour du 20e kilomètre et a prouvé qu’il avait de bonnes jambes sur ce marathon vallonné avec 436 m de dénivelé positif et 438 de dénivelé négatif, presque entièrement placés entre les 15e et 30e kilomètres. Son attaque dans la côte du Pavé des Gardes, quand la route s’est brutalement relevée pour la seconde fois du parcours, a été décisive.
« Mon idée était alors seulement de rejoindre les coureurs en tête, mais quand je les ai repris j’ai décidé de partir seul. J’ai eu du mal en montée, j’avais encore peur à ce moment là. Je n’ai cru en moi qu’au 41e kilomètre », a-t-il raconté.
On a pris beaucoup de plaisir même si le parcours était vraiment très difficile
L’enchaînement des montées et descentes sur ce Paris-Versailles-Paris a forcément pesé sur les jambes de ces coureurs, pour la plupart habitués à chasser le chronomètre sur des parcours hyper plats.
« Le public était vraiment fou, j’ai les oreilles qui sifflent encore, on a pris beaucoup de plaisir même si le parcours était vraiment très difficile. Il y avait même des coureurs qui marchaient dans la côte », raconte Bour.
Tamirat Tola devient le quatrième Ethiopien champion olympique du marathon masculin après le pionnier Abebe Bikila (1960 et 1964), Mamo Wolde (1968) et Gezahegne Abera (2000).
Tola avait intégré l’équipe éthiopienne sur le tard en remplacement de Sisay Lemma, forfait.
Déjà médaillé olympique sur la piste, en bronze sur 10.000 m à Rio en 2016, il avait aussi décroché des médailles aux Mondiaux sur marathon, l’argent en 2017 à Londres et l’or en 2022 à Eugene (Etats-Unis).
L’Ethiopien avait abandonné à Londres en avril et, quelques mois avant son succès dans le prestigieux marathon de New York (2023), aux Mondiaux de Budapest en 2023. Il possède un record en 2 h 03 min 39, établi à Rotterdam en 2021.
Autre légende de la course, Kenenisa Bekele a été lâché assez tôt, quand le relief a pris forme, et a finalement terminé 39e en 2 h 12 min 24 sec, à près de 6 minutes de son compatriote vainqueur.
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