Empêcher la reconstruction des bidonvilles, rétablir l’électricité « dans chaque foyer » d’ici fin janvier : François Bayrou a annoncé lundi une batterie de mesures lors de sa visite à Mayotte, deux semaines après le passage du dévastateur cyclone Chido.
Après une visite d’une journée à la tête d’une importante délégation ministérielle, le Premier ministre a présenté devant le Conseil départemental de l’archipel son plan « Mayotte debout » qui « a une seule ligne directrice : pas de phrases, des décisions concrètes et précises, des engagements concrets et précis ».
Pris dans une polémique sur sa présence au Conseil municipal de Pau deux jours après le cyclone et trois jours après sa nomination à Matignon, confronté à l’impatience et à la colère d’habitants et de représentants de l’île sur la lenteur des secours, M. Bayrou a égrené plusieurs dizaines de mesures sur de nombreux thèmes, dont l’éducation, la santé, l’approvisionnement en eau et en électricité, ou encore le soutien à l’économie locale.
« L’État interviendra pour soutenir le rapatriement d’urgence des habitants de Mayotte retenus hors de France. »
👉 Retour sur la prise de parole du Premier ministre François @bayrou à l’occasion de l’annonce du plan #MayotteDebout. pic.twitter.com/6Y42ZaJt4v
— Gouvernement (@gouvernementFR) December 30, 2024
Une « loi d’urgence »
En parallèle, une « loi d’urgence » sera présentée vendredi en Conseil des ministres, avec « une présentation au Parlement sous quinze jours », a annoncé M. Bayrou. Un projet de « loi programme de refondation » de l’archipel « préparé et conçu avec les élus de Mayotte, sera mis au point dans les trois mois, a-t-il précisé.
Parmi les dispositions-phares détaillées lundi par le chef du gouvernement, l’engagement de l’État et des pouvoirs publics locaux à « interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles », reprenant un mantra d’Emmanuel Macron, venu les 19 et 20 décembre sur place.
Une volonté qui pourrait être « inscrite dans la loi », alors qu’environ un tiers de la population de ce département le plus pauvre de France réside dans des habitats précaires, entièrement détruits.
Face à l’urgence d’un archipel ravagé et encore en partie privé de services essentiels, M. Bayrou a également demandé que l’électricité soit « rétablie dans chaque foyer fin janvier », grâce notamment à « un renfort de 200 agents » et l’arrivée de « 200 groupes électrogènes, une dizaine par commune » pour faire fonctionner « les équipements indispensables ».
« Avant la fin de la semaine, le volume de production d’eau potable obtenu avant Chido sera atteint », a promis le chef du gouvernement en évoquant une « intervention » imminente de « l’armée » aider au rétablissement du réseau.
Un « plan vigilance » pour protéger les écoles
Le Premier ministre a aussi annoncé le lancement d’un « plan vigilance » à Mayotte associant armée et gendarmerie pour « surveiller » les établissements scolaires face aux menaces d’incendie et de pillage. Le maire de Mamoudzou venait, en séance, de dénoncer que l’on ait lundi « brûlé une école de la République » transformée depuis quinze jours en centre d’hébergement.
Face à l’immigration irrégulière – le département compte 320.000 habitants selon l’Insee, mais peut-être 100.000 à 200.000 de plus avec les sans-papiers – M. Bayrou a plaidé pour un « recensement général et précis de la population ».
Une « opération vérité qui permettra de sortir des ambiguïtés et des incohérences que beaucoup d’élus ont signalé sur l’appréciation numérique de la population », a-t-il fait valoir, alors qu’il avait plus tôt dans la journée jugé « irresponsable » de prétendre « qu’il n’y a pas un problème d’immigration brûlant à Mayotte ».
Sur le volet économique, M. Bayrou a indiqué que les cotisations sociales seraient suspendues « pour toutes les entreprises jusqu’au 31 mars ». Des compensations de pertes de chiffres d’affaires, ou encore des facilités de prêts sont également prévues. « Il ne s’agit pas seulement de reconstruire Mayotte comme elle était. Il s’agit de dessiner l’avenir de Mayotte, différent », avait expliqué dans la journée M. Bayrou, qui a répété son « objectif » de rebâtir Mayotte en deux ans, désireux de « faire mentir la fatalité ».
Une « très grande prudence » pour évaluer les victimes
Accompagné de cinq ministres, dont les ministres d’État Élisabeth Borne (Éducation) et Manuel Valls (Outremer), François Bayrou a notamment visité l’usine de dessalement d’eau de Petite Terre, un hôpital de campagne, une école dont plusieurs salles de classes ont été dévastées, avant de multiplier les rencontres avec les forces vives et les élus de l’île.
Chido, cyclone le plus dévastateur à Mayotte depuis 90 ans, a causé le 14 décembre la mort de 39 personnes et fait plus de 5600 blessés, selon un bilan publié dimanche par la préfecture. Concernant le bilan des victimes, M. Bayrou a appelé lundi à une « très grande prudence », affirmant que les « rumeurs de milliers de morts » n’étaient « pas fondées » et que les décès se comptaient plutôt en « quelques dizaines ou quelques centaines ». À l’issue de sa visite à Mayotte, M. Bayrou se rendra sur l’île de La Réunion, importante base logistique pour l’aide à l’archipel mahorais, où il poursuivra sa visite mardi matin avant de regagner la métropole.
« Dans le sud, dans le nord, on est les oubliés de ce territoire. Ils (les plus hauts responsables politiques) restent toujours à Mamoudzou », déplore une habitante, Marachi Maoulida, « déçue » de cette visite primo-ministérielle d’une journée mais qui veut rester « optimiste ».
Présent dans sa délégation, son ministre d’État en charge des Outremer, Manuel Valls, restera deux jours supplémentaires à Mayotte.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.