Après avoir surpris des voleurs de carburant sur son exploitation, un agriculteur a tiré sur l’un d’entre eux avec son fusil de chasse, le blessant grièvement.
Les faits se sont produits dans la nuit du vendredi 31 janvier au samedi 1er février à Ambrières, un village d’un peu plus de 200 habitants situé dans le sud du département de la Marne.
Vers deux heures du matin, les secours de Saint-Dizier ont pris en charge un homme blessé par des cartouches de plomb tirées avec un fusil de chasse à la suite d’un vol de carburant « par une pluralité d’individus, susceptibles d’appartenir à la communauté des gens du voyage » sur l’exploitation agricole Leroux-Loisy.
Alerté par un dispositif anti-intrusion, l’exploitant Jean-Louis Leroux avise les gendarmes avant de se rendre sur les lieux avec son frère. Les deux hommes sont armés de fusils de chasse.
« Il a tiré en l’air à deux reprises pour faire fuir les voleurs et une fois en direction de l’un d’eux. Il l’a notamment atteint à l’intestin grêle et au colon, entraînant un pronostic vital toujours en cours au 2 février 2020 », a indiqué Matthieu Bourrette, procureur de la République de Reims.
Une fois sur place, les gendarmes constatent la gravité des blessures de la victime. Âgée de 19 ans, elle n’aurait aucun antécédent judiciaire selon les journalistes de L’Union.
L’agriculteur placé en détention provisoire
Appréhendé par les militaires, Jean-Louis Leroux sera placé en garde à vue d’abord pour « violences aggravées », puis pour « tentative d’homicide involontaire ».
« Il a contesté toute intention homicide, précisant qu’il avait été pris de panique et que cet épisode faisait suite à de nombreuses plaintes pour des vols de carburant dont il avait été victime depuis plusieurs années, et encore plusieurs fois au cours du mois écoulé », précise le procureur de la République.
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— L’Union-L’Ardennais (@UnionArdennais) February 3, 2020
Âgé de 46 ans, M. Leroux a été déféré au parquet de Reims le dimanche 2 février. Il a été mis en examen et placé en détention provisoire. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet des chefs de « tentative d’homicide involontaire » et de « vol en réunion ».
« L’instruction doit s’attacher notamment à identifier les auteurs du vol, apprécier le déroulement complet de commission des faits et évaluer la gravité des blessures de la victime », indique M. Bourrette.
L’enquête a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Reims.
Le monde agricole réagit
Président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) de la Marne, Hervé Lapie a réagi à travers un communiqué relayé par France 3.
« Jean-Louis Leroux est agriculteur et éleveur naisseur-engraisseur de bovins viande à Ambrières. C’est un homme serviable, engagé professionnellement au service des autres. Il est président communal FDSEA à Landricourt et Ambrières depuis 2014, administrateur de la FDSEA de la Marne en tant que co-président du canton de Saint-Rémy-en-Bouzemont (depuis 2017). Il subit, comme de nombreux agriculteurs, de multiples vols », écrit le syndicat agricole.
« À chaque fois, il a toujours appelé la Gendarmerie, déposé plainte et fait confiance aux autorités et à la justice. D’une façon générale, la profession a alerté de nombreuses fois les autorités chargées de la Sécurité publique (Préfecture, Gendarmerie) sur une situation qui dure depuis trop longtemps. Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, Jean-Louis Leroux a été réveillé dans son sommeil par une alerte. Il n’a pas décidé de se faire justice lui-même, mais simplement essayé de retenir ses agresseurs jusqu’à l’arrivée des gendarmes. C’est malheureusement un drame pour les deux familles. La FDSEA accompagnera au mieux la famille de Jean-Louis Leroux », poursuit la FDSEA de la Marne.
« Ce drame n’aurait jamais dû se produire. Depuis samedi, nous réfléchissons à la meilleure manière de soutenir la famille de Jean-Louis Leroux dans cette épreuve et de faire en sorte que l’activité de son exploitation perdure. Dans le monde agricole, nous sommes solidaires. Nous nous serrons les coudes pour avancer », abonde Béatrice Moreau, présidente de la Chambre d’agriculture de la Marne.
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