L’ancien maire de Marseille Jean-Claude Gaudin a été condamné mardi 22 mars à Paris à six mois de prison avec sursis pour avoir tardé à mettre un terme à un système généralisé d’heures supplémentaires indument accordées aux agents municipaux, sans travail effectif.
Avec son directeur de cabinet, quatre autres anciens responsables de l’administration et l’ex-directeur du Samu social, il était poursuivi pour « détournement de fonds publics par négligence », dans le cadre d’une enquête du Parquet national financier (PNF) entamée en 2017, après une première enquête du parquet de Marseille.
Condamné pour absence de contrôle
La justice leur reproche de ne pas avoir pris de mesures (badgeuses, service de contrôle, etc.), entre décembre 2013 et avril 2018, pour mettre un terme à des pratiques généralisées au sein d’une quinzaine de services municipaux, d’heures supplémentaires accordées mensuellement, sans travail effectif réalisé, en violation du droit du travail.
« Oui, j’ai été négligent et je ne me suis pas intéressé assez au fonctionnement interne des choses », a déclaré l’ancien maire de Marseille (1995-2020), en visioconférence, lors d’une audience de plaider-coupable devant la 32e chambre du tribunal correctionnel.
Les fausses heures supplémentaires se sont répandues largement
Les investigations ont d’abord concerné le Samu social, puis se sont élargies à d’autres services municipaux (bibliothèques, musée, service du parc automobile, direction du gardiennage, etc.) de cette ville de quelque 870.000 habitants, qui emploie environ 12.000 agents.
Un trou dans le budget municipal de 10 millions d’euros annuel
Dans un rapport de 2013, la chambre régionale des comptes évaluait le manque à gagner dû à ce système à 10 millions d’euros par an pour le budget municipal, soit 280 équivalents temps plein.
« La cohésion sociale m’est toujours apparue importante. Quand vous avez des grèves, ça coute encore plus cher aux finances de la ville », a pointé l’ancien maire, âgé de 82 ans, également condamné à payer 10.000 euros d’amende.
Pour justifier la peine proposée par le PNF, le procureur, Sébastien de La Touanne, a rappelé le « contexte » qui « préexistait » à l’arrivée de M. Gaudin, et souligné qu’aucun des prévenus n’a bénéficié d’un enrichissement personnel.
L’enquête s’est bornée à la période 2013-2018 en raison de la prescription d’une part et des premières « mesures qui ont traduit une volonté de faire évoluer les choses » adoptées par le conseil municipal en 2018 d’autre part.
Le PNF avait initialement cité les prévenus à comparaître devant le tribunal correctionnel en audience classique. Mais les mis en cause ont ensuite obtenu une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), qui repose sur un accord entre le parquet et l’auteur d’une infraction, qui reconnaît sa culpabilité.
A l’issue de l’audience, la juge Bénédicte de Perthuis a homologué la peine.
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