« Nous avons bien sûr espoir de trouver des poches de survie, c’est une course contre le temps »: arrivé à 01h00 du matin lundi sur les décombres de l’immeuble effondré, rue de Tivoli, au cœur de Marseille, le marin-pompier Adrien Schaller veut rester optimiste.
« C’est ça qui nous anime », explique à l’AFP ce spécialiste en sauvetage-déblaiement au sein du bataillon des marins-pompiers de Marseille (BMPM) alors que quatre corps sans vie ont déjà été retrouvés dans les gravats. Pour le BMPM et les pompiers des Bouches-du-Rhône venus les assister, la mission était claire : retrouver les huit habitants du 17 rue de Tivoli qui ne répondent plus aux appels de leurs proches depuis dimanche 00h46.
C’est à cette heure nocturne que ce bâtiment de quatre étages s’est effondré tel un château de cartes, après une énorme explosion, sous l’œil des caméras de surveillance. Cinq appartements au total ont été détruits, des « personnes d’un certain âge et un jeune couple d’une trentaine d’années » portés disparus, a précisé la procureure de la République de Marseille, Dominique Laurens, dimanche.
Un travail « minutieux, méticuleux, très ciblé »
À son arrivée au poste de commandement lundi dans la nuit, à quelques mètres de la montagne de gravats d’où s’échappent encore des fumerolles, le lieutenant de vaisseau Schaller, 29 ans, apprend que deux corps viennent tout juste d’être extraits des décombres par ses collègues de la rotation précédente. Pour lui, la journée débute, avec « un quart de 12 heures » en perspective, jusqu’à 13h00 donc. Et le travail continue, « minutieux, méticuleux, très ciblé » : « Plus d’une centaine de marins-pompiers sont mobilisés, 24 heures sur 24 », sur ce chantier, dont une trentaine de spécialistes en sauvetage-déblaiement comme lui, détaille-t-il.
Contre l’incendie, qui couve encore sous les décombres, le travail est difficile : « C’est un foyer enfoui profondément, difficile à atteindre avec les lances. Et il ne faut pas trop arroser, pour éviter de créer une espèce de boue ». Pour évacuer les gravats, les marins-pompiers procèdent d’abord « à un déblaiement au moyen d’une pelle mécanique, avec une pince », explique Adrien Schaller : « Et quand on tombe sur des poches qui nous font plus penser à des pièces de vie, comme des chambres, avec une présence importante de vêtements, de matelas, on passe au travail à la main, ou à la pelle manuelle ».
Chaque découverte de corps est un choc
À chaque espace de vie repéré, les équipes cynotechniques entrent également en action. « Il y a eu quelques marquages de la part des chiens, mais rien de très franc », tempère le pompier : « En fait ils réagissent surtout aux effluves des personnes vivantes ».
Lundi matin, durant la « rotation » du lieutenant de vaisseau Schaller, ce sont deux morts supplémentaires qui sont extraits : « Des corps en bon état, à chaque fois, grâce justement à ce travail méticuleux ». Sur les quatre corps retrouvés, « deux étaient ensemble, deux séparés », souligne-t-il auprès de l’AFP : « On peut supposer qu’il y avait au moins un couple ». Mais impossible de dire s’il s’agirait de ce couple de trentenaires mentionné par la procureure.
Chaque découverte de corps est un choc. « Ce serait vraiment inhumain de dire que c’est banal. Nous essayons de nous raccrocher à nos processus et nos gestes techniques, pour garder notre sang froid. Mais ce n’est jamais anodin. C’est pour ça que nous sommes suivis par un service de psychologie, sur le terrain ». Ainsi, à la découverte de chaque corps, dans la nuit et dans la matinée, « chaque unité a eu un debriefing à chaud, immédiatement, avec un médecin. Puis il y aura un debriefing à froid, par le service local de psychologie appliqué », détaille Adrien Schaller.
Quatre corps retrouvés, sans vie. Encore quatre espoirs de trouver des survivants donc : « On va tout faire pour ! », assure-t-il.
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