Au moins deux morts et des dégâts « énormes » : le cyclone tropical Chido et ses vents extrêmement violents ont semé la désolation samedi à Mayotte, le département le plus pauvre de France, dans l’océan Indien.
À Kawéni, un quartier situé sur la commune de la « capitale » mahoraise Mamoudzou, « tout a été emporté, tout a été rasé », s’est désolée auprès de l’AFP Mounira, une habitante du plus grand bidonville français, dont la maison a été détruite.
Deux personnes sont décédées dans le secteur de Petite-Terre, la petite île de l’archipel où se situe l’aéroport de Pamandzi, à l’est de Mamoudzou, a appris l’AFP de source sécuritaire.
Fermé jusqu’à nouvel ordre, l’aéroport, où des rafales ont atteint 226 km/h selon Météo-France, a « subi de gros dégâts, notamment la tour de contrôle », a indiqué sur X le ministre démissionnaire des Transports François Durovray. « Le trafic sera dans un premier temps rétabli avec des avions militaires de secours. Des navires sont engagés pour assurer le ravitaillement », a-t-il ajouté.
Mayotte est durement touchée par le cyclone #Chido d’une gravité exceptionnelle. Merci à toutes les équipes à pied d’œuvre sous l’autorité du @Prefet976.
Les infrastructures sont très impactées. Un état des routes va débuter. L’aéroport a subi de gros dégâts, notamment la tour… pic.twitter.com/vx28coEFOv
— François Durovray (@durovray) December 14, 2024
Un « cyclone le plus violent et destructeur depuis 1934 »
Le Secours populaire a de son côté lancé un appel aux dons. Le ministre démissionnaire des Armées, Sébastien Lecornu, a souligné sur X que dès samedi soir un avion A400M partirait de métropole avec du fret humanitaire et des moyens de sécurité civile. Il sera accompagné d’une frégate et d’un hélicoptère. « Beaucoup d’entre nous avons tout perdu », a déploré le préfet du 101e département français, François-Xavier Bieuville, faisant état du « cyclone le plus violent et destructeur que nous ayons connu depuis 1934 ».
Le cyclone Chido frappe actuellement Mayotte, placée en alerte cyclonique violette.
Les conditions de vents dévastateurs dépassent l’intensité de Kamisy en 1984 et sont comparables aux cyclones de l’île de 1934. Ce matin, plus de 15 000 foyers sont coupés d’électricité.
Merci…
— Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺 (@AgnesRunacher) December 14, 2024
Plus de 15.000 foyers sont privés d’électricité, a tweeté la ministre de la Transition écologique démissionnaire, Agnès Pannier-Runacher. La situation fait craindre également de sévères difficultés d’approvisionnement en eau dans un archipel déjà soumis à des coupures d’eau. Le nouveau Premier ministre François Bayrou doit participer à une réunion interministérielle de crise à Paris dans la soirée, a annoncé Matignon.
Le niveau d’alerte a été abaissé de violet à rouge pour laisser sortir les secours, mais le préfet a appelé les quelque 320.000 habitants de Mayotte à rester « confinés » et « solidaires » dans « cette épreuve ». Les communications avec le territoire restent très difficiles.
Ibrahim Mcolo, un habitant de Chiconi dans l’ouest de Grande-Terre, était allé se réfugier dans la maison en béton de sa famille à Kangani, dans le nord de la Grande-Terre. « Je vois toutes les tôles des voisins s’envoler, des câbles arrachés, le bananier du voisin à terre. Même dans notre maison qui est bien protégée, l’eau rentre. Je la sens trembler », a-t-il décrit à l’AFP dans la matinée.
Je suis de près la situation à Mayotte.
Mahorais, tout le pays est à vos côtés.
Merci aux services de l’État, aux forces de secours et de sécurité mobilisés. Des renforts sont là, d’autres arriveront demain.
L’heure est à l’urgence. Nous serons là aujourd’hui comme demain.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 14, 2024
« L’heure est à l’urgence »
« L’heure est à l’urgence », a déclaré sur X le président Emmanuel Macron, assurant que « tout le pays » était aux côtés des Mahorais. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau a annoncé un nouvel envoi dimanche de 140 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers, portant à 250 les personnels dépêchés sur place.
Les services techniques s’activaient dans l’après-midi pour déblayer les routes et laisser passer les secours, selon le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila.
Quelque 1600 policiers et gendarmes sont déployés pour porter secours à la population et « prévenir d’éventuels pillages », a-t-on appris dans l’entourage de Bruno Retailleau.
Vers 14h30 heure locale (12h30 à Paris), la cellule de crise mise en place à la préfecture avait reçu des appels de personnes « seulement blessées », mais « les secours n’ont pas encore pu accéder aux hauteurs de la ville », où se trouvent les habitants les plus vulnérables, a souligné le maire de Mamoudzou.
70 centres d’hébergement d’urgence
Environ 100.000 personnes logeant dans des « habitations non solides », notamment dans des cases en tôle, avaient été identifiées dans l’archipel par les autorités pour être mises à l’abri dans plus de 70 centres d’hébergement d’urgence.
L’œil du cyclone tropical intense est passé sur le nord et le nord-ouest de Grande-Terre en fin de matinée. Il s’est ensuite éloigné vers l’ouest et les conditions météorologiques se sont « améliorées rapidement » en fin d’après-midi sur l’archipel, selon les services météorologiques. Chido va rester néanmoins un cyclone « extrêmement dangereux au cours des 18 à 24 prochaines heures », et menace désormais les côtes du Mozambique sur le continent africain.
L’archipel avait été placé en alerte cyclonique violette à 5h00 locales (3h00 à Paris), impliquant « un confinement strict de l’ensemble de la population », selon la préfecture.
Deux des îles des Comores, Anjouan – la plus proche de Mayotte – et Mohéli, ont elles aussi été touchées, mais beaucoup moins durement. Des mosquées ont été inondées, des kwasa (embarcations) emportées par les vagues et des habitations endommagées, a rapporté le commandant Abderemane Mahmoud, de la Sécurité civile comorienne.
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