La perspective d’un procès s’éloigne pour les familles des deux cousines assassinées en 2017 lors d’un attentat djihadiste devant la gare de Marseille-Saint-Charles : les juges d’instruction ont abandonné les poursuites contre le frère du tueur, seul suspect du dossier. Les parties civiles ont annoncé envisager de faire appel.
Selon l’ordonnance des magistrats rendue le mercredi 14 avril, Anis Hanachi âgé de 29 ans, d’origine tunisienne, mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d’atteintes aux personnes » doit être désormais libéré après trois ans et demi de détention provisoire puis extradé vers la Tunisie, où il a été condamné en son absence en 2018 à douze ans de prison pour avoir effectué des entraînements, une collecte d’argent et des cambriolages en lien avec une organisation terroriste.
Le parquet national antiterroriste (Pnat), dans ses réquisitions en janvier, avait pris position en faveur d’un non-lieu.
Le 1er octobre 2017, son frère Ahmed Hanachi, Tunisien de 29 ans à l’époque, a poignardé à mort en criant « Allah Akbar » deux cousines, Laura Paumier, 22 ans, et Mauranne Harel, 20 ans, sur le parvis de la gare Saint-Charles, avant d’être tué par les militaires de l’opération Sentinelle. Le même jour, Anis Hanachi qui séjournait à Toulon, avait précipitamment quitté la France, vingt-quatre heures à peine après son entrée clandestine sur le territoire. Arrêté six jours plus tard en Italie, il était remis à la France et mis en examen le 3 novembre 2017 pour « association de malfaiteurs terroriste ».
Et maintenant nous venons d’apprendre que le seul mis en examen dans l’attentat de la gare Saint-Charles à #Marseille vient de bénéficier d’un non-lieu … https://t.co/ciLlZ3YZOU
— Valérie Boyer (@valerieboyer13) April 14, 2021
Parcours en Syrie au sein du groupe armé djihadiste al-Nosra
Son « parcours jihadiste est relativement solide », dont un séjour en Syrie de 2013 à 2014 au sein du front al-Nosra (groupe armé d’idéologie salafiste djihadiste, ndrl)- qu’il conteste – et son comportement à l’époque des faits ont « pu légitimement éveiller les soupçons », notent les juges. Mais au terme de trois années d’investigations, « les enquêteurs ne sont pas parvenus à identifier une résolution terroriste commune » aux deux frères, concluent-ils.
« Je comprends la frustration et même la colère qui seront sans doute celles des familles des victimes mais on ne peut pas juger un innocent, ça ne serait sain pour personne », a réagi Me Jérémie Boccara l’avocat du frère du terroriste.
Un « conditionnement préparatoire »
L’avocate des parties civiles Me Béatrice Dubreuil évoque qu’ « Anis Hanachi est au cœur d’une fratrie qui n’est pas sans rappeler celle de Mohamed Merah », l’auteur des attentats de mars 2012 à Toulouse et Montauban. Son grand frère Abdelkader Merah, décrit comme son mentor, a été condamné en appel à trente ans de prison en 2019 pour complicité des sept assassinats commis par Mohamed.
« Nonobstant le parcours chaotique » du tueur, toxicomane, « le passage à l’acte de Ahmed Hanachi est incontestablement marqué par son adhésion – même relativement récente – à l’idéologie criminelle du djihad armé », analysent les magistrats. Ils soulignent le mode opératoire de l’attaque « à l’arme blanche au cri de ‘Allah akbar' » et son « conditionnement préparatoire » par « l’écoute de chants religieux guerriers » ainsi que le choix de s’en prendre aux militaires pour mourir en martyr.
Interpellé pour vol, libéré le lendemain
Deux jours avant l’attaque, Ahmed Hanachi avait été arrêté à Lyon pour vol, puis remis en liberté le lendemain, au lieu d’être placé en centre de rétention. Pour ces faits, qui avaient entraîné une polémique et l’éviction du préfet du Rhône, les familles des victimes ont engagé une procédure en responsabilité de l’État, toujours en cours d’examen.
Un autre frère du tueur de Marseille, Anouar Hanachi, connu pour ses liens avec la mouvance djihadiste, avait été arrêté en octobre 2017 en Suisse, avant d’être rapidement remis aux autorités tunisiennes.
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