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Marseille: les bureaux de l’Office anti-stupéfiants perquisitionnés par l’IGPN, pour des soupçons de corruption

avril 11, 2024 14:00, Last Updated: avril 11, 2024 14:10
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Des enquêteurs de l’Office anti-stupéfiants de la très respectée police judiciaire à Marseille sont dans le viseur de la police des polices pour des soupçons de corruption, une affaire qui tombe mal en pleine opération « Place nette XXL » contre les trafics de drogue qui gangrènent la ville.

Contacté par l’AFP, le parquet de Marseille a en tous cas indiqué qu’il ne souhaitait pas s’exprimer sur cette affaire sensible, sur laquelle il a ouvert une enquête dès janvier. La communication de la police judiciaire de Marseille s’est bornée elle à confirmer que l’antenne marseillaise de l’Ofast avait été perquisitionnée début avril par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), comme l’a révélé Le Parisien.

Une autre source policière, qui a requis l’anonymat, a pour sa part souligné que « c’est la hiérarchie qui a remonté des choses qui méritent vérification », « on ne cache rien, c’est plutôt salutaire ».

L’enquête, ouverte notamment pour soupçons de corruption, vise un groupe d’enquêteurs « à la suite de choses qui ont paru étranges » sur une affaire, a précisé cette source: « S’il y a eu dérive, il faut voir de quel ordre et ça ne peut être qu’individuel. » À ce stade, aucune garde à vue n’a eu lieu dans ce dossier.

« Une augmentation objective des faits »

De 2021 à 2022 (derniers chiffres disponibles), le nombre d’enquêtes pour corruption menées par l’IGPN a quasiment doublé, passant de 30 à 56. Cela peut s’expliquer par « une meilleure détection mais, aussi, il ne faut pas le nier, une augmentation objective des faits », avait déclaré la cheffe de l’IGPN, Agnès Thibault-Lecuivre, en janvier dans une interview au Monde.

Entendu mercredi par la commission d’enquête du Sénat sur le narco-trafic, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait expliqué avoir « demandé à l’IGPN de (lui) faire des propositions avant l’été pour lutter contre la corruption ».

La révélation de ces nouvelles investigations de l’IGPN intervient alors que le gouvernement a fait de la lutte anti-drogue une de ses priorités, avec notamment ces opérations « Place nette XXL » lancées par le président de la République en personne mi-mars dans une cité de Marseille.

La deuxième ville de France a connu en 2023 un funeste record du nombre de narchomicides, avec 49 morts, dont quatre victimes collatérales. La guerre entre les clans Yoda et DZ Mafia s’est calmée depuis fin octobre, le second ayant a priori pris le pas sur le premier. Depuis janvier, on recense deux narchomicides seulement, contre 14 morts sur la même période l’an dernier.

Début mars, devant la commission sénatoriale d’enquête dédiée à la lutte contre le trafic de drogues, des magistrats marseillais avaient parlé d’une « sorte de gangrène qui abîme le tissu social », partageant au passage leurs craintes que les trafiquants puissent corrompre certains agents publics. Deux autres enquêtes sont d’ailleurs en cours à Marseille concernant des fonctionnaires suspectés d’avoir renseigné des membres du crime organisé.

« La corruption croissante dans la fonction publique »

La police judiciaire vit par ailleurs ses premiers mois d’une réforme contestée. La grogne avait été particulièrement marquée à Marseille et la manifestation de 200 policiers, bras croisés et silencieux lors de la visite du directeur de la police nationale à Marseille, avait valu au patron de la PJ de la zone Sud de l’époque, Éric Arella, d’être démis de ses fonctions en octobre 2022.

Il y a quelques jours encore, l’ANPJ, l’Association nationale de police judiciaire, s’inquiétait de « dysfonctionnements des services d’enquête du haut du spectre », qui « favorisent la criminalité organisée ». « Les indicateurs alarmants ne manquent pas », énumérait cette association syndicale qui réunit des enquêteurs de la PJ, en soulignant notamment « la corruption croissante dans la fonction publique ».

La police marseillaise avait vacillé avec l’affaire « Bac Nord », qui avait explosé en 2012 avec la perquisition des locaux de la brigade anti-criminalité pour une affaire de « vols, extorsions en bande organisée, violences aggravées, acquisition et transport de stupéfiants ». Près de dix ans plus tard, 11 des 18 policiers jugés dans ce dossier avaient été condamnés à des peines de prison avec sursis et sept avaient été relaxés.

Au niveau national, l’Ofast est né en 2019, en replacement de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis), éclaboussé par des scandales sur ses méthodes et celles de son ancien patron François Thierry.

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