« Connards, salopards » : la colère était palpable lundi 28 février à Marseille à l’ouverture du procès de deux dentistes, père et fils, accusés de s’être enrichis sur le dos de la « Sécu » avec des opérations injustifiées et bâclées sur 322 patients, mutilés à vie pour certains.
Lionel Guedj, 41 ans, et son père Carnot Guedj, 70 ans, sont venus prendre place, peu après 10h00, sur le banc des prévenus, via une porte dérobée, au premier rang d’une salle de 400 places spécialement aménagée dans une ancienne caserne, sans dire un mot.
Deux dentistes « prédateurs » mutilant 322 victimes
Sur les bancs des parties civiles, une centaine de leurs 322 victimes étaient là, qui attendent depuis dix ans de raconter leurs souffrances et obtenir réparation.
Poursuivis, ainsi que leurs sociétés en tant que personnes morales, pour « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente » et « escroquerie », les deux hommes encourent 10 ans d’emprisonnement et quelque 2 millions d’euros d’amende. L’ordre des médecins les a déjà radiés.
Marc Ceccaldi, l’un des avocats des parties civiles, a aussitôt donné le ton auprès de l’AFP, évoquant « un système de prédation de patients » dont Lionel Guedj était « la figure de proue, avec sa séduction, sa démarche commerciale et la mise en confiance » de ses victimes.
« J’étais venu le voir pour une dent qui me faisait mal. Il m’a dit qu’il fallait dévitaliser toutes mes dents. Je lui ai fait confiance. Il avait un beau cabinet, il était gentil. J’ai dû faire retirer à l’hôpital un morceau de fer qu’il avait oublié pendant l’opération », a raconté à l’AFP Yamina Abdesselem, 60 ans, avant l’audience.
« Aujourd’hui, je n’ai plus aucune dent, et je vis avec deux appareils qui tiennent avec beaucoup de colle. Pourquoi a-t-il fait cela ? »
Implanté en 2005 dans les quartiers populaires de Marseille, le cabinet Guedj avait une clientèle pour moitié de la CMU et 99% au tiers payant. Lionel Guedj leur promettait « un sourire de star ».
Le dentiste le mieux rémunéré de France en 2010
Toujours disponible sans rendez-vous, il recevait jusqu’à 70 patients par jour, auxquels il consacrait à peine un quart d’heure en moyenne, selon une expertise de la Caisse primaire d’assurance maladie des Bouches-du-Rhône. Cinquante-sept heures par jour auraient été nécessaires pour de tels actes.
Devenu en 2010 le dentiste le mieux rémunéré de France, il roulait en Ferrari, s’octroyait entre 65.000 et 80.000 euros de revenus mensuels et avait accumulé un patrimoine de 13 millions d’euros.
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