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May venait chercher de l’aide, elle repart bredouille de Bruxelles

décembre 14, 2018 21:45, Last Updated: décembre 14, 2018 21:56
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Le script était clair: après avoir survécu à un vote de défiance à Londres, Theresa May devait repartir de Bruxelles revigorée, avec de nouvelles munitions pour convaincre son Parlement d’approuver l’accord de Brexit. Mais le scénario a déraillé.

Les Européens s’étaient tous dits prêts à « aider » la dirigeante britannique, soumise aux assauts incessants de ses détracteurs au Royaume-Uni. En coulisses, ils en faisaient même l’objectif du sommet réuni jeudi et vendredi. Mais à l’issue de la rencontre, l’une des images qui restera de ce conseil européen est celle d’un échange tendu filmé vendredi entre elle et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, ravivant le souvenir douloureux d’un sommet raté à Salzbourg en septembre.

« J’ai eu une discussion musclée« , a confirmé vendredi la Première ministre devant la presse. « C’est le genre de discussion que vous pouvez avoir quand vous avez développé une relation de travail« , a-t-elle tenté de minimiser. La veille, M. Juncker s’était montré ouvertement agacé par les nouvelles « assurances » demandées par la dirigeante conservatrice sur la mise en oeuvre de leur accord de divorce. Il avait même regretté devant la presse un débat devenu « nébuleux » autour du Brexit, un mot qui n’a pas plu à Mme May.

« Ce n’est pas d’elle que je parlais« , a-t-il assuré le lendemain, interrogé sur leur échange houleux. L’ambiance était « très mauvaise » lors de la discussion à huis clos jeudi entre Mme May et ses homologues des 27, a confié à l’AFP une source diplomatique.

« Theresa May a été incapable de formuler ce qu’elle voulait » et elle a été régulièrement interrompue par la chancelière allemande Angela Merkel qui lui demandait ce qu’elle attendait exactement, a expliqué cette source. Une autre source a décrit la dirigeante britannique « comme à côté de la plaque« .

Elle « a parlé de l’esprit de Noël pour rallier les soutiens » au Parlement britannique, « mais sans pouvoir dire comment, ni les quantifier« . En face, les dirigeants des 27 étaient « incrédules, médusés« , selon un participant à la réunion. Résultat: « elle a tellement exaspéré ses collègues qu’elle est sortie avec moins que ce qu’elle aurait pu avoir« , a dit une troisième source européenne.

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a lui contesté cette version. « Elle a été très claire, très ouverte sur ce qu’elle voulait de nous et nous l’avons mis noir sur blanc« , a-t-il dit.

Dans les « conclusions » écrites du sommet, les 27 se sont contentés de reformuler ce qui figurait dans le traité de divorce sur le « backstop« , la solution imaginée pour empêcher le retour d’une frontière physique entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord.

Mais ils ont renoncé à ajouter un passage un temps envisagé, où ils auraient évoqué la possibilité « de nouvelles assurances » pouvant être offertes ultérieurement.  « A quoi bon faire des promesses de ce type si on n’est pas sûrs que cela suffira à convaincre le Parlement britannique« , a commenté une source diplomatique.

Un dernier coup de froid est intervenu à la fin du sommet, après que Mme May a annoncé de nouvelles discussions prévues « dans les prochains jours » avec l’UE. « Pour parler de quoi? Tout a été dit« , a commenté un haut responsable européen sous couvert d’anonymat.

« Je n’ai pas de mandat pour organiser de nouvelles négociations« , a dit de son côté le président du Conseil européen Donald Tusk. Mais « nous restons ici à Bruxelles et je suis toujours à la disposition de Mme May« , a-t-il poursuivi. « C’est bon de savoir que Donald restera à Bruxelles pour Noël« , a plaisanté à son côté M. Juncker.

« Il faut faire descendre la température, calmer le jeu » avec le Royaume-Uni, a-t-il toutefois conclu, plus sérieux, disant tout « son respect » pour Mme May.

HS avec AFP

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